mardi 14 janvier 2025

"L'Oeuvre", Emile Zola

 Dans mon programme des lectures récentes, j'ai redécouvert Emile Zola que j'avais oublié depuis très longtemps. J'appréciais le projet titanesque de Zola avec la saga des Rougon-Macquart et j'avais lu évidemment "Germinal", "Thérèse Raquin" et d'autres titres. En novembre, j'avais visité le musée d'Orsay et j'avais revu un grand nombre de tableaux impressionnistes. J'ai donc choisi "L'Oeuvre", publié en 1886, le quatorzième volume de la série des Rougon-Macquart. L'ouvrage se situe dans le monde de l'art et des artistes dans les années 1860-1870, à travers le portrait d'un peintre, Claude Lantier. Fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier, Claude est l'ami d'enfance du romancier Pierre Sandoz, un autoportrait d'Emile Zola. Les deux amis d'enfance appartiennent à un cercle d'artistes anticonformistes. Ils combattent l'académisme, loin des canons "classiques" qui ont la faveur des expositions officielles. Claude est toujours refusé dans les salons de peinture et se sent incompris. Emile Zola raconte aussi une histoire d'amour entre le peintre et une jeune femme, Christine, rencontré un soir de pluie sous le porche de son immeuble. Leur relation devient sérieuse quand ils décident de vivre à la campagne, loin de Paris. Ils ont un enfant et pendant quelques années, ils sont heureux mais l'obsession artistique de Claude reste vive. Il décide de revenir à Paris pour peindre des paysages urbains : "Je ne veux pas m'en aller avec toi, je ne veux pas être heureux. Je veux peindre". Mais, tout a changé depuis leur départ. Il devient de plus en plus isolé malgré ses retrouvailles avec ses amis. Il est obsédé par la création d'un tableau gigantesque qu'il installe dans un hangar. Il néglige alors sa famille et son cercle d'amis pour se consacrer à son oeuvre unique. Il finira par se pendre à la fin du roman tellement il se sent en échec et ne parviendra pas à créer son "oeuvre" unique, comme un absolu non atteint. Emile Zola évoque quelques peintres impressionnistes qu'il nomme les "Pleinairistes", ceux qui peignent leurs toiles en plein air comme Manet et son "Déjeuner sur l'herbe". Zola a fréquenté ce milieu artistique. Il a connu Paul Cézanne au collège d'Aix-en-Provence, sont devenus amis pour la vie. Et Paris ? La ville est souvent décrite surtout l'Ile de la Cité avec ses ponts et ses quais. Claude Lantier tente en vain de saisir la beauté de la ville, cette beauté réelle qu'il veut étaler sur une toile. Un roman vraiment intéressant qui n'a pris aucune ride sur ses pages...