vendredi 22 février 2013

"Portraits de femmes"

Philippe Sollers revient à l'autobiographie, mais une autobiographie uniquement consacrée aux femmes de sa vie. Dès la première page du récit, il emploie son style percutant et ironique pour définir la condition humaine du côté des hommes et reprend la célèbre formule de Simone de Beauvoir : "on ne naît pas homme, on le devient". Le modèle masculin impose lui aussi des devoirs contraignants  et une conformité sclérosante. Homme ou femme, Philippe Sollers se place d'emblée dans "l'inévidence": rien n'est évident, tout est infiniment complexe. Il commence à nous parler de sa mère, "une femme de beaucoup d'esprit", sa sœur Laure, tourmentée et malheureuse, Eugenia, sa première maîtresse et employée de maison (ils ont quinze ans de différence). Il évoque avec respect et émotion son grand amour, Dominique Rolin, "mélodieuse et rieuse". Leur complicité littéraire a duré de longues années et ils se retrouvaient à Venise pour vivre leur relation clandestine. Parallèlement, il vit avec sa femme, Julia Kristeva, écrivaine, intellectuelle et psychanalyste à qui il voue une admiration sans bornes. Il nomme ses alliées, ses femmes, de "pivotales". Il avoue son "donjuanisme" congénital mais il le décrit avec élégance et panache, en rendant un hommage permanent à toutes les femmes à la recherche de l'amour. Celles qu'il a aimées, ses compagnes, il les qualifie "d'artistes de la vie, de femmes-miracles"... Ce récit est à un journal intime d'un homme qui dit sa vérité et son amour inconditionnel des femmes ! Il m'a aussi donné envie de découvrir Dominique Rolin, sa compagne écrivaine, et Julia Kristeva, son épouse "officielle", dont on ne connaît pas sa conception du couple... La littérature peut tout dire, surtout l'intimité d'un homme, qui ne tient aucun compte de la "morale" traditionnelle et corsetée" et vit sa liberté dans toutes ses dimensions.

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