vendredi 22 novembre 2013

"Vertiges"

Lionel Duroy poursuit son aventure littéraire en exploitant avec un stylo-scalpel, les relations amoureuses. Les 468 pages de son dernier opus, "Vertiges", suit la veine de son œuvre autofictionnelle. Il gagne de l'argent en louant son talent aux autres en composant des mémoires, des récits et des autobiographies de gens connus. Au début du roman, Cécile, sa femme, le quitte car elle a choisi de vivre avec son amant, ami de son mari.  Il se sent trahi par cette infidélité mais, cet échec ne l'empêche pas de nouer une nouvelle relation avec Esther, une femme qui lui semble mystérieuse et troublante. Lui, qui ne voulait plus d'enfants (car il était déjà deux fois père), lâche prise et donne naissance à deux petites filles. Familles séparées, familles recomposées, construction et  déconstruction, fonder des liens et les voir s'écrouler, départs et arrivées, le roman brasse des moments de vie familiale et amoureuse, parfois cocasses, parfois angoissantes. Le narrateur se noie souvent dans son discours sur sa mère qu'il vit comme une mante religieuse et sur ses épouses qui le quittent. Il ressent un sentiment d'angoisse en analysant, en disséquant son attitude de fuite avec les femmes aimées. Je cite un passage de son livre très éclairant sur son projet littéraire : "J'ai besoin d'écrire sur ce qu'il y a d'infiniment douloureux, dans une disparition, l'interruption, sans que rien ne soit formulé, de désirs et de sentiments qu'on imaginait éternels dans notre bêtise, ou notre ingénuité. Bien sûr, il y a de la souffrance de ne  plus pouvoir se toucher, de ne plus pouvoir s'embrasser ni faire l'amour, mais le plus cruel, et le plus mystérieux aussi, c'est le basculement du souci permanent qu'on avait de l'autre dans un vide abyssal où l'on doit s'accoutumer à ne même plus savoir s'il est vivant ou mort. (...) Est-ce que ça n'est pas la chose la plus stupéfiante qui soit ? Celle qui nous renvoie le mieux l'image de notre insignifiance, de la précarité de nos attachements, et sur laquelle nous n'aurons jamais fini d'écrire ?". Lionel Duroy maintient constamment l'intérêt du lecteur(trice) en utilisant l'écriture pour comprendre, se comprendre et s'accepter. La description de son univers amoureux et familial pourrait servir la sociologie contemporaine... Un roman à découvrir si on apprécie l'analyse pointilliste d'un homme tourmenté par les échecs amoureux...

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