mercredi 9 juillet 2025

"Elsa", Angela Bubba, 1

 Je vais régulièrement dans ma librairie préférée, je veux parler de Garin, dorénavant implantée devant un joli îlot de fraîcheur, arboré et engazonné, au boulevard du Théâtre et square du Musée savoisien. En feuilletant quelques nouveautés, côté roman, un livre a attiré mon attention : "Elsa" d'Angela Bubba, publié chez Hélène d'Ormesson. Sur la couverture, une photo m'a tout de suite signalé que cette Elsa ressemblait à Elsa Morante (1912-1985), la grande écrivaine italienne. Dans ma vie de lectrice, j'ai lu toute l'oeuvre de Morante au fur et à mesure des parutions des ses quatre romans essentiels  : "Mensonge et sortilège" (1948), "L'île d'Arturo" (1957), "La Storia" (1974), "Aracoeli" (1982), tous publiés dans la collection Folio. Je me souviens encore de "La Storia" dans ces années 70 qui m'avait marquée et touchée. Depuis, j'ai quasiment abondonné la "donna" des lettres romaines. L'écrivaine italienne a aussi écrit des recueils de nouvelles et des poésies. Angela Bubba, écrivaine et chercheuse en littérature italienne, s'est emparée du destin d'Elsa pour écrire une biographie romancée, un genre souvent utilisé pour mieux connaître ces génies littéraires. Et cet ouvrage documentaire et romanesque m'a convaincue qu'il fallait relire trente ans après quelques romans d'Elsa Morante. Dès la première page, le portrait d'Elsa s'impose avec un leitmotiv permanent : vivre est une douleur et écrire raconte cette douleur. La petire fille est née à Rome dans une famille modeste. Elle ne sait pas qui est son vrai père et cette énigme la pertubera toute sa vie. Irma, sa mère, est institutrice. Une marraine prend bien soin d"elle et lui offre des livres. Cette passion de la littérature la consolera à tout jamais de sa mélancolie existentielle. Elle s'inscrit à l'université pour suivre des études littéraires et découvre la fulgurance rimbaldienne dans "Une saison en enfer". Dans cette jeunesse sage et studieuse, elle tombe enceinte et choisit pourtant de se faire avorter. Cet événement va déclencher en elle une culpabilité douloureuse et provoquer des séquelles psychologiques. Dans la biographie romancée, cet enfant va se transformer en un fils imaginaire qu'elle nommera Arturo. Son premier texte pour les enfants est enfin publié dans la presse sous la forme d'un feuilleton. Par l'intermédiaire d'un ami artiste peintre, elle rencontre en 1936, le romancier déjà célèbre à l'époque, Alberto Moravia. Une relation amoureuse naîtra et aboutira au mariage. Ils affrontent le fascisme et sont obligés de quitter Rome pour se réfugier à la campagne car, Moravia était sur la liste noire de Mussolini.