Cet été, en farfouillant dans ma bibliothèque, j'ai trouvé un exemplaire des "Cahiers de la NRF" paru chez Gallimard en 2003 à l'occasion du Centenaire de la naissance de Marguerite Yourcenar. Je ne l'avais jamais lu et je ne me souviens même plus comment ce Cahier est arrivé chez moi. Un achat très instructif malgré mon oubli. Quand j'aime tout particulièrement un écrivain, je lis tout de lui ou d'elle et aussi sur lui ou elle : biographies, essais, souvenirs, mémoires. Tout m'intéresse et ma boulimie de connaissance ne s'épuisera jamais. Concernant Marguerite Yourcenar, je pensais bien la connaître surtout après avoir relu ses mémoires magnifiques, "Le labyrinthe du monde" en trois volumes. Cet été, j'ai redécouvert "Quoi l'éternité", le dernier tome inachevé. Dans ce recueil de vingt textes, des auteurs évoquent leur passion, leur reconnaissance et leur admiration pour leur collègue, Marguerite. La responsable de ce recueil, Anne-Yvonne Julien, présente sa démarche : "Il ne me semble donc pas inopportun d'avoir convié ici personnalités des arts et des lettres, romanciers, poètes, critiques, auteurs-réalisateurs de films, à dire sur quels sentiers de traverse ou à proximité de quels carrefours de vie et d'écriture, ils ont croisé celle qui se voulut, sans contradiction, être de solitude et être d'ouverture". Jean d'Ormesson l'a sollicitée pour entrer à l'Académie française en 1980, la première femme au sein de cette honorable assemblée masculine. Il la décrit comme "une femme forte, énergique, puissante, très éloignée de toute affèterie, de toute facilité, de toute espèce de jeu littéraire. Elle était entrée en littérature comme on entre en religion". Le même Jean d'Ormesson lui avait déclaré dans la cérémonie : "Vous êtes plongée dans les mers de l'histoire et du temps". Même dans sa vieillesse, l'écrivaine avouait : "Plus je vieillis moi-même, plus je constate que l'enfance et la vieillesse non seulement se rejoignent, mais encore sont les deux états les plus profonds qu'il nous soit donné de vivre". Josyane Savigneau, sa biographe, évoque ses rencontres fructueuses dans la maison des Monts-Déserts dans le Maine pour offrir aux lecteurs et aux lectrices un éclairage nouveau sur la vie de Marguerite Yourcenar. Jacqueline de Romilly, immense helleniste, adoube la culture gréco-latine de l'écrivaine, fascinée par l'empereur Hadrien et par la mythologie. La grande universitaire s'écrie : "Elle a su dire, et cela mieux que personne au monde, pour quelle raison nous autres qui vivons au contact des textes grecs, nous ne cessons de nous émerveiller". (La suite, demain)
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