Comme je le dis souvent dans ce blog, je retrouve le chemin des classiques avec délectation. Je redécouvre ainsi mes grands écrivains qui m'ont fait aimer la littérature : Flaubert, Stendhal, Balzac et Proust pour citer mes préférés. Le roman de Flaubert, "Madame Bovary", paru en 1857, se savoure avec plus d'intensité après une deuxième lecture. Emma représentait, à mes yeux, le modèle des femmes insastifaites, frustrées, déçues par la goujaterie de leurs amants. Je la trouvais un peu "idiote" de se laisser berner aussi facilement. Aujourd'hui, je la comprends mieux dans son désir d'être heureuse. Son balourd de Charles devient éperdument amoureux d'elle quand il la voit pour la première fois chez le père Rouault. Comme elle s'ennuie dans la ferme familiale, elle accepte de le revoir et finit par se marier avec ce médecin de campagne, loin d'être séduisant. Quand elle rêve de son mariage, elle pense à une cérémonie aux chandelles vers minuit. Evidemment, Charles ne comprend rien aux rêves de princesse de sa femme. Le poison du romantisme s'infiltre dans ses veines car, dans ses jeunes années adolescentes, elle lisait des romans à l'eau de rose où les princesses et les chevaliers peuplaient son imagination : "Elle était l'amoureuse de tous les romans, l'héroïne de tous les drames". La lecture peut aussi jouer un rôle déformant comme le Don Quichotte avalant des romans de chevalerie et se transformant en héros factice devant les moulins à vent. Charles constate que son épouse souffre des "nerfs". A cette époque, le mot dépression ne faisait pas partie du vocabulaire flaubertien. Il reçoit une invitation du marquis d'Andervilliers pour assister à un bal. Emma en sort éblouie par ce monde tellement différent du sien. Charles décide alors de quitter son bourg trop campagnard pour Yonville, une petite ville plus animée. Apparaissent dans le roman des personnage secondaires, hauts en couleurs, dont le stupide Homais, pharmacien herboriste, progressiste et voltairien, le notable de province par excellence qui sait tout sur tout. Emma donne naissance à sa fille, Berthe, mais elle est déçue car elle voulait un garçon. Le réel la contrarie constamment : elle n'éprouve rien pour son mari, ni pour sa fille qu'elle confie à une nourrice. Comme elle veut vivre avec passion, elle se lance dans une aventure amoureuse avec Rodolphe, un hobereau sans foi ni loi qui se moque de cette pauvre Emma, rêvant de fuir sa famille et son milieu petit-bourgeois. Elle se disait : "J'ai un amant, un amant ! Se délectant à cette idée comme à celle d'une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc possèder enfin ces joies de l'amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré". Emma Bovary ou les "Illusions perdues". Gustave Flaubert avait lu et bien lu Balzac ! (La suite, demain)