Après Santander, je suis partie à Santillana del Mar, une petite cité médiévale que notre écrivain national, Jean-Paul Sartre, a qualifié de "la plus jolie ville espagnole" dans "La Nausée". Avec Simone de Beauvoir, il voyageait beaucoup mais je n'ai trouvé aucune trace de leur passage à Santillana ! J'ai bénéficié d'une belle éclaircie dès le matin pour déambuler dans les rues pavées de la commune. Placettes, maisons à balcons, boutiques anciennes, palais, toute l'architecture romane se déploie avec un respect total pour son passé. Le nom de la cité vient de Santa Juliana dont les reliques sont conservées dans la collégiale de la ville, le monument le plus emblématique datant du XIIe siècle. La Colégiale se compose d'une église, d'un cloître et d'un musée diocésain témoignant de l'art médiéval en Espagne. Le cloître est particulièrement splendide avec ses colonnes doubles et ses chapiteaux finement sculptés de motifs géométriques et figuratifs. Dans l'église, un rétable polychrome composé de tableaux et de figurines embellit l'espace. Le sarcophage de Santa Juliana trône au milieu de l'allée centrale. J'ai aussi visité un musée d'un sculpteur espagnol, José Otéro, peu connu en France mais une gloire locale en Espagne. Je savais que Santillana del Mar remontait à la Préhistoire avec la présence des grottes d'Altamira, célèbres pour leurs peintures rupestres du Paléolithique supérieur. Baptisées souvent de "Chapelle Sixtine de l'art", elles ont été découvertes à la fin du XIXe. Evidemment, comme la grotte de Lascaux, les visiteurs se contentent d'une grotte en fac-similé, assez spectaculaire au demeurant. Des bisons et des chevaux ornent les parois. Mais, selon le philosophe Walter Benjamin, il manquait à ce décor reconstitué la notion d'aura, l'aura d'une oeuvre d'art, son "hic et nunc", son "ici et maintenant". Le philosophe évoque l'aura comme "l'unique apparition d'un lointain si proche". Seules, deux cents personnes par an, tirées au sort, peuvent visiter la vraie grotte ! Heureusement, le musée d'Altamira présente des pièces authentiques : os gravés, flèches et silex, figurines féminines, etc. La vie quotidienne des Homo sapiens est relatée d'une façon ludique pour ne pas "ennuyer" les visiteurs. Après l'étape d'Altamura, j'ai retrouvé l'océan à Suances, petite station balnéaire, située au pied d'immenses falaises, un vrai repaire de surfeurs. La playa des Locos, la plage des fous, a conservé un aspect sauvage, rare de nos jours. (La suite, demain)
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