mercredi 23 mars 2016

Rubrique cinéma

A Chambéry, nous avons la chance de suivre deux festivals de cinéma, l'un hispanophone en ce moment et le second, italien. J'ai donc vu deux films samedi et dimanche, "Carmina y Amen"  de Paco Léon et "Paulina" de Santiago Mitre. Le premier film ressemble à un Almodovar : Carmina assiste à la mort de son mari et au lieu d'appeler le Samu, elle prévient sa fille. Toutes les deux vont attendre deux jours pour recevoir une prime que son époux devait toucher. Les voisins défilent avec leurs problèmes, et Carmina parvient à dissimiler son décès. Ce film déjanté à l'humour noir montre aussi la vitalité de cette femme, mal mariée et défendant avec passion les intérêts de ses enfants. Le film se déroule à Séville dans un immeuble populaire et les dialogues sont savoureux surtout quand on comprend l'espagnol mâtiné d'accent andalou. Ce film espagnol propose un conte urbain macabre mais aussi loufoque, imprégné de verve populaire et délicieusement amoral. Le deuxième film, "Paulina", n'attire aucun rire, ni sourire car il raconte l'histoire d'une jeune avocate qui veut se consacrer à l'enseignement dans une région défavorisée aux confins du Paraguay. Son père, un juge influent, et son fiancé tentent de la dissuader de cette mission trop dangereuse selon eux. Elle s'obstine dans ce projet et part rejoindre cette école rurale. Paulina assume un cours sur la politique tout en s'intégrant dans la communauté. Or, un soir, elle quitte une amie et traverse la forêt où des hommes la kidnappent et la violent. Un de ces violeurs est un ouvrier d'une scierie. Et le film bascule dans une tension extrême : Paulina ne veut pas dénoncer les agresseurs et en plus, comme elle est enceinte, elle ne veut pas avorter. Son père et son fiancé n'arrivent plus à la comprendre. Paulina a subi une violence terrible et malgré ce choc, elle veut comprendre les raisons de son viol. Elle revient dans cette école et retrouve ses élèves et nous laisse, nous spectateurs(trices), dans la plus complète incompréhension... Deux portraits de femme : une mère andalouse à la Calamity Jane et une victime de la violence masculine, d'une incommensurable générosité. L'Astrée et le Forum de Chambéry proposent décidément une programmation riche et originale et tant mieux pour les amateurs de cinéma.  

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