mercredi 5 mars 2025

"Autobiographie de mon père", Pierre Pachet

 Dans ma liste de récits autobiographiques de l'Atelier Littérature, j'ai choisi "Autobiographie de mon père" de Pierre Pachet. Qui est Pierre Pachet ? Un écrivain (1937-2016) peu connu du grand public et pourtant, il mériterait plus d'admiration. De parents d'origine russe, il était maître de conférences et il a publié des ouvrages sur la littérature dont "Les baromètres de l'âme" sur le journal intime. De formation hélleniste, il a même traduit "La République" de Platon, publié chez Gallimard. Une partie de son oeuvre est consacrée à l'autobiographie et il a longtemps participé comme critique littéraire dans le bimensuel, "La Quinzaine littéraire" et sur le site "En attendant Nadeau". Dans "Une autobiographie de mon père", publié chez Autrement en 1987, l'écrivain raconte la vie de son père, né en 1895, dans une famille juive de la Russie méridionale. Son entreprise littéraire naît vingt ans après sa mort : "La mort de mon père n'avait pas étranglé sa parole (...) Car elle se trouvait désormais soumise à une tâche nouvelle, exorbitante : celle de se raconter tout au long, de s'engendrer dans une solitude absolue, d'assumer la responsabilité entière de son existence". Il s'appelait Simkha (joie en hébreu) Opatchevsky. Il quitte Odessa en 1905 pour la France où il suit des études de médecine. Il va se contenter de devenir dentiste et pratiquera ce métier sans passion particulière. Etudiant sérieux et besogneux, il a une proposition pour partir en Amérique mais il reste en France. Il se définit comme un homme timide, mélancolique et "méditatif".  Il se marie et s'installe son cabinet de dentiste à Paris, puis à Vichy. Naissent ses deux enfants dont Pierre, le biographe de son père. Dans une France occupée, il franchit la ligne de démarcation pour mettre sa famille à l'abri. En 1945, il s'interroge sur son milieu de vie, sur l'expérience de la guerre et du sort atroce des Juifs. Sa santé se détériore, sa vision et sa mémoire se fragilisent. Les pages consacrées à sa fin de vie sont frappantes de vérité et de lucidité. Le fils, Pierre, rend un hommage sobre et sans concession à un homme complexe qu'il essaie de décrire, de comprendre, d'aimer malgré un vie parfois difficile dans les méandres sombres de son identité "d'immigré russe et juif". Cette autobiographie d'une écriture remarquable est à découvrir.