mardi 11 septembre 2012

"Emily"

Stewart O'Nan avait écrit un très beau roman en 2005, "Nos plus beaux souvenirs" aux Editions de l'Olivier. Il récidive avec "Emily", un personnage-clé de cette oeuvre. Emily est devenue veuve, et elle a quatre-vingt ans. Elle vit seule dans sa maison avec son chien et partage ses loisirs avec sa belle-soeur Arlène, veuve elle-aussi. Ce roman s'apparente plus à une chronique intimiste de l'art de vieillir en toute dignité. Emily tient bon : elle veut préserver son mode de vie familial même si ses enfants se sont fortement éloignés d'elle sur le plan géographique. Cet éloignement physique l'empêche de se mêler de leurs vies mais elle garde le sentiment du devoir accompli quand les deux familles respectives la rejoignent à tour de rôle au moment des Fêtes rituelles en Amérique. Malgré une mésentente générale avec son fils et sa fille, elle veut respecter la façade de la famille unie car son monde s'écroulerait sans ces retrouvailles obligatoires. Emily, au mauvais caractère bien trempé,  prend conscience de cet état de fait et assumera sa solitude avec fierté à partir du moment où elle a compris qu'il lui restait encore quelques années à vivre en bonne santé. Elle s'achète une voiture neuve, fait des promenades avec sa belle-soeur, soigne son chien, fait son jardin. Elle comprend enfin qu'elle est libre, libre d'agir à sa guise sans le poids de la famille et des contraintes sociales. Ce roman s'annonçait plutôt dur à lire car un personnage âgé de quatre-vingt ans n'attire pas l'adhésion à prime abord. Mais Cette Emily a un sacré dynamisme vital et elle apprivoisera sa solitude avec courage et lucidité. Un très beau portrait de femme. Comment un homme a-t-il construit ce roman sur la vieillesse ? Réponse, en utilisant la magie secrète de l'art littéraire...

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