mercredi 7 août 2024

"Milan Kundera", Biographie de Florence Noiville

 Il m'arrive d'acheter des livres et de ne pas me jeter dessus dès que je rentre chez moi. Je les conserve comme des trésors "d'heures heureuses" de lecture et quand l'envie me prend, j'en sors un pour enfin le découvrir. Cette habitude concerne une biographie de Milan Kundera que j'ai lue quelques mois après son acquisition. Florence Noiville, journaliste au "Monde des Livres", connaissait bien le couple Kundera, Véra et Milan. L'écrivain est mort le 11 juillet 2023 à 94 ans. Il était atteint d'une forme d'Alzheimer et ne se souvenait plus de son passé d'écrivain d'où le titre de la biographie, "Milan Kundera, écrire quelle drôle d'idée !". Depuis les années 90, il fuyait les médias et avait fait un voeu de silence. Il n'aurait peut-être pas apprécié cette biographie tant il préférait la fiction au réel et la vie des écrivains ne l'intéressait pas. Pourtant, pour les lecteurs et lectrices qui apprécient l'oeuvre kundérienne,  cette biographie très respectueuse de la vie privée du couple, apporte un éclairage émouvant sur cet immense écrivain du XXe siècle. Extraits de conversation, photos, dates importantes, analyse des thèmes kundériens, éléments biographiques déterminants, citations, cette biographie remarquable se lit comme un roman et se rapproche davantage d'un essai littéraire sans s'encombrer d'une chronologie dominante. La journaliste, admiratrice de Milan Kundera, évoque des souvenirs partagés à partir des visites amicales dans leur appartement parisien, des rencontres au café, un voyage en Tchéquie sur les traces de l'écrivain. Milan Kundera, maître de l'ironie, ennemi du lyrisme, homme des Lumières, pessimiste joyeux, a traversé le totalitarisme communiste qu'il a fui avec Véra en 1975. Il a reçu le prix Médicis étranger en 1973 pour "La vie est ailleurs". Installé en France à Rennes comme professeur de littérature à l'université, il obtient la nationalité française en 1981. Son roman majeur, "L'insoutenable légéreté de l'être", est publié en 1984, son chef d'oeuvre. Dans ce texte majeur, à relire sans cesse, il développe sa définition personnelle du kitsch : "Le kitsch est la négation absolue de la merde. La merde, c'est à dire la face sombre de l'existence, ses revers et ses contrastes". A partir de 1995, il écrit ses livres en français : "La Lenteur", "L'Identité", "'L'Ignorance" et "La Fête de l'insignifiance". Il a réfléchi sur la dimension du roman européen dans "L'art du roman" et "Les Testaments trahis". Publié dans la Pléaide, cet écrivain génial n'a pas reçu le Prix Nobel de Littérature, une erreur incompréhensible. Cette biographie propose une promenade intellectuelle de premier ordre à lire pour mieux connaître Milan Kundera. Et quand j'ai terminé la lecture de cette biographie littéraire, j'avais envie de me plonger dans son univers romanesque, unique dans le panorama de la littérature européenne. 

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