mercredi 3 octobre 2012

"Mrs Dalloway"

J'étais "en panne" de nouveautés cette semaine et cela m'a permis de re-découvrir ce roman de Virginia Woolf que j'avais lu dans ma jeunesse. Je l'ai repris trente ans plus tard et c'est une expérience que je recommande à tous les lecteurs(trices). La vie nous change constamment et les livres, eux aussi, épouse ce mouvement naturel. J'avais à l'époque préféré découvrir son "Journal", "Traversées", "Orlando", "Vers le phare" et la biographie de Quentin Bell. Je n'ai toujours pas ouvert celle de Viviane Forrester qui m'attend déjà depuis quelques mois sur mon étagère des livres achetés et à conserver. J'ai découvert "Mrs Dalloway" dans une nouvelle traduction de Marie-Claire Pasquier, d'une qualité littéraire remarquable.  Evidemment, lire Virginia Woolf demande un effort. Les personnages complexes, l'intrigue inexistante, le cadre de vie londonien, l'époque des années 1920, le contexte politique, tous ces éléments forment un obstacle mais franchissable et la récompense se révèle à nous : un charme décalé, une ambiance proustienne et un style impressionniste. Ce roman nous parle d'amour, du temps qui passe, des relations humaines ratées, de désespoir de vivre mais aussi d'amour de la vie. Quand on connaît le destin tragique de Virginia Woolf entre une vie normale et ses instants de "folie", sa force créatrice ne peut que nous émouvoir. Je cite un passage sur sa manière de ressentir : "La paix descendait sur elle, le calme, la sérénité (...) C'est ainsi que par un jour d'été les vagues se rassemblent, basculent et retombent ; se rassemblent et retombent ; et le monde entier semble dire : "Et voilà tout", avec une force sans cesse accrue, jusqu'au moment où le coeur lui-même, lové dans le corps allongé au soleil sur la plage, finit par dire lui aussi : "Et voilà tout". Ne crains plus , dit le coeur. Ne crains plus, dit le coeur, confiant son fardeau à quelque océan, qui soupire, prenant à son compte tous les chagrins du monde, et qui reprend son élan, rassemble, laisse retomber." (p. 1102 de la Pléiade, tome 1). Qu'importe l'histoire du roman quand la lecture devient méditation...

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