mardi 12 avril 2011

Jocelyne François, la discrétion incarnée

J'ai découvert l'oeuvre de Jocelyne François il y a fort longtemps, une petite trentaine d'années. Cette femme écrit une oeuvre littéraire en toute discrétion. La presse littéraire mentionne de temps en temps un de ses romans, ou un de ses essais. J'ai lu cette semaine quatre ouvrages d'elle : son "Journal 1990-2000, une vie d'écrivain", publié en 2001, "Le Solstice d'hiver : journal 2001-2007", un essai sur "Arpad Szenes", artiste peintre et compagnon de ma chère Vieira da Silva et le dernier opus, "René Char, vie et mort d'une amitié" aux Editions de La Différence, publié en 2010. J'ai toujours aimé les journaux intimes écrits pas des écrivains. Jocelyne François nous livre ses pensées, sa vie au quotidien avec ses bonheurs et aussi ses angoisses, la vie de ses "grands" enfants, les rencontres artistiques et littéraires, la vie de sa compagne Claire et son oeuvre picturale, ses commentaires de l'actualité du moment. Le journal toujours écrit avec subtilité, simplicité et naturel devient une conversation amicale avec le lecteur comme une rencontre complice. Pourtant, je ne décèle aucune impudeur, aucune révélation fracassante : sa vie d'écrivain est surtout nourrie de lectures, d'amitiés choisies et de travail d'écriture. Je vous cite ce passage : "Aimer lire, aimer les livres, c'est exercer sa liberté, son appétit véritable." Le journal daté 2001-2007 nous apporte un écho plus grave, plus émouvant avec l'apparition de la maladie, des deuils familiaux. Malgré les difficultés, Jocelyne François a foi dans l'écriture et donne une place majeure à cette art de vivre. Son regard sur la peinture et sur la poésie ressemble à un fil conducteur sensible, comme une basse continue dans toutes les pages. Quand elle parle de René Char ou d'Arpad Szenes et de Vieira de Silva, je me retrouve encore dans un situation privilégiée de confidente et d'amie. Si vous ne connaissez pas l'oeuvre de Jocelyne François, il faut lire :
- "Les amantes" 1978
- "Joue-nous Espana", Prix Fémina 1980
- "La femme sans tombe" 1995
- ses journaux et ses poèmes.
J'ai cherché les oeuvres de Jocelyne François dans les deux bibliothèques municipales que je fréquente et je n'en croyais pas mes yeux : je n'ai trouvé aucun livre d'elle dans les catalogues. Il faut croire que les livres de cette femme-écrivain, éditée pourtant au Mercure de France ne mérite donc pas sa place dans les rayons ? Quelle injustice et surtout quel oubli de la part des bibliothécaires ! Evidemment, les acquisitions se portent davantage sur les livres "que les lecteurs sollicitent" (et encore...). je pense pour ma part que c'est une preuve d'"incuriosité" littéraire et de facilité. Heureusement qu'il nous reste quelques librairies et bouquinistes pour diffuser des écrivains qui ne sont pas sur la liste des meilleures ventes mais qui rencontrent leur public par "miracle...
Découvrez donc l'univers de Jocelyne François et j'espère que vous apprécierez sa voix trop discrète, trop secrète mais si touchante quand on a eu la chance de la rencontrer.

2 commentaires:

  1. Je partage totalement ce que vous écrivez sur Jocelyne François.
    Je suis bibliothécaire à Marseille et ai fait acheter les volumes manquants de son journal, dans lesquels je suis plongée en ce moment. J'ai lu il y a longtemps les Amantes et Joue-nous Espana, et j'avais été très touchée par La nourriture de Jupiter.
    Cordialement. Catherine Detaille

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  2. je decouvre et je suis ravie de la découvrir
    je vais courrir m'acheter un livre.

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