lundi 29 septembre 2025

"Au fond des années passées", Jens Christian Grondahl

 J'ai terminé récemment le dernier roman de Jean Christian Grondahl, "Au fond des années passées", publié chez Gallimard dans l'excellente collection, "Du monde entier". J'ai retrouvé le charme de ce "Modiano" danois comme on le qualifie parfois. Auteur d'une douzaine de romans, son univers révèle les fragilités des destins autour du couple, de la famille, de l'amour. Il connaît bien "Les bruits du coeur", comme l'indique le titre d'une de ses oeuvres si délicates. Un charme intime s'infiltre dans sa prose et le personnage principal qui ressemble tant à l'écrivain traverse une crise existentielle, teintée de solitude, digne du philosophe danois, cité dans le roman, Kierkegaard. Une femme qu'il a connue et aimée dans les années 80 resurgit dans sa vie alors qu'il avait vécu une histoire assez courte avec elle. A sa soixantaine, il est atteint de la maladie de Parkinson et ce verdict terrible provoque la séparation avec sa femme qui ne veut pas assumer la vie commune avec lui. Malgré cette grande bascule dans sa vie, il reste stoïque. Un jour, dans un parc de Copenhague, il croise Anna, son ancien amour de jeunesse. Le narrateur raconte sa première rencontre avec elle dans la mouvance libertaire de l'époque. Anna avait une relation avec un artiste singulier et le narrateur était très jaloux de cette liaison. Elle a quitté le Danemark après le décès brutal de son amant. La vie réunit à nouveau ces deux amants d'antan quarante ans après. Anna occupait un poste prestigieux à Bruxelles et s'est mariée avec un célèbre journaliste de la télévision danoise. Or, elle subit une humuliation en apprenant que son mari a harcelé sexuellement une de ses secrétaires. Un séisme dans sa vie de couple. Les deux protagonistes se rapprochent, l'un avec sa maladie, l'autre, avec le mensonge de son couple. Ce roman subtil, ancré dans son temps, raconte les "méandres indociles de ces vies pleines d'ombres et de silences". La prose fugace et intimiste de Jens Christian Grondahl fait penser au peintre danois, Vilhelm Hammershoi, dont les tableaux montrent l'intériorité des personnages dans un intérieur figé. L'écrivain évoque la transformation d'un "moi jeune" en "moi âgé" en chuchotant que l'on peut éprouver "un sentiment croissant de légéreté et de libération à l'automne de la vie". Un très beau roman à lire absolument dans la rentrée littéraire et j'espère qu'il obtiendra un prix !