Le musée national de l'Orangerie est situé dans le jardin des Tuileries, du côté de la place de la Concorde. Rattaché depuis 2010 au musée d'Orsay, il présente exclusivement des peintres impressionnistes et postimpressionnistes. Construit en 1852 comme une serre, l'édifice servait à stocker les orangers du jardin des Tuileries. Evidemment, les touristes se précipitent tous vers les "Nymphéas" de Claude Monet et Clemenceau sera l'artisan de l'installation des huit tableaux dans deux salles ovales, soit au total, 91 mètres linéaires de nymphéas. Si je le visite une fois par an, j'ai surtout une bonne raison : retrouver les quinze tableaux de Paul Cézanne que j'admire beaucoup. Mais, j'ai appris que tous ces tableaux partent pour deux ans en... Asie ! Je me suis donc contentée de l'exposition Heinz Berggruen, un marchand et sa collection : Picasso, Klee, Matisse, Giacometti du musée d'art moderne de Berlin. Ce marchand d'art a fui l'Allemagne en 1936 en raison des persécutions nazies. Il ouvre une galerie à Paris et constitue une collection d'art moderne qu'il lègue à l'Etat allemand. Ce mécène a rencontré Picasso par l'entremise de poète Tristan Tzara et dans l'exposition, les nombreuses facettes du peintre espagnol sautent aux yeux : figuratif, cubiste et même surréaliste parfois dans ses portraits de femme. J'ai remarqué aussi les sculptures de Giacometti, des silhouettes filiformes en proie à une solitude existentielle qui se croisent sans se rencontrer. Je n'ai pas oublié de revoir Modigliani, Derain, Matisse, etc. J'ai quitté ce beau musée à la nuit tombée en profitant de l'ouverture en nocturne du vendredi. J'ai traversé le jardin des tuileries avec ses lampadaires et ses arbres illuminés. La foule des touristes avait déserté ce lieu magique en fin de journée et j'avais l'impression que les statues se réveillaient et marchaient vers moi. Paris provoque parfois des mirages fantasmatiques : voir Louis XIV déambuler dans les allées, ou Marie-Antoinette, et Diderot, et Voltaire. Je ressens le même phénomène quand je traverse le jardin du Palais royal car j'imagine ma chère Colette humant les massifs de fleurs et discutant avec son ami, Jean Cocteau. Paris était le paradis des écrivains et aujourd'hui ?