Dans ma liste sur la littérature irlandaise, j'ai intégré l'écrivaine, Iris Murdoch, née à Dublin en 1919 et morte en 1999. Je l'avais un peu oubliée, cette grande écrivaine, que j'ai beaucoup lue dans les années 70. J'ai vu qu'elle était programmée dans l'émission de France Culture, "Avec philosophie". Cette renaissance m'a agréablement étonnée et j'ai eu envie de relire ses oeuvres. J'ai donc découvert "Pâques sanglantes", publié en 1989. Ce titre explicite rappelle l'insurrection de Pâques en 1916, menée par des Irlandais nationalistes, les Irish Volunteers, dans la ville de Dublin contre le gouvernement britannique. Le personnage principal, le jeune anglo-irlandais Andrew Chase-White, a passé plusieurs années en Angleterre et revient en Irlande, le pays natal de sa mère, alors que la guerre de 14 fait rage en Europe. Il est en permission avant de repartir sur le front. Il veut se marier avec sa meilleure amie d'enfance, Frances Bellman. Mais, il n'ose pas la demander en mariage : "La peur le poussait à s'approcher le plus possible de l'objet de ses terreurs". Dans le cercle de famille d'Andrew, Millicent, sa très belle tante, est courtisée par Christopher Bellmann, le père de Frances. Millie, une femme libre et sensuelle, ne vit que pour séduire les hommes. Deux frères, Pat et Cathal, se préoccupent de leur pays et de sa libération, "le but même de leur existence". Entre Andrew, l'Anglais, le traître, et Pat, le véritable Irlandais, cousins ennemis, rien ne va plus. En quelques jours, le drame historique et les querelles familiales se préparent jusqu'à l'issue finale. Millie, la tante des deux cousins, joue un rôle majeur dans le roman car elle cache les armes de Pat dont elle est amoureuse. Quand elle apprend qu'Andrew a été rejetté par sa fiancée supposée, elle initie le jeune homme à l'amour. Ce personnage pertubateur fascine littéralement tous les hommes de la famille dont un oncle, fou amoureux d'elle. A travers les deux cousins, Iris Murdoch analyse les rapports des deux pays, si proches et si lointains. Andrew avoue ne rien comprendre : "Je ne comprends rien de ces histoires de domination. Personne ne juge les Irlandais inférieurs". Ces six jours de soulèvement préfigurent la naissance de la République irlandaise et surtout la guerre civile qui s'ensuivit. Comme dans les romans de l'écrivaine, la psychologie l'emporte sur l'action et chaque personnage est ciselé par le style inimitable de la grande écrivaine anglo-irlandaise. Un roman étonnant, dense, complexe à découvrir par curiosité.