vendredi 5 décembre 2014

"L'Amour et les forêts"

Eric Reinhardt raconte dans son roman autofictif, la vie de Bénédicte Ombredanne, 36 ans, professeur de lettres, mariée, deux enfants, femme "invisible" sur le plan physique, Elle habite à Metz et décide de contacter l'écrivain pour le rencontrer à Paris. Elle a admiré son roman "Cendrillon"et recherche comme lui une "enclave d'émerveillement" dans la vie quotidienne et monotone qu'elle mène. Ils partagent la même passion littéraire pour Villiers de l'Isle-Adam et leurs affinités littéraires les rapprochent. Lasse du harcèlement qu'elle subit, elle s'est un jour libérée du carcan familial en recherchant sur un site de rencontres un amant qu'elle a retrouvé lors d'une seule après-midi qui sera pour elle une enclave enchantée entre une initiation au tir à l'arc et une relation amoureuse réussie. Pourtant, elle retourne chez elle  sous l'emprise de son mari, fou de jalousie quand elle lui révèle son aventure avec cet homme. Eric Reinhardt fait aussi le portrait d'un homme profondément malade, un harceleur démoniaque, un "ogre" dévorant et suffoquant. Bénédicte finit par prendre trop de médicaments et séjournera dans un hôpital psychiatrique où elle écrira et rencontrera un communauté de blessés de la vie. Et la question que je me posais tout au long de ce roman intense et excessif, mais pourquoi, mais comment cette femme éduquée, cultivée,  peut-elle supporter un manipulateur de cette espèce ? Elle accepte cette situation pathétique pour ses enfants et pour son idéal de famille. Le narrateur apprend le décès de Bénédicte par hasard, car ils ne sont pas revus et il part pour Metz pour découvrir la vérité sur cette femme. Sa sœur jumelle lui raconte sa fin de vie (elle meurt d'un cancer) et sur l'attitude de son mari, toujours aussi cruel, aussi possessif. Le roman prend un tour insupportable quand il relate le séjour en hôpital de Bénédicte avec la présence constante de son mari. Son enfer conjugal se poursuit jusqu'à sa dernière minute. Cette héroïne aux accents bovariens rêve d'amour absolu, d'incandescence, de passion comme l'indique le titre "l'amour et les forêts"  mais elle s'enferme dans un réel trivial et décevant. Un critique de la revue Lire parle de conte cruel contemporain avec l'ogre (le mari), le Prince charmant (l'amant), et la femme ingénue, naïve et victime de son idéologie "familiale". Un roman puissant et éprouvant et qui a marqué la rentrée littéraire.

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