vendredi 17 octobre 2025

Atelier Littérature, Emmanuel Carrère, 1

Les lectrices de l'Atelier étaient presque toutes présentes au deuxième rendez-vous de la saison, ce jeudi 16 octobre dans notre nouveau lieu, "Jetez l'encre". Au menu littéraire de l'après-midi : l'écrivain Emmanuel Carrère et les coups de coeur. Véronique a lu "La Moustache", publié en 1986. Ce texte pose la question de l'identité, de la folie. Le personnage central se rase la moustache un matin et personne, ni sa femme, ni ses amis ne le remarquent. L'histoire va mal finir. Véronique, malgré la bizarrerie de l'anecdote, a bien apprécié ce drame parfois kafkaïen. Le thème du roman conserve une actualité permanente : qui suis-je ? Janelou a présenté "L'Adversaire", publié en 2000, le livre le plus connu de l'écrivain, basé sur l'horrible crime de l'affaire Romand en 1993. Cet homme, dont la vie n'est que mensonge pendant 17 ans, a tué sa femme, ses deux enfants et ses parents. Il n'était pas médecin comme il le prétendait. Quand un membre de sa famille lui demande de rembourser un prêt, il passe à l'acte. Emmanuel Carrère s'intéresse à ce criminel avec lequel il communique par courrier.  Janelou a vraiment évoqué cette enquête singulière et unique avec précision en citant des passages. L'auteur se demande si l'assassin n'est pas le "jouet de l'Adversaire, de Satan" dans une référence biblique. Ce reportage lucide, sincère, authentique dans l'enfer de cet homme "inhumain" révèle tout le talent d'Emmanuel Carrère pour tenter l'impossible : essayer de comprendre des actes incompréhensibles. Odile Ba et Geneviève ont lu "Un roman russe", publié en 2007. L'écrivain poursuit sa démarche autobiographique en proposant trois récits dans ce texte : l'histoire d'un prisonnier hongrois capturé par l'Armée rouge en 1944, la vie désastreuse de son couple, la disparition de son grand-père maternel, exécuté après la Libération à cause de sa collaboration avec les Allemands. La construction du récit entremêle ces trois récits avec un point commun : le narrateur omniprésent qui raconte ses relations tumultueuses avec une jeune femme, Sophie, ses souvenirs familiaux avec sa mère, Hélène en dévoilant le secret du grand-père. Des lectrices ont remarqué l'extrême narcissisme de l'écrivain. Il faut dépasser ce niveau psychologique pour apprécier le projet d'Emmanuel Carrère : traquer les zones d'ombre dans chaque individu, remettre en question l'héritage familial. Ecrire pour lui ressemble peut-être à une "thérapie" pour mettre à distance ces hantises et ses angoisses. (La suite, lundi)

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