lundi 6 janvier 2025

Mes récits et essais préférés en 2024, 1

 Après les romans qui constituent tout de même la majorité de mes lectures, je lis des essais et des récits de vie. La fiction me passionne mais le réel me semble parfois aussi romanesque et même dépasse les frontières instables, friables entre ces deux notions. J'ai donc choisi dix documentaires en 2024 et je commencerai par le récit autobiographique d'Alain Finkielkraut, philosophe médiatique très souvent décrié mais pourtant indispensable dans les débats actuels sur la société contemporaine. Ce nostalgique du passé souffre des nombreux changements trop brutaux de la société. Pour lui, le slogan "du passé, faisons table rase" l'angoisse trop. Cet homme blessé ne se remet pas de ce grand chamboulement autour de la culture, du savoir et de la littérature. Il aime les citations pour "en arracher le riche et l'étrange" et cite ses modèles comme Hannah Arendt, Kundera, Virginia Woolf, Thomas Mann, etc. Son inquiétude existentielle sur un monde qui ne "va pas" illustre son éternel pessimisme philosophique. Un livre d'alerte à découvrir. Deux récits m'ont particulièrement touchée en 2024 : le journal bouleversant d'Hélène Berr et "Etre sans destin" d'Imre Kertész. Hélène Berr tient un journal de 1942 à 1944 et raconte sa vie parisienne au sein d'une famille juive. Elle sera arrêtée et disparaît dans le camp de Bergen-Belsen en avril 45. Cette jeune fille profondèment attachante était tiraillée entre sa joie de vivre à Paris et sa conscience de la tragédie qu'elle subissait avec sa famille. Un témoignage précieux et émouvant. Imre Kertész, écrivain hongrois, a écrit un récit glaçant, "Etre sans destin", une impitoyable reconstitution de son expérience de l'Holocauste avec le filtre fictionnel pour mettre à distance l'effroyable douleur d'être privé de son destin parce que Juif. Toute son oeuvre évoque l'étau du totalitarisme nazi mais aussi communiste. Un écrivain essentiel pour comprendre les tragédies du XXe siècle. Dans un des ateliers Littérature de l'an passé, j'avais proposé le thème de la littérature et de la psychanalyse et à cette occasion, j'ai relu "Le Malaise dans la civilisation" de Sigmund Freud, un grand texte plus philosophique que psychanalytique. Je cite seulement cettre phrase qui résume l'essai : "La question cruciale pour le genre humain me semble être de savoir si et dans quelle mesure l'évolution de sa civilisation parviendra à venir à bout des perturbations de la vie collective par l'agressivité des hommes et leur pulsion d'autodestruction". Une réflexion à méditer, de la Préhistoire à nos jours. (La suite, demain)