mercredi 13 novembre 2024

"Ilaria ou la conquête de la désobéissance", Gabriella Zalapi

 Jeune écrivaine italienne, Gabriella Zalapi a écrit un roman fort attachant, "Ilaria ou la conquête de la désobéissance", publié chez Zoé en 2024. Un père de famille au bord de la rupture avec sa femme emmène dans sa cavale, sa petite fille de huit ans, Ilaria. Dans sa BMW, la radio diffuse des flashes d'information concernant les attentats terroristes des années 80 en Italie. La petite fille se pose beaucoup de questions sur ce père imprévisible qui s'adonne à l'alcool. Sa maman et sa soeur résident en Suisse et ne donnent pas de nouvelles. Ilaria se sent abandonnée et ne comprend pas ce tour d'Italie qui défile sous ses yeux ébahis. Au début, elle se croit en vacances et les premiers temps de sa cavale ne l'inquiètent pas trop. Son père lui offre des cahiers et des crayons, un ours en peluche, des glaces. D'hôtel en hôtel, d'aire d'autoroute aux bars, son père aime bavarder au gré des rencontres. Dans ses étapes successives, il harcèle sa femme au téléphone pour la supplier de ne pas rompre. Fulvio, le père, devient de plus en plus nerveux et Ilaria de plus en plus inquiète car elle n'a jamais sa mère au téléphone. L'argent commence à manquer. Ils sont accueillis chez des amis en Toscane où Ilaria vit une parenthèse heureuse avec les filles du couple. Puis, Ilaria entre dans un internat pour quelques semaines où elle est complétement délaissée par son père. Un jour, il vient la chercher pour rejoindre la Sicile chez sa grand-mère paternelle. Celle-ci la confie à son tour à une amie qui va s'occuper de la petite fille. Sa mère réussit à lui faire parvenir un colis avec un billet froissé où est écrit son numéro de téléphone. La délivrance est proche... Il faut lire ce drame à hauteur d'enfant dans un texte au style dépouillé, simple et efficace. La petite Ilaria est une victime innocente de ces innombrables séparations des parents. Heureusement, l'histoire se termine bien.  Dans un article du Monde des Livres, Gabriella Zalapi avoue qu'elle a vécu un événement de ce genre : "Ce sont bien des faits vécus, tissés d'évenements fictionnels, mais j'ai surtout voulu rester du côté de la lumière, car, si j'avais raconté simplement ma vérité, ce texte aurait été insupportable".  A découvrir.