mardi 7 mai 2024

"Le Journal, 1942-1944", Hélène Berr, 1

 Récemment, j'ai écouté une émission sur France Culture, "Répliques", animée par Alain Finkielkraut. Il évoquait avec émotion la jeune Hélène Berr, née à Paris en 1921 d'une famille juive d'origine alsacienne et morte en 1945 au camp de concentration de Bergen-Belsen. Elle a tenu un journal intime relatant sa vie de 1942 à 1944. Son livre a été publié en 2008 avec une préface de Patrick Modiano. Je suis passée à côté de cet ouvrage à l'époque et vraiment, je suis heureuse de l'avoir découvert grâce à France Culture. Son père, Raymond Berr, est un polytechnicien et dirige l'entreprise Kuhlmann. Sa mère, Antoinette, s'occupe de son foyer. Hélène à Paris mène une vie "euphorique" d'étudiante à la Sorbonne où elle prépare l'agrégation d'anglais. Elle occupe un poste de bibliothécaire bénévole dans cette université prestigieuse. Le journal commence avec Paul Valéry quand la jeune fille va chercher, chez la concierge de l'immeuble où vit le poète, un exemplaire dédicacé avec cette phrase magnifique : "Au réveil, si douce la lumière, et si beau ce bleu vivant". Ce vers la comble de joie tellement Hélène aime la vie. Dès les premières pages, elle parle de ses parents, de sa famille, de ses amis et de Gérard, son amoureux mais elle doute de son amour pour lui. De temps en temps, elle part à la campagne pour se ressourcer à Aubergenville. Hélène adore la littérature anglaise et surtout la musique. Elle joue du violon et pratique la musique de chambre avec ses amis. Un jour, elle rencontre un étudiant, Jean Morawiecki, qu'elle commence à apprécier beaucoup. Tout n'est que jubilation chez elle :  jeunesse, amour et amitié mêlés, étude et musique, famille aimante, culture et Paris. Mais, cette belle vie parisienne s'interrompt quand sa mère lui dit de porter une étoile jaune (29 mai 1942). Elle va la porter par solidarité et avec courage. Elle écrit : "Ce sont les deux aspects de la vie actuelle : la fraîcheur, la beauté, la jeunesse de la vie, incarnée par cette matinée limpide ; la barbarie et le mal, représentés par cette étoile jaune". La jeune fille raconte les réactions des Parisiens quand elle arbore son étoile jaune. Certains lui sourient, d'autres se moquent d'elle. Un controleur du métro l'engage à rejoindre la dernière voiture, réservée aux Juifs. Ce journal précieux relate ces événements quotidiens dans un pays en guerre où l'antisémitisme régnait dans toutes les sphères de la société. Une monstruosité inhumaine, cette période historique. (La suite, demain)