jeudi 13 juin 2024

"L'allégement des vernis", Paul Saint-Bris

 Paul Saint-Bris vient d'écrire son premier roman, "L'allégement des vernis", édité chez Philippe Rey. En général, je lis très peu de premiers romans mais j'ai fait une exception avec celui-ci. Le sujet m'intéressait car un roman sur le Louvre et sa Joconde ne pouvait pas me laisser indifférente. Ce tableau légendaire, mythique, attire des millions de touristes dans ce musée, l'un des plus beaux du monde. Mona Lisa symbolise la beauté absolue : "Elle est l'art, sa figure incarnée. Ils la miment, la copient, l'adulent ou la détestent. Ils n'en détournent jamais le regard". Chaque fois que j'ai vu Mona, la foule m'a empêchée de l'admirer. Je l'ai approchée avec plus d'attention dans une visite pendant la saison du Covid où le Louvre était déserté. Et c'est vrai que ce tableau dégage une aura indescriptible. Dans le roman, la directrice du Louvre, plus managériale que patrimoniale, a décidé de restaurer la toile recouverte de plusieurs couches de vernis qui ont déposé un filtre de couleur verdâtre. Pour raviver ses couleurs, son éclat et sa luminosité, l'équipe du Louvre et des spécialistes de l'art se mettent d'accord pour cette restauration. Le responsable du Département des Peintures, Aurélien, reste toutefois dubitatif. Faut-il rajeunir l'icône ou la laisser marquée dans la patine du temps ? Cette décision provoque des débats sans fin car elle entraîne des "répercussions planétaires". Aurélien, pourtant réticent, choisit malgré tout Gaetano Casini, un restaurateur florentin expérimenté et compétent. L'intrigue se concentre sur le discret Aurélien, Conservateur et spécialiste de la peinture italienne et sur le fantasque Gaetano, avide de créer sa Mona Lisa à lui. Entrent aussi en scène un certain Homero, un technicien de surface, amoureux des statues et surtout de Mona Lisa, la directrice du musée, entreprenante et folle de marketing avec toujours plus de visiteurs jusqu'à la saturation des espaces (9 millions de visiteurs par an !). Avec un style agréable et rythmé, Paul Saint Bris raconte le monde du Louvre, ses enjeux commerciaux au détriment de la protection des oeuvres. Gaetano se met au travail et s'attaque aux vernis successifs mais, jusqu'où va-t-il aller ? Aurélien le surveille pendant cette restauration jusqu'à la surprise finale. Le regard acéré et ironique de l'écrivain sur l'art et sur le Louvre m'a vraiment amusée et ce premier roman a été remarqué par les critiques et a obtenu le Prix Orange du livre. Un très bon roman à découvrir.