lundi 10 mars 2014

Rubrique cinéma

Les critiques n'ont pas été tendres avec ce film du réalisateur américain, John Wells, tiré d'une pièce de théâtre de Tracy Letts. "Un été à Osage County" appartient à la catégorie des longs métrages des règlements de compte où une famille se déchire, s'invective, se cache des secrets honteux et finit par éclater. Les premières images frappent d'emblée le spectateur(trice) par sa violence dans l'intimité d'un couple en crise : le mari, écrivain en fin de carrière, ne supporte plus la déchéance de sa femme, atteinte d'un cancer et qui, en absorbant une quantité de médicaments, s'est transformée en furie. Il est tellement fatigué qu'il fuit le domicile pour se suicider dans la rivière proche. La mère prévient ses trois filles et commence, à ce moment-là, le cœur du drame. Après les obsèques du mari,  le repas familial se déroule en pugilat psychologique, avec une dose d'humour noir, once de légèreté dans cette atmosphère étouffante et oppressante. La mère, interprétée par la légendaire Meryl Streep, compose une femme malade, vieillie, tourmentée. Se sentant la mort venir, elle rejette toutes les hypocrisies familiales en lançant des vérités redoutablement blessantes à ces trois filles : l'une, plutôt idiote, vit en couple avec un homme flambeur, la deuxième est amoureuse de son cousin et la dernière, jouée par Julia Roberts, va se séparer de son mari.  Dans ce déballage impitoyable, aucun personnage n'attire l'empathie du spectateur : ils ont tous un comportement "borderline". De la tante qui a trompé sa propre sœur avec son beau-frère, de la nièce qui commence à fumer des joints, du cousin immature à son père trop mou, des filles qui se reprochent leur manque d'amour et de solidarité, avec le summum de la cruauté mentale de la mère, le réalisateur montre une famille "idéale" en décomposition, phénomène assez rare dans le cinéma américain. La seule qui sort de ce magma, s'avère être l'aînée, la préférée de la mère. Elle va prendre une décision radicale : rompre le lien avec cette mère manipulatrice et cruelle. On ne s'ennuie pas dans ce type de film, que certains vont trouver trop outrancier, assez invraisemblable et irréaliste. Mais, au fond, ce film montre aussi les dysfonctionnements dans les familles : secrets cachés, malentendus inexpliqués, rancœurs accumulés, trahisons et lâchetés non démêlées. J'avais l'impression de me retrouver dans la mythologie grecque avec des parricides, des matricides, des comportements violents, excessifs et passionnels. Tragédie gréco-américaine, comédie noire, ce film à la tonalité "bergamienne" se voit avec un certaine curiosité et un interrogation dubitative tout au long des deux heures, et malgré cet échantillon d'une humanité en détresse, je conserve toute mon admiration pour l'émouvante et magnifique Meryl Streep...

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