J'aime l'Italie depuis de nombreuses années quand j'ai découvert la Toscane dans les années 80. Je me souviens encore de mes premières impressions à Lucques. J'étais sous le charme en arpentant cette ville, le modèle de la cité italienne avec son centre ancien, ses places, ses églises, ses ruelles, nimbée d'une lueur ocre jaune. Un charme venu des temps anciens du Moyen Age, de la Renaissance jusqu'à nos jours. Ce patrimoine architectural me semble unique au monde. J'explore donc ce pays deux fois par an et je retourne parfois à Rome et à Venise pour faire des provisions de beauté. Cette année, j'ai découvert la région des Pouilles : de Bari à Lecce, de Tarente à Matera, de Matera à Bari en passant par des étapes surprenantes. J'ai eu de la chance avec un soleil d'automne permanent. Dès que j'ai mis les pieds dans l'aéroport de Bari, je me suis sentie dans un pays connu. J'aime entendre la langue italienne que j'essaie d'apprendre en solo et je reconnais souvent le sens des phrases que je saisis dans une conversation. Après avoir pris ma voiture de location, j'ai pris la direction de Polignano a Mare, petite cité balnéaire de 20 000 habitants. Je me croyais dans les Cyclades avec toutes les maisons blanches sur les falaises. Mon premier geste, le plus urgent pour moi, c'était de voir la mer, la mer Adriatique d'un bleu profond. Je ressens toujours la nostalgie de la mer car j'ai vécu au bord de l'océan atlantique pendant mes trois première décennies. J'ai marché, pieds nus, sur le sable blond de la plage et dans l'eau. Une cérémonie rituelle pour démarrer mon escapade. Le soir, j'ai dormi dans une masseria magnifique en plein milieu de champs d'oliviers. Ces oliviers de quelques centaines d'années formaient des sculptures vivantes et je pensais au mouvement artistique de l'Arte povera exploitant les richesses simples de la nature. Un musée d'art contemporain présentait des oeuvres surprenantes et portait le nom d'un grand artiste, Pino Pascali. La masseria del Crocifisso, véritable havre de paix et de calme, rappellait la culture ancienne des Pouilles où ces fermes historiques datent du XVIe siècle et du XVIIe. Les propriétaires terriens cultvaient le blé et l'olivier, élevaient des troupeaux et conservaient le sel. Ces lieux magiques hébergent maintenant des touristes, amoureux d'une nature éminemment civilisée. J'étais entourée de grenadiers, d'oliviers, de bougainvilliers, de lauriers-roses. Le soir, notre hôte nous a concocté un très bon repas succulent : des pâtes, évidemment !