vendredi 26 août 2016

Pascal Quignard

Pour bien comprendre un écrivain aussi essentiel que Pascal Quignard, j'ai lu la biographie de Jean-Louis Pautrot, publiée conjointement chez Gallimard, chez Grasset et à l'Institut Français. Un CD inclus dans l'ouvrage propose des entretiens de l'écrivain avec Alain Veinstein, de France Culture. Ces enregistrements proviennent des archives de l'Ina. Ce document précieux et rare prolonge le plaisir du lecteur(trice) quand la voix si intime de l'écrivain explique quelques unes de ses œuvres. Cet écrivain fascinant est étudié au lycée et l'Université le considère comme un écrivain majeur de notre époque. Cette reconnaissance "institutionnelle" doit faire sourire ce rebelle, cet insoumis des Lettres qui a pris le "Large" depuis 1994 en quittant ses fonctions d'éditeur chez Gallimard et en choisissant la rupture sociale pour se consacrer à la littérature. Jean-Louis Pautrot propose six chapitres aux titres évocateurs : "Une œuvre en mouvance", "Origine", "Les formes et l'informe", "Anciens et Modernes", "Humain et animal", "Arts". Pour qualifier l'œuvre quignardienne, le critique parle "d'aventure littéraire, une œuvre de pensée dans laquelle se discutent des notions philosophiques, psychanalytiques, scientifiques,  et, où, s'entrelacent diversement le narratif, l'affectif, le poétique et le noétique." Il précise aussi que son œuvre est grave, mélancolique, parfois contemplative,  mais aussi tonifiante, curieuse, parfois drôle et joyeuse. Tous les fragments, les textes courts, les pensées, les aphorismes, les étymologies surprenantes intègrent le psychisme du lecteur(trice) et rencontrent un écho profond dans la mémoire archaique. Les verbes "lire et écrire" reviennent comme un leitmotiv, une basse continue (la musique tient une place capitale dans sa vie), font partie d'une ascèse et pour Pascal Quignard, ces ascètes forment la communauté des lettrés. Le biographe évoque le terme de "déliaison", de "déprise", une attitude de rupture du lien social, du langage,  de l'identité, de la famille, de la profession et même du temps présent. Cette biographie m'a vraiment aidée dans mon exploration des publications de cet écrivain singulier car j'avais lu pratiquement tous ces ouvrages à leur sortie en librairie et une deuxième lecture s'est imposée pour apprécier pleinement cette prose atemporelle. Plus je lis et relis du "Quignard", plus mon intérêt se ravive et s'approfondit. Au détour d'une page, Pascal Quignard m'a offert cette sensation que me procure la lecture : "Lire au jardin, dans la chaleur, la langueur, la lenteur, l'engourdissement qui s'assemblent l'été." 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire