mercredi 21 août 2024

La mémoire littéraire, le site Madelen de l'INA

 J'éprouve parfois la nostalgie de quelques émissions littéraires et comme je sens les années s'accumuler, j'ai envie de remonter le temps. Ce slogan figure bien dans la présentation du site de l'INA, Institut National de l'Audiovisuel, qui propose son site en streaming, "Madelen". Pour une somme très modique (3 euros), on peut s'abonner pour se replonger dans le passé audiovisuel français. Quand Bernard Pivot est mort cette année, j'avais envie de revisionner quelques émissions que je ne ratais jamais. J'ai donc commencé par rechercher des documentaires sur mes écrivains préférés et je suis tombée sur des pépites télévisuelles : Marguerite Duras, Milan Kundera, Marguerite Yourcenar et Marcel Proust. L'émission de Marguerite Duras se déroule en 1971 et elle interroge quelques professionnels du livre sur la production littéraire. J'ai surtout retenu son entretien avec Raymond Queneau et quand elle lui demande comment devient-on écrivain ? Il lui répond que la vocation démarre très tôt à l'âge de sept ans ! Je retrouvais l'univers durassien, dans cette obsession du mystère de l'écriture et  de la littérature. Un deuxième documentaire s'intitulait "Les livres de chevet" et un journaliste littéraire interrogeait Marguerite Yourcenar. On connaît son immense culture sans fréquenter l'école et l'université. A dix ans, elle écumait les classiques dans la bibliothèque de son père sans aucune censure et elle s'est vite passionnée pour la littérature des grecs et des latins, sans oublier les auteurs russes. J'ai écouté cette grande dame des lettres avec un plaisir certain. Je ne sais pas si aujourd'hui, la culture classique serait aussi soutenue par nos écrivains contemporains. Cétait une autre époque. J'ai aussi découvert le visage et la voix d'un homme de lettres peu connu du public, Jean Grenier, un ami d'Albert Camus, philosophe et écrivain, totalement oublié de nos jours. Comme le journaliste lui demandait son livre de chevet, il a mentionné Omar Khayyam, un poète persan du XIe siècle, J'ai regardé dans ma bibliothèque si j'avais un livre de Jean Grenier et j'ai retrouvé "La vie quotidienne", publié chez Gallimard. Cet essai se reposait en haut d'une étagère sans que je m'en souvienne. Encore une coincidence heureuse. J'ai vu ensuite Marcel Proust, version années 70 et, évidemment, le commentateur de sa vie ne s'est jamais permis d'aborder son homosexualité, la grande "affaire" de sa vie. Les illustrations très nombreuses étaient malgré tout très instructives Si la nostagie me saisit parfois en raison de mon âge, il suffit que je visionne des archives audivisuelles de Madelen et le tour est joué. Je me retrouve à tous les âges de ma vie !