mardi 2 septembre 2025

"Journal. Les années d'exil, 1969-1989, tome 3", Sandor Marai, 1

 J'ai toujours apprécié les journaux intimes littéraires. J'ai découvert que l'écrivain hongrois, Sandor Marai, avait écrit un journal intime. J'ai donc lu les trois tomes : "Journal. Les années hongroises, 1943-1948", puis "Journal. Les années d'exil, 1949-1967", et le dernier, "Journal. Les années d'exil, 1968-1989", publiés chez Albin Michel de 2019 à 2023. Obligé de quitter son pays devenu communiste, il savait que tous ses romans et essais étaient interdits. Il était considéré comme un ennemi de classe, un bourgeois conservateur. Dans ce troisième tome, plus crépusculaire que les précédents, j'ai retrouvé la lucidité, le courage et la curiosité de Sandor Marai. La lucidité se trouve dans son regard "politique" sur le monde au XXe siècle avec sa méfiance viscérale du communisme et ses critiques pertinentes sur les démocraties libérales. Il peut se montrer prémonitoire sur la pollution, sur les ravages, provoqués par les humains sur la nature et sur la notion d'écologie. Il observe aussi les conquêtes médicales sur le corps humain et évoque le transhumanisme. Il étrille Richard Nixon, traite Khomeyni de "prêtre fou, sadique et sanguinaire", déteste Mao, critique le pape qui interdit la contraception. Des événements le marquent aussi comme Mai 68, le Printemps de Prague, l'assassinat d'Aldo Moro, la guerre des Malouines. Son courage lui permet de supporter avec philosophie son exil, que ce soit à Salerne en Italie ou aux Etats-Unis. Il vit loin de son pays natal, de ses racines, de sa famille, de sa langue, de ses traditions et il lui faut un courage presque surhumain pour supporter cette rupture. L'amour de son épouse le soutient sans cesse et sa force intérieure est renforcée par sa vocation d'écrivain. Il conserve cette lumière que lui procure l'écriture, son chemin de vie. En Italie, de 1967 à 1980, il subit l'ambiance toxique des attentats pendant les années de plomb : "Les contrats sociaux d'une civilisation craquent de toutes parts". Ces  notations sur son époque révèlent un homme curieux, concerné, citoyen du monde, un grand lecteur, passionné de littérature. Sa curiosité insatiable donne au journal un intérêt sur cette époque du XXe pas si lointaine que ça. (La suite, demain)

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