samedi 28 avril 2012

Roland Barthes

Je viens de terminer l'ouvrage posthume de Roland Barthes, "Journal de deuil", édité en format poche dans la collection Points du Seuil. Roland Barthes a vécu toute sa vie avec sa mère, soit à Paris, soit à Urt, à côté de Bayonne. Ces pages de deuil sont émouvantes et sensibles surtout si on a vécu soi-même la mort de sa propre mère. Roland Barthes a tenu ce journal du 26 octobre 1977 au 21 juin 1978. Il s'ouvre ainsi :" Première nuit de noces. Mais première nuit de deuil ?". Ces notes brèves, fulgurantes de douleur, révèlent un Roland Barthes dépressif, anxieux, ayant perdu le goût de vivre, d'écrire et de lire. Pourtant, il écrit ce journal pour exorciser son chagrin, le rendre plus supportable et plus acceptable. Cette mère qu'il décrit symbolise un lien unique et irremplaçable tellement elle était le "génie de la maternité". Roland Barthes nous la décrit comme une femme discrète, bonne, simple, qui n'a jamais posé de questions à son propre fils et qui le laissait libre tout en cohabitant dans le même appartement ou la maison. Il analyse cet état de solitude avec lucidité et courage. Ce journal est un témoignage rare de la part de ce théoricien de la littérature et il me rappelle son ouvrage étonnant sur l'amour, 'Fragments d'un discours amoureux" paru au Seuil en 1977. Quand on sait que Roland Barthes a été renversé par une camionnette à Paris en 1980 et qu'il est mort peu après, ce "journal de deuil" prend un relief tout particulier. J'ai remarqué cette note de Roland Barthes : "Epreuve majeure, épreuve adulte, centrale, décisive du deuil". Il faut méditer cette penseé barthésienne...

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