J'ai remarqué depuis longtemps l'excellente collection "Folio Biographies" des Editions Gallimard, créé en 2005. Sur le site internet de la collection, l'éditeur précise qu'il propose des biographies "courtes, inédites, avec photos et à des prix accessibles". Composés par des écrivains, des historiens et des universitaires, ces ouvrages permettent à un large public de découvrir le destin unique d'un grand nombre de créateurs : de Balzac à Colette, de Kafka à Zweig, des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des personnages historiques, des scientifiques et des religieux. J'ai donc lu le "Cézanne" de Bernard Fauconnier, publié en 2006. Ce même biographe a aussi proposé quatre autres destins uniques : Platon, Flaubert, Beethoven et Jack London. Né en 1839 à Aix en Provence, Paul Cézanne n'a pas suivi les traces de son père, ancien chapelier et banquier. Il a refusé de faire des études de droit et il a choisi la voix difficile de l'art. A Paris, il rencontre les impressionnistes et surtout Camille Pissaro. Il tente plusieurs fois de participer aux salons officiels sans y parvenir. Mais, il ne sombre jamais dans le défaitisme. Malgré le rejet de ses tableaux, il persiste dans son art. Emile Zola, son ami d'enfance, le soutient malgré le "mauvais caractère" de Cézanne. L'artiste s'éloigne du groupe impressionniste et s'isole dans sa Provence natale. Sur le plan intime, il a rencontré Hortense avec laquelle il a un fils, Paul mais cette relation restera longtemps cachée dans sa famille. A la mort de son père, sa situation financière s'améliore et il peut peindre sans se soucier de vendre ses toiles. Evidemment, comme le peintre Morandi avec ses bouteilles et ses bols, Cézanne a choisi son motif préféré : la Montagne Sainte-Victoire, son obsession picturale, sa passion charnelle, sa religion panthéiste. En utilisant "des formes géométriques pour représenter les éléments du paysage, il déconstruit et reconstruit". Bernard Fauconnier raconte un homme que la légende magnifie car, de son vivant, il était moqué, vilipendé. Ses contemporains le considéraient comme un fou. Mais, lui, il marchait dans la montagne, installait son chevalet, travaillait du matin au soir sans relâche. Son biographe raconte cette vie de labeur jusqu'à sacrifier ses amitiés et sa propre famille. Cézanne savait qu'il "réinventait la peinture". Une biographie très agréable à lire avec pour personnage principal, un peintre de génie.