samedi 1 décembre 2018

L'ardoise magique

J'ai offert récemment à mon petit-fils une valisette de puzzles avec une ardoise magique. Il adore griffonner sur cet espace blanc en dessinant son nom et d'un coup de main, il efface avec un embout les gribouillis multicolores. Il est enchanté de ce miracle permanent… Les enfants nous offrent souvent un sentiment d'éternité car ce jeu traditionnel continue à survivre dans notre culture. En me souvenant de mes séances de jeu avec cette ardoise magique, jouet d'une tradition imperturbable, j'ai pensé à la situation politique que l'on vit actuellement en France. Je regarde beaucoup les informations concernant les Gilets Jaunes et dès que certains ont commencé à prendre la parole dans des émissions de télévision, un événement incroyable a eu lieu sur ces plateaux parisiens : de vraies personnes simples, sincères et modestes prenaient la parole. Se passait devant mes yeux un choc social et culturel à Paris dans ces médias édulcorés, où tous les journalistes polis, enjoués, habillés à la mode compose une planète surprotégée de privilégiés à Paris. Bien au contraire, les Français de la campagne, de la périphérie, la marge modeste et travailleuse de la population crient leur malaise de ne plus boucler la fin du mois. On assiste ainsi à une explosion de rage, de colère, de dépit et de découragement. Ils affrontent jour après jour une insécurité économique et culturelle. Et en face, faillite des partis, des syndicats, de l'organisation de l'ancien monde. Mais, le numérique a bousculé ces relations instituées par le système politique. Les élites politiques et économiques se sont détournées de ces gens de "peu" qui se sentent méprisés par les paroles plus que maladroites de notre Président. Ils ne parlent pas anglais, ne connaissent pas l'ouverture au monde, les grands écoles, le baratin des managers, etc. Le type de société qu'on leur propose ne correspond plus à leurs compétences. Notre Président s'enkyste dans sa détermination pour la cause écologique et surtout pour remplir les caisses de l'Etat. Aucun geste de sa part et tout peut partir en vrille. Je reviens à mon ardoise magique : il faut tout effacer et repartir dans un dialogue entre la France d'en haut et celle du bas, entre les élites méprisantes et une partie du peuple invisible et souffrante. La raison semble déserter les deux camps. Quand notre pimpant président prend la parole, sa matrice technocratique devient inaudible et pathétique. Entre celui qui prêche son programme et ceux qui attendent un geste pour stopper les augmentations, un gouffre abyssal s'installe et se creuse de jour en jour. Un sociologue, Jean-Christophe Guilluy,  avait alerté les politiques de ce phénomène, la France des marges, de la périphérie depuis cinq ans. Ce moment sociologique donne le vertige et ce tangage remue les plaies à vif des inégalités sociales, de la richesse captée par une minorité. Sans être démagogue, je comprends le ras-le-bol des Gilets jaunes, souvent maladroits et irréalistes dans leurs revendications. Mais, ils tentent de s'organiser en dehors des partis, projet courageux. La démocratie s'en ressortira peut-être plus forte quand ces problèmes récurrents des classes moyennes appauvries par la mondialisation seront vraiment considérés comme la priorité des priorités. Je vais offrir une ardoise magique à notre jeune président… Je regarde en ce moment les infos : Paris en ébullition. Et pendant ce temps, notre Président danse le tango avec les Grands de ce monde en Argentine...

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