samedi 1 juin 2024

Escapade en Bretagne, la Presqu'île de Crozon

 Avant la haute saison touristique, j'avais envie de fouler la terre bretonne et de découvrir un département : le Finistère. Après un vol pour Brest et une location de voiture, j'ai pris la direction de Camaret-sur-Mer dans la presqu'île de Crozon. L'avantage d'une voiture consiste à visiter de nombreuses étapes entre le départ et l'arrivée. Avant d'atteindre mon but, j'ai visité des villages sur ma route aux noms évocateurs : Doualas, Le Faou, Crozon. A chaque halte, j'ai beaucoup apprécié les enclois paroissiaux, véritables "vaisseaux de pierre", foyers fervents de la religion chrétienne. Du XVIe au XVIIIe, le Finistère a connu une grande prospérité grâce à la culture du lin et du chanvre. Ces enclos rassemblent une église centrale, un ossuaire, un calvaire et une porte triomphale. Chaque village possède le sien et se distingue des autres par l'intérieur de l'église. J'ai ainsi découvert à Crozon un rétable magnifique, celui des 10 000 martyrs du XVIIe. Réalisé en chêne sculpté par des artistes anonymes, ce triptyque raconte le martyre par crucufixion de soldats chrétiens sur le mont Ararat en Arménie en 120 après J.C., une oeuvre de cinq mètres de long sur cinq mètres de large. J'ai remarqué dès mon premier jour le calme, la tranquillité dans ces villages bretons avec les traditionnelles maisonnettes. Un patrimoine préservé, conservé avec amour. Cette unité architecturale se vérifie dans ce bout du monde finistérien. Même les zones commerciales en amont des petites villes se montrent moins agressives et plus respectueuses de l'environnement. J'étais déjà séduite par cette harmonie pierreuse et par la verdure omniprésente dans les ruelles villageoises. L'hortensia règne en maître dans les jardins et dans les enclos. Comme j'ai un goût certain pour les ruines en génèral, l'abbaye de Landevennec a comblé mon attente. Au bord de l'estuaire de l'Aulne, les murs du cloître, de l'église, d'un réfectoire se dressent dans une atmosphère étrange, digne d'un roman de Julien Gracq. Fondé au Ve siècle par Saint Guénolé, un moine breton, ce site historique a été pillé, détruit par les Normands et par les Anglais. Un jardin de plantes médicinales jouxte l'ensemble d'une beauté particulièrement nostalgique. Un petit musée raconte l'histoire de ces moines bénédictins bâtisseurs, de leur abbaye et de leur mission évangélique. Son criptorium connut une activité intense et des fac-similés présentent des incunables avec des enluminures remarquables. Une classe de 4e écoutait dans un silence parfait, un professeur d'histoire qui contait avec talent l'histoire de cette institution. Un moment de transmission d'un passé glorieux à des générations du présent. Un moment de grâce !