lundi 22 juillet 2024

"Anselm Kiefer", biographie de José Alvarez, 1

 Je viens de terminer la biographie de José Alvarez, "Anselm Kiefer", paru aux Editions du Regard. Je connais cet artiste allemand depuis quelques années et je me souviens encore du choc que j'ai eu quand je suis tombée sur une de ses oeuvres à Berlin. C'était un livre géant, composé de feuilles en plomb et cette image fabuleuse devant mes yeux m'avait subjuguée. Depuis ce premier contact, j'ai suivi sa carrière artistique et j'ai vu quelques unes de ses expositions dont celle de Venise où il avait investi trois salles immenses dans le Palais des Doges. A Paris, j'ai assisté à la mise en scène autour de la panthéonisation de Maurice Genevoix. Ses toiles immenses et ses vitrines évoquaient la guerre de 14-18 avec son bric à brac habituel : des vieux vélos, des outils, du blé, des fleurs géantes, et d'autres objets invraisemblables. Au Louvre, dès que je vais revoir mon musée préféré, je file vers l'escalier nord de la Cour carrée pour admirer ses trois peintures exposées. A Bilbao, une salle de la collection permanente lui est dédiée et j'admire toujours la toile "Les célèbres ordres de la nuit" de 1997 de cinq mètres de haut ! Cet artiste me fascine particulièrement comme m'attire aussi l'univers littéraire de Pascal Quignard. Pour bien connaître ce plasticien, pour appréhender ses messages crytés, je me suis heurtée à une certaine incompréhension mais j'aime bien me documenter sur leurs créations respectives. La biographie de José Alvarez m'a apporté un éclairage précieux. Né en Allemagne en 1945, il grandit dans un pays en ruines après la guerre tellement il a été bombardé. Cette situation va influencer sa créativité exceptionnelle. Dans ces premiers travaux, il utilise la mythologie et la culture de son pays, un héritage parfois encombrant. Comment peut-on être un artiste après l'Holocauste ? Dans les années 80, il s'installe dans le Gard, à Barjac au milieu d'une ancienne usine pour déployer son art gigantesque. Il lui faut de l'espace pour ses créations, des hectares de terre pour conserver ses productions. Il s'inspire toujours de la Kabbale, de l'alchimie et de l'Antiquité. En 1995, il se peint dans un autoportrait, un homme allongé sur un sol craquelé sous un ciel étoilé. Fasciné par le cosmos et par la spiritualité, il explique lui-même : "Le ciel est une idée, une partie d'une connaissance ancienne". José Alvarez résume à merveille la démarche artistique d'Anselm Kiefer : "Les livres et les tableaux d'Anselm Kiefer avertissent qu'ils sont (...) des représentations dramatiques lovées au coeur de l'inconscient, traversées par les motifs de la déréliction et de la ruine, de la chute et de la catastrophe ultime. Son travail est habité par une mélancolie, une nostalgie indissociables,à ses yeux de culture allemande". Il est hanté par l'Histoire, ses tragédies et cette conscience "malheureuse" conditionne sa vision d'artiste.