vendredi 12 décembre 2025

Atelier Littérature, Marie-Hélène Lafon, 1

 L'Atelier Littérature du jeudi 11 décembre s'est donc tenu dans le salon-bar, "Jetez l'ancre". Nous étions peu nombreuses car six amies lectrices n'étaient pas disponibles. J'avais choisi Marie-Hélène Lafon pour son talent d'écriture et pour la description quasi sociologique d'un monde disparu, celui des paysans du Cantal. Agnès a présenté "Nos vies", publié en 2017 chez Buchet-Chastel. La narratrice regarde et imagine la vie des autres, surtout celle de Gordana, une caissière dans une superette à Paris. Elle observe les clients dont un homme qui s'obstine à venir chaque vendredi matin. En parlant des autres, elle remonte le "fil de sa propre histoire". Agnès a éprouvé une certaine gêne quand l'écrivaine décrit le physique de Gordana mais elle s'est laissée emporter par le thème du roman, celui de la solitude dans les grandes villes. Marie-Christine a renoncé à poursuivre sa lecture. Trop triste, trop misérabiliste ? Elle a préféré de loin la biographie romancée de Cézanne, "Des toits rouges sur la mer bleue", publié en 2023. Elle a bien aimé l'ambiance familiale et amicale du récit dans la propriété du Jas de Bouffan avec les parents du peintre, le jardinier Vallier, le docteur Gachet, Flaubert et Zola. Et les silences aussi prennent aussi une place importante. Marie-Christine nous a lu le portrait du jardinier. Cet ouvrage sur Cézanne détonne dans l'ensemble des écrits "lafoniens" car il dégage une lumière et une chaleur que l'on ne retrouve pas toujours dans ses romans. Un beau récit à découvrir pour Cezanne et pour la Provence (ça change du Cantal) ! Odile Ba a lu "Les Derniers Indiens", publié en 2008 et, évidemment, elle a bien aimé ce huis-clos familial entre une soeur, la narratrice, et un frère muet, deux célibataires à la retraite. Lui garde le silence et elle, elle se parle à elle-même. Les voisins semblent mener une vraie vie en tribu et eux, sont sur le bord de la route. Tristesse, amertume, rancoeur, ces sentiments imprègnent les pages du livre et ce n'est pas toujours réjouissant à lire. En plus, Marie, la soeur qui pourrait vivre comme ses voisins, découvre l'horreur du geste de son frère sur sa jeune voisine, Alice. Ce roman d'une noirceur évidente peut décourager de nombreux lecteurs et lectrices mais, l'écrivaine possède l'art d'observer les "perdants" de la vie, les invisibles qui subissent une vie étriquée et restreinte. Elle pose un regard de sociologue littéraire sur ces "derniers Indiens" d'une terre austère et empêchée. A travers ses personnages solitaires et mal-aimés, elle révèle que la vie n'est pas toujours douce et sereine pour les "simples". (La suite, lundi)