jeudi 9 mai 2024

"Un été à quatre mains", Gaëlle Josse

 Je poursuis l'évocation des romans de Gaêlle Josse que je lis pour l'Atelier Littérature du jeudi 16 mai. J'ai donc découvert "Un été à quatres mains", publié en 2017 chez HD ateliers Henry Dougier. L'écrivaine raconte un épisode de la vie du grand musicien, Franz Schubert, qu'elle aime tout particulièrement : "Schubert parle au coeur, en accompagnant les plus ténus, les plus impalpables de nos états émotionnels intérieurs, sa musique nous atteint avec une désarmante simplicité, comme la main d'un ami posée sur notre épaule". En 1824, après plusieurs années où le génial Schubert s'embourbe dans la maladie et les échecs, il est invité chez le comte Esterhazy comme maître de musique pour ses deux filles, Marie et Caroline. Il a 27 ans et il passe quelques mois dans ce milieu aristocratique loin du tumulte de Vienne, en Hongrie. Il veut profiter de la sérénité campagnarde pour composer un opéra et une symphonie. Timide et complexé par son physique, il se révèle aux yeux de ses hôtes quand il se met au piano. Il tombe amoureux de la cadette, une jeune fille gracieuse, sensible et timide comme lui. Franz Schubert voit en elle une âme soeur mais dans cette classe sociale, le musicien ne peut pas envisager une relation affective avec elle. Gaëlle Josse propose une broderie de mots, délicate et aérienne, sur un mystère dans la biographie du musicien. Au coeur de l'été, il composera une série de pièces pour piano à quatre mains. Un hommage amoureux, certainement, semble suggérer l'auteure. Leurs mains se sont effleurées lors des leçons que le musicien donnait à Caroline. Un amour silencieux, un amour impossible. La prose de Gaëlle Josse se rapproche de la tonalité schubertienne toute en délicatesse, intimiste et profonde. Evidemment, la lecture de ce livre doit être accompagnée par une sonate de Schubert, n'importe laquelle tant elles vibrent de beauté. Un évocation originale de Schubert, je ne pouvais pas manquer ce rendez-vous car comme Gaëlle Josse, j'éprouve une admiration infinie pour ce musicien mélancolique, mort à 31 ans !