lundi 6 juin 2016

"Le silence"

Jean-Claude Pirotte nous a quittés en 2014. J'ai déjà parlé de ce poète-écrivain belge dans ce blog car je lisais, de temps en temps, au fil des parutions les ouvrages de cet homme discret. Les éditions Stock propose un livre posthume, une sorte de testament littéraire de Jean-Claude Pirotte. Philippe Claudel a écrit une belle préface et décrit son ami ainsi : "Avec en main ce fraternel bréviaire, malicieux jusque dans ces méandres, le lecteur pourra se dire qu'il n'est pas tout à fait seul et se convaincre qu'en ces moments de grâce la vie, parfois, nous fait croiser des dieux grimés en vagabonds." Le poète-écrivain nous confie avec bonheur ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, son goût pour le vin, pour les paysages de Bourgogne et du Jura, des escapades en vélo, des amours rêvés, et puis au détour d'un paragraphe, dans les plis des phrases, apparaît une pensée de philosophe : "Le sentiment de naître nous étreint à certaines heures comme si nos souvenirs étaient neufs, comme si notre mémoire attendait que nous la remplissions d'une vie sans entrave, d'amours de légende, et de l'arôme des vins futurs". Il rend hommage à un frère en écriture, le moraliste Joseph Joubert (1754-1824) qui n'a jamais été publié de son vivant. Il évoque ses lectures en citant André Dhôtel (trop oublié...), Max Jacob. Il s'interroge sur le silence, le secret de la poésie, la création littéraire en ébauchant quelques réponses modestes. Ce dernier ouvrage qu'il écrit alors qu'il se sait en fin de vie recueille ses souvenirs les plus lumineux et les plus intimes. Ses lecteurs fidèles retrouvent toutes les traces de son œuvre antérieure. J'aime cette voix de poète d'une clarté immédiate et amicale... Jean-Claude Pirotte aurait mérité une plus grande reconnaissance du milieu littéraire mais son grand handicap demeurait dans son amour de la "province" et de la campagne... Les critiques et les médias ne connaissent souvent que le sol "parisien"...   

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