Après Polignano a Mare, j'ai visité le jeudi matin, le site archéologique d'Egnazia. Je ne manque jamais un site ancien tellement l'Antiquité gréco-romaine me passionne. J'ai vu sur ce lieu des archéologues accroupis sur le sol et le grattant avec précaution. Je me disais que j'aurais bien choisi ce métier pour trouver même un minuscule tesson d'une poterie trois fois millénaire. La ville, citée par des auteurs classiques, avait une position géographique stratégique entre l'Occident et l'Orient. Habitée par les Lapyges, puis par les Messapiens et les Romains, vers la fin du VIe siècle av. J.-C., il ne reste plus grand chose sur le terrain. Les archéologues ne connaissent pas les raisons de son abandon. Mais, les traces des murs révèlent l'habitat, des échoppes, des thermes, un théâtre, un temple et des rues pavées dont la voie de Trajan qui reliait Bénévent à Brindisi. Situées en bord de mer, ces ruines dégagent une mélancolie sur le vertige du temps. Le musée archéologique du nom de son directeur, Giuseppe Andreassi, est situé à l'extérieur des murs d'enceinte de l'ancienne Gnathia. Ce musée est une vraie merveille et même si sa dimension reste modeste, il propose un parcours sans faute pour connaître l'histoire des peuples anciens : poteries, jarres, objets de la vie quotidienne, vases grecs, bijoux, etc. Une mosaïque romaine, celle des Trois Grâces, montre trois femmes joyeuses et espiègles, un éloge de la jeunesse insouciante. Une pièce unique a attiré mon attention : un banquet en terre cuite lors d'une cérémonie funèbre. Au sous-sol, un aquarium géant montre les relations maritimes d'Egnazia avec le reste du monde : amphores, vestiges de bateaux, prolongés par un système de vidéo interactive et immersif. Ce fut pour moi une découverte vraiment étonnante. Après cette étape archéologique, j'ai repris la route pour Ostuni, une antique cité messapienne, citée par Pline. Son passé byzantin, angevin et aragonais lui a donné une identité plurielle avec, en son centre ancien, une superbe cathédrale du XVe siècle. J'ai déjeuné dans un excellent restaurant sur un des remparts de la vieille ville où j'ai profité d'une vue magnifique sur la mer au loin. Le musée civique était fermé pour travaux. Mais, j'ai gardé un souvenir d'une blancheur toute grecque d'Ostuni. Plus loin, je me suis arrêtée à Ceglie Messapica où j'ai visité un petit musée archéologique assez intéressant. J'ai cherché en vain un autre musée, celui consacré à Emilio Notte, un peintre italien du mouvement futuriste, originaire du village. Mystère autour de ce musée ! C'est le charme de l'Italie, celui de l'imprévu, de l'illusion, de l'éphèmère. Le guide du Routard devrait vérifier ses sources. Dans les chambres d'hôte de Carovigno, il fallait être très douée en informatique pour ouvrir les portes de nos chambres. Aucun accueil, la modernité déshumanisée sévit aussi dans les Pouilles ! C'est bien dommage de se priver de ces contacts humains même superficiels et brefs, surtout quand on aime entendre parler la langue italienne...
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