Samedi, j'ai visité le Salon du Livre ancien, installé au premier étage du Musée des Beaux Arts de Chambéry. Ancienne libraire, j'aime beaucoup humer le parfum suranné des livres anciens et cette balade au coeur des stands me ramenait à mes années de jeunesse quand je m'adonnais au commerce si noble des livres. Ce salon, organisé pour la deuxième année et soutenu par la ville, le département et les papeteries de Vizille, regroupait une dizaine de libraires venus de tous les coins de France. Un catalogue était offert à l'entrée du musée qui présente des ouvrages rares ou surprenants d'un prix conséquent. Seuls, les bibliophiles passionnés peuvent acquérir ces livres exceptionnels. Ce qui m'a frappé en déambulant dans les travées des stands, c'est la vision d'un monde ancien, un monde où la chose imprimée a conservé toute sa valeur symbolique. Je ressentais un sentiment de nostalgie face à ce milieu si poli, si civilisé, si cultivé. Sur cette planète miniature, quelques professionnels courageux tentent de vivre leur passion des livres. Moyenne d'âge des visiteurs : des seniors, évidemment. Aucun jeune dans la salle... Ce petit îlot de résistance, situé pour deux jours dans l'un des lieux culturels les plus importants de la ville, me faisait penser à un trait d'union entre les siècles passés jusqu'àu nôtre, les XXIe siècle. Le livre ancien, trait d'union du passé au présent, heureusement, repose encore dans les bibliothèques patrimoniales qui en prennent soin comme tous ces tableaux dans les musées d'art. Je n'oublie pas la date de naissance du premier ouvrage imprimé de l'histoire : la Bible de Gutenberg en 1455. Si je fais un calcul, le livre imprimé a donc atteint l'âge de 570 ans ! Pas mal pour un objet, comme durée. Un smartphone passe le cap de deux à quatre ans... Avant de quitter ce salon charmant et désuet, j'ai acquis une Pléiade à un prix très abordable pour compléter ma collection. Les oeuvres intimes de Stendhal vont nourrir mon été de lecture. J'ai aussi profité de ma visite pour revoir les peintures du musée, surtout les italiennes. Mais, j'ai un coup de coeur pour une nature morte de Martinius Nellius, peintre hollandais du XVIIe siècle. Cette petite merveille, une vanité vraiment surprenante, est digne des grands musées nationaux. Par quel miracle a-t-elle atteri à Chambéry ? Il faudrait que je mène une enquête... Livres et Musée, un beau couple culturel à préserver pour encore quelques siècles...