J'avais repéré ce roman, "Douce menace" de Léa Simone Allegria, dans une rubrique littéraire d'un hebdomadaire. Le personnage central du roman s'appelle Michele Merisi, dit Le Caravage. Comme j'aime beaucoup ce peintre "maudit" dont les toiles fascinent dès qu'on les voit à Rome, à Paris au Louvre et dans divers musèes de la planète, j'ai donc lu ce roman très italien, publié chez Albin Michel. Lea Simone Allegria (française d'origine italienne) possède une solide culture artistique et pourtant, plus je lisais ces pages, plus je m'ennuyais tellement le roman étale des paragraphes sortis des guides touristiques sur Rome. Deux histoires cohabitent : un couple de "bobos" parisiens. Lui est un écrivain connu, Nino Malaval, invité à débattre dans la très chic librairie Stendhal. Sa maîtresse, Alba, le rejoint dans son hôtel de luxe avec un tableau du Caravage, le "Bacchus malade". Elle a déniché cette toile chez un antiquaire romain. Experte en oeuvres d'art, Alba est persuadée que cette copie est un vrai. L'autrice intègre dans son récit présent des moments de la vie du peintre avec ses excès, sa violence, sa méthode pour peindre ses personnages. Ce n'est plus un guide touristique mais des extraits d'un livre d'art sur la mode du caravagisme avec l'introduction du clair-obscur. Les aventures rocambolesques du peintre fournissent à la narratrice l'opportunité de raconter un destin singulier, celui d'un homme d'une époque baroque flamboyante. Les deux amants rencontrent la directrice de la galerie Borghese pour authentifier le tableau. Cette copie devient aussi l'alibi pour évoquer ce phénomène courant, le plagiat dans le monde de la peinture. Le roman se transforme alors en thriller pour cacher le tableau alors que la police s'en mêle. Certains critiques ont salué "la fougue" de l'autrice qui "dévoile les arcanes du caravagisme". D'autres ont relevé les défauts du texte, un style maniéré, l'histoire du couple adultère d'une banalité rare. J'ai lu jusqu'au bout cette biographie romancée du Caravage tellement j'aime l'Italie ! Mais, Léa Simone Allegria aurait du se limiter au peintre lui-même et éviter le ressort romanesque de ce couple improbable. J'évite souvent de ne pas émettre un avis négatif sur un roman qui a, certainement, donné beaucoup de travail à son autrice. Dommage pour Rome et Le Caravage. Il vaut mieux lire le Rome de Stendhal et le roman de Dominique Fernandez, "La Course à l'abîme" sur ce peintre génial.