vendredi 1 août 2025

"Lucy face à la mer", Elisabeth Strout

 J'ai découvert récemment l'écrivaine américaine, Elisabeth Strout, avec son dernier roman, "Lucy face à la mer", publié en 2024 chez Fayard. Je l'ai lu sans savoir que c'était le troisième tome d'une suite : "Je m'appelle Lucy Barton" et "Oh, William". Lucy, la narratrice, romancière connue et appréciée, âgée de soixante-cinq ans, vit à New York et elle vient de perdre son compagnon, musicien. Son ex-mari, William, lui propose de partager une maison face à la mer dans le Maine car le Covid vient de surgir dans la vie des Américains et provoque comme en Europe une période de confinement en 2020. Malgrè leur divorce de longue date, le couple s'était séparé à cause des infidélités de William. Leurs retrouvailles se déroulent à merveille dans ce lieu magique au bord de la mer. Ils ont deux filles adultes qu'ils ne peuvent pas voir à cause de l'épidémie. La vie peut réserver des tournants inattendus même en temps de crise intense. Son passé resurgit dans cette maison paisible et elle mesure le chemin qu'elle a parcouru car son enfance dans une famille pauvre et problématique la hante souvent. Le texte d'Elisabeth Strout prend la forme d'un journal intime, découpé en petits paragraphes qui racontent la vie quotidienne du couple, leurs balades dans ce décor de rêve, leurs rencontres avec des voisins, les nouvelles de leurs filles, des réflexions sur la crise du Covid, sur le monde américain. Ces petits riens composent un roman impressionniste d'une délicatesse toute féminine. William a été abandonné par sa troisième épouse et se rapproche de Lucy en la protégeant du danger covidien. Autour d'eux, un paysage hivernal avec une mer grise. Quand arrive le printemps, la narratrice ressent un bonheur de vivre avec un mari qui s'est rendu compte de ses erreurs, ses filles aimantes malgré leurs problèmes, la présence de la mer réparatrice, la solitude créatrice, la conquête de la sérénité à l'aube de la vieillesse. L'écrivaine décrit aussi l'ambiance anxiogène de la période covid : masques obligatoires, gel hydroalcoolique, litanie quotidienne des morts, peur de la contagion, familles empêchées, relations sociales distanciées. Elisabeth Strout utilise une écriture blanche, sans fioritures, simple et parfois poétique. Un roman à découvrir pour se souvenir de cette étrange période de la pandémie en 1920 et pour découvrir la puissance régénératrice de l'océan. 

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