Un roman de la rentrée littéraire a attiré mon attention : "Un autre m'attend ailleurs" de Christophe Bigot, publié chez La Martinière. Le personnage principal s'appelle tout simplement Marguerite Yourcenar et comme j'aime beaucoup cette écrivaine, j'ai eu la curiosité de découvrir cette histoire romanesque. L'auteur évoque le dernier amour de Marguerite Yourcenar à la fin de sa vie après le décès de sa fidèle compagne, Grâce Frick. Elle entame une relation quelque peu scandaleuse pour son entourage car elle s'est entichée d'un jeune photographe américain, Jerry Wilson, homosexuel et leur différence d'âge, presque trente ans, n'a pas effrayé la grande dame des lettres françaises. Cette histoire romanesque lui rappelait son amour impossible et douloureux avec André Fraigneau, lui aussi homosexuel qui avait rejetté Marguerite dans sa jeunesse. Devenue une gloire internationale de la littérature, honorée par l'Académie française, l'écrivaine, pourtant un peu exilée dans sa presqu'ile à Petite-Plaisance, reçoit sans cesse des sollicitations d'interviews, d'émissions télévisuelles et d'articles de presse. Une équipe de télévision de FR3 vient la filmer et elle découvre alors ce jeune homme si beau, si brillant, un Antinous à elle. Le souvenir d'Hadrien ne la quitte jamais. Elle l'invite à nouveau dans sa résidence et il organise pour elle ses voyages qu'elle adore : Paris, l'Egypte, San Francisco, le Japon. Pour lui, elle fait le régime, devient coquette, s'imagine devenir son amante. Au fil du temps, la personnalité de Jerry se dévoile : inquiétant, sombre, et il s'adonne à la drogue. Il lui impose un amant de passage. Il finit par contracter le sida et mourra de cette maladie du XXe siècle. Cette épisode méconnue dans la biographie de l'écrivaine se lit avec beaucoup d'intérêt. On y croise Claude Gallimard, d'Ormesson, Pivot, Matthieu Galey. Je ne rélève, heureusement, aucun jugement moral de la part de Christophe Bigot. Bien au contraire, il éprouve une empathie totale pour ce couple improbable et pathétique. A la veille de sa mort, Marguerite Yourcenar n'oubliait pas l'amour, la passion des voyages, de la littérature. Cette femme n'était pas sculptée dans le marbre de la célébrité littéraire. C'était aussi un femme, vivante, une amoureuse de la vie. Un roman biographique à découvrir !
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