lundi 21 juillet 2025

"L' Accident", Jean-Paul Kauffmann, 1

 Je viens de lire avec un grand plaisir le dernier ouvrage de Jean-Paul Kauffmann, "L'Accident", paru cette année. Je connais bien cet écrivain depuis des années et je l'ai découvert avec "La Maison du retour", en 2007 où il évoque sa captivité au Liban de 1985 à 1988. Trois ans d'une vie d'otage, trois ans de souffrance, trois ans où il a senti la mort sur lui. A cette époque, son épouse Joëlle, s'est engagée activement pour sa libération. Dans les Landes, il avait acquis cette ferme pour se reconstruire, pour mener une vie normale. J'avais déjà remarqué l'élégance feutré de son style et aussi sa personnalité teintée d'une modestie inhabituelle pour un auteur. J'ai ensuite lu "La Lutte avec l'Ange", une enquête spirituelle sur le peintre Delacroix, puis une biographie de Raymond Guérin, un écrivain bordelais peu connu. Son livre, "Remonter la Marne" en 2013, dressait un panorama d'une région française injustement oubliée. J'ai évidemment apprécié au plus haut point, "Venise à double tour", un récit magnifique sur les églises abandonnées de la cité. Son dernier opus, "L'Accident", paru chez l'éditeur Equateurs, me semble le plus intimiste, le plus profond de toute son oeuvre. Il relate dans ce texte important un effroyable accident de la route, survenu le 2 janvier 1949, dans son village de Corps-Nuds en Bretagne. Dix-huit jeunes footballeurs ont trouvé la mort dans cette tragédie. Ce fait divers a frappé le jeune garçon de l'époque et il se saisit de ce traumatisme pour évoquer son enfance dans ce petit village où tout le monde se connaissait. Le parallèle entre cet accident dramatique dans sa petite enfance et son accident personnel, sa captivité au Liban, quarante ans plus tard, compose ce récit autobiographique. Jean-Paul Kauffmann mène une enquête sur la mort accidentelle de toute une jeunesse de son village et il se penche sur le passé familial pour comprendre la matrice de sa personnalité. Car, grandir dans cette communauté harmonieuse, unie, l'a rendu fort et cette éducation, à la fois républicaine et religieuse qu'il a reçue, lui a permis de survivre au Liban lors de sa prise d'otage pendant trois ans. Né en 1944 dans une famille catholique, l'auteur décrit le foyer familial avec tendresse : un père boulanger et une mère au foyer qui, évidemment, aidait son mari à tenir la boutique. "Cette enfance joyeuse des années 1950", je l'ai vécue moi-même et plus j'avançais dans ma lecture, plus j'avais l'impression de l'avoir écrit. Un phénomène mimétique de la littérature. Dans sa captivité, il rêvait de cette enfance innoncente, une bouée de sauvetage. 

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