vendredi 7 février 2025

"La mer", John Banville

 L'Atelier Littérature de février va explorer le charme particulier de la littérature irlandaise, imprégnée du sel de la mer et de tempêtes marines. J'ai découvert l'écrivain irlandais, John Banville, avec son roman, "La Mer", paru en 2007 chez Robert Laffont. Le narrateur, Max Morden, vient de perdre sa femme, Anna, terrassée par un cancer. Devenu veuf, il retourne dans la petite station balnéaire de Ballyless où il a vécu dans sa jeunesse, cinquante ans plus tôt. Claire, sa fille unique, le tient à distance. Ce retour sur ce lieu de vacances devrait lui apporter l'oubli et une consolation tellement son chagrin le met dans un état gravement dépressif. Il s'installe dans une pension où il retrouve une ancienne amie d'enfance, gérante de l'hôtel. Il boit un peu trop et consacre son temps à l'écriture d'un livre sur le peintre Bonnard. Le passé le rattrape quand il se remémore un drame qu'il a vécu dans cette ville de bord de mer. John Banville écrit : "Le passé cogne en moi comme un second coeur". Cette notion du temps traverse le narrateur : "A la vérité, tout commence à se confondre, le passé, l'avenir possible et l'impossible présent". Quand il était un jeune garçon, il était fasciné par une riche famille bourgeoise, les Grace, qui prenaient leurs vacances dans la villa des Cèdres : Constance, la mère séductrice, Carlo, un père autoritaire, Rose, la gouvernante sans oublier le duo de choc formé par les jumeaux, l'excentrique Chloé et le mutique Myles. Il se souvient de Chloé, son premier amour, une jeune adolescente étrange et insaisissable. Max les voyait comme des dieux tombés du ciel. Dans ces souvenirs teintés de nostalgie, un drame incompréhensible surgit dans ce panorama de vacances sensé se dérouler dans un bonheur estival parfait. Les jumeaux unis dans la vie s'éloignent dans la mer jusqu'à la mort par noyade. Le narrateur, malgré les cinquante ans passés, s'interroge sur cet acte mystérieux et incompréhensible. Tel à l'incessant ballet de la mer, le flux et le reflux des souvenirs envahissent le présent du narrateur. Ce drame qu'il a vécu a-t-il influencé sa vie d'adulte ? Ce beau roman, parfois dérourant, évoque la perte et le pouvoir de la mémoire et aussi de l'oubli. John Banville, un écrivain proustien, évidemment. A découvrir.