Je veux rendre hommage à un grand écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, emprisonné arbitrairement par un gouvernement impitoyable et aveugle aux arguments humanitaires. Accusé d'atteinte à l'intégrité du territoire national, il est emprisonné depuis le 16 novembre 2024 et souffre d'un cancer. J'ai vu récemment un documentaire, tourné en 2010, sur Arte, un reportage très éclairant, très juste sur sa vie et sur son oeuvre. Né en 1949 en Algérie, l'écrivain raconte avec émotion le mariage d'amour entre ses parents mais, le petit garçon n'a rencontré sa mère qu'à l'âge de six ans. Il raconte son pays, déchiré par la guerre d'indépendance, les attentats, la violence, le chaos politique. Ses désillusions sur l'après-guerre se confirment au fil des ans. Ingénieur et économiste de formation, il rejoint la haute fonction publique dans le ministère de l'industrie. Il publie "Le serment des Barbares" en 1999. Sa carrière d'écrivain démarre avec force et il est reconnu aussi bien dans son pays qu'à l'étranger. Mais, il reste très critique sur son pays, sur la corruption des élites et surtout sur l'islamisation de la société. Son cri de rage sur l'asservissement du peuple algérien dérange les autorités. Comme il compare l'islamisme au nazisme, ses romans sont censurés dans son propre pays. Le site Gallimard semble très actif pour le soutenir et organise des débats pour alerter l'opinion publique bien dormante. Un écrivain qui se bat contre tous les obscurantismes ne peut pas croupir en prison. Son courage exemplaire pour sauver la liberté d'expression, la liberté tout court devrait nous encourager à suivre son exemple. Dans le texte sur le site Gallimard, on peut lire : "Boualem Sansal est une grande voix internationale de la francophonie et de l'universalisme ; son oeuvre a été deux fois récompensée par l'Académie française". Pour soutenir ce grand écrivain, il faut tout simplement lire ses romans saisissants de lucidité, d'humanisme, d'esprit du XVIIIe, le siècle des Lumières. Un ouvrage vient de paraître : "Discours pour le Prix de la paix des libraires et éditeurs allemands" du 16 octobre 2011. J'ai relevé cette citation de Boualem Sansal : "Camus disait : "Ecrire, c'est déjà choisir". Voilà, c'est ce que j'ai fait, j'ai choisi d'écrire. Et j'ai eu raison de le faire". Espèrons qu'il soit libéré le plus tôt possible.