Je suis partie à Naples la semaine dernière mais avant d'arriver dans cette cité volcanique dans tous les sens du terme, j'ai effectué quelques chemins de traverse. De Paestum à Cumes en passant par la Côte amalfitaine, j'ai parcouru quelques centaines de kilomètres pour découvrir des lieux encore inconnus. Il y a six ans, j'avais pourtant visité le site de Paestum à 80 kilomètres de Naples qui m'avait impressionnée par la beauté de ses temples grecs. Le soir de mon arrivée, du restaurant jouxtant le site archéologique, j'ai observé le crépuscule s'allongeant sur les colonnes et le spectacle de l'illumination des colonnes a apporté une dose de magie supplémentaire. Dès l'ouverture matinale, j'ai arpenté Paestum quasiment sans groupe organisé avec l'animateur en tête de file agitant son drapeau ! Effets du tourisme de masse ! Les trois temples peuvent se visiter même à l'intérieur, baptisés par les noms de dieux grecs : Héra, Apollon et Athéna. Colonie grecque fondée en 600 av. J.-C. au sud de Salerne, elle est devenue romaine en 273 av. J.-C. et a pris le nom de Paestum après Poséidonia. Le temple d'Héra, très bien conservé, mesure plus de 50 mètres de long sur 24 mètres de large. D'architecture dorique, ces édifices religieux dégagent une poésie d'un passé profond. Imaginons ces centaines d'années pendant lesquelles les autochtones n'ont pas jeté un regard sur ces drôles de bâtiments, composés d'un toit et de colonnes comme si des extraterrestres avaient édifié comme à l'île de Pâques des espaces religieux surdimensionnés. L'esprit du sacré règne dans ce lieu mythique. Après ma promenade rêveuse et songeuse sur les sentiers menant aux temples grecs, conservés dans un état exceptionnel, j'ai terminé ma visite au musée de Paestum qui présente les célèbres fresques d'un banquet et du plongeur, découvertes dans une tombe de la nécropole. Ces panneaux peints sur calcaire dites fresques lucaniennes montrent des scènes de bataille, des chevaux, des guerriers. Ces témoignages picturaux demeurent les seules traces de cette civilisation perdue dans les limbes du temps. La Tombe du Plongeur a inspiré un roman de Pascal Quignard, "Boutès" et l'écrivain archéo-nostalgique imagine la vie de cet homme, compagnon d'Ulysse et ne pouvant résister à l'appel mélodieux d'une sirène au large de la baie de Naples. Ce plongeon vers la mort ou l'éternité symbolise la finitude de la vie sur terre avec ce mystère insondable : et après ? Dans ce musée, cette vision du Plongeur et des banquets constitue une plongée vers ce passé inconnu, mystérieux et fascinant pour tous ceux et celles qui aiment voyager dans le temps si lointain et pourtant si proche de nous.
des critiques de livres, des romans, des moments de lectures, des idées de lecture, lecture-partage, lecture-rencontre, lectures
lundi 25 septembre 2023
vendredi 15 septembre 2023
"La Chartreuse de Parme", Stendhal, 2
Notre Fabrice Del Dongo se voit contraint de fuir Parme pour échapper à la prison. Le comte Mosca, l'amant de sa tante Gina, le protège car il est fou amoureux de sa tante. A Bologne, Fabrice s'entiche d'une chanteuse d'opéra, La Fausta, qui est en couple avec le comte M. Après quelques péripéties d'un nouveau combat où il blesse le comte, Fabrice se réfugie de nouveau à Parme. Mais, il est rattrapé par sa naïveté et se retrouve emprisonné dans une forteresse au sommet de la tour Farnèse. Le roman prend alors une dimension passionnelle car le jeune homme aperçoit la fille du commandant de la forteresse, Clélia Conti. Cet enfermement lui procure en fait une douceur particulière car il parvient à communiquer avec la jeune fille en utilisant des codes. Avec son aide et celle de sa tante, il parvient à s'échapper. Le commandant a pris une dose de laudanum qui le met en danger de mort. Prise de remords, Clélia se promet de ne plus revoir Fabrice. Pour satisfaire son père, elle se marie avec un marquis qu'elle n'aime pas. Fabrice se réfugie avec sa tante à Locarno en Suisse. Mais il se languit de Clélia et après quelques accommodements politiques arrangés par le comte Mosca, plus puissant que jamais à Parme, il apprend le mariage de Clélia et fou de désespoir, il retourne en prison. Après des mois de détention et de nouveau libre, il devient prédicateur. Sa réputation grandit au fil du temps et Clélia finit par le retrouver tellement ils s'aiment depuis toujours. Comme elle a promis de ne jamais le voir, ils se rencontrent dans l'obscurité. Un fils naît de cette union clandestine. Alors que Fabrice est privé de ce fils, il l'enlève pour le voir grandir mais Sandrino tombe malade. L'enfant meurt quelques mois plus tard. Clélia en apprenant cette perte, décède elle aussi. Et Fabrice retiré dans une chartreuse, meurt de chagrin à son tour. Cette fin tragique se voulait d'un romantisme absolu où l'amour vrai n'a pas sa place en société. "La Chartreuse de Parme" se lit presque comme un thriller policier, mais aussi comme un traité de politique, et surtout comme un roman d'amour sublime. Je l'ai relu avec une admiration grandissante car j'avais oublié beaucoup d'évènements et à l'époque, je ne devais pas saisir l'arrière-plan historique. Stendhal a écrit un chef d'œuvre en deux mois en juxtaposant une série d'histoires rocambolesques avec deux héros majeurs : Fabrice et Clélia. Leur histoire d'amour qui finit pourtant très mal illumine cette histoire. Ce texte classique foisonnant et complexe sur les intrigues politiques raconte une comédie humaine en Italie et le charme italien opère à merveille. Stendhal ou le génie littéraire français. Dorénavant, je l'inscris dans mon programme de relectures avec en tête de liste "Le chroniques italiennes", "Le Rouge et le Noir", surtout son journal intime et ses écrits sur voyages en Italie. Il n'y a pas de meilleur guide que lui pour visiter l'Italie !
mercredi 13 septembre 2023
"La Chartreuse de Parme", Stendhal, 1
Quand je suis partie en Italie du Nord en avril dernier, j'ai choisi quelques cités les plus belles comme Bergame, Mantoue, Ferrare, Parme et Pavie. Avant de partir, je me "conditionne" comme un sportif en prenant des vitamines et mes vitamines à moi portent le nom de livres. Comment préparer mon approche de Parme par exemple ? En lisant tout simplement, le chef d'œuvre de notre cher Stendhal, "La Chartreuse de Parme". Avant de partir, j'ai relu avec une certaine appréhension ce classique que je n'avais pas fréquenté depuis mes études de lettres. J'en gardais un souvenir émerveillé et je craignais d'être déçue avec cette deuxième lecture. Publié en 1839 en deux volumes, Stendhal l'a composé en 52 jours ! Il avait dédicacé son roman aux "To the Happy Few", car son livre sera peu lu en dehors de quelques critiques et des amateurs de littérature. L'intrigue stendhalienne démarre à Milan en 1796 quand Napoléon Bonaparte mène sa campagne d'Italie contre la domination autrichienne. Le marquis Del Dongo, partisan de l'Autriche, est contraint d'accueillir les soldats français. Fabrice, le personnage central, serait né d'une idylle entre le lieutenant Robert et la jeune marquise Del Dongo. Le jeune homme vit près du lac de Côme entre sa mère et sa tante, Gina, mariée au comte Pietranera. Les armées napoléoniennes sont vaincues et Milan tombe dans les mains des Autrichiens. Fabrice rencontre un abbé nommé Blanès qui lui donne une éducation politique. Il décide de retrouver l'empereur à Paris en passant par Lugano, Pontarlier et Paris. En vain, l'empereur ne sera pas au rendez-vous. Il part rejoindre les troupes de Napoléon à Waterloo mais sa participation à la bataille tourne au fiasco. Stendhal dénonce à sa façon la guerre non pas héroïque mais absurde. Fabrice ne comprend rien au déroulement des combats. Il revient chez lui mais son père le chasse et il s'installe alors, après quelques escapades, à Parme chez sa tante Gina, devenue veuve et remariée avec le duc Sanseverina. Il renonce à une carrière militaire et se tourne du côté des affaires religieuses en passant trois ans à Naples dans une académie ecclésiastique. Mais Fabrice, le protégé de l'archevêque de Parme, vit quelques aventures amoureuses dont celle avec une comédienne. L'amant de la jeune femme, acteur comique de la troupe, attaque Fabrice mais celui-ci se défend à l'épée et tue cet homme trop jaloux. A partir de ce crime, le destin de Fabrice va changer. (La suite, demain)
mardi 12 septembre 2023
Le S.O.S. des librairies françaises dans le monde
Je lis régulièrement l'excellent blog de Pierre Assouline, "La République des Livres". Cet écrivain vient de constater l'éventuelle disparition programmée des librairies françaises qu'il qualifie d'expatriées. Il existe 250 librairies françaises dans le monde mais elles souffrent beaucoup pour plusieurs raisons : loyers trop élevés, l'inflation, la crise de l'énergie, la concurrence des ventes en ligne. Ces commerces ont subi la crise sanitaire et depuis, elles ont du mal à remonter la pente. Le covid les ont fragilisées. Sans parler des frais de port, de douane et d'autres charges. Pierre Assouline écrit : "Les libraires français du bout du monde sont à bout et mettent la clef sous la porte". A Tokyo, à Jérusalem, à Beyrouth, à Shangaï et dans d'autres endroits de la planète, ces librairies s'éclipsent et laissent un champ libre pour d'autres commerces plus rentables. Dans ces grands métropoles étrangères, la langue française se sera plus représentée. Ces espaces francophones et francophiles symbolisaient des petites "France". Je me souviens de celle de Rome, proche de l'ambassade française, et portant un beau symbole, "La librairie Stendhal". J'avais remarqué son fonds exceptionnel qui mettait à l'honneur le patrimoine littéraire et proposait des animations de qualité. J'étais repartie avec un livre, évidemment ! Quel plaisir de trouver sur son chemin cette librairie fréquentée par des Italiens amoureux de notre pays et par des touristes comme moi. L'auteur du blog ajoute : "Je puis témoigner du dévouement quasiment militant des ces libraires qui sont autant d'ambassadeurs de la France un peu partout dans le monde. Ils y portent la parole, la langue et la culture française autrement que les institutions". Plus loin, il regrette cet état de fait : "Voir disparaître une seule de ces librairies est un crève-cœur". Je suis allée voir le site internet des librairies francophones et certaines sont baptisées ainsi : "Clair du monde", "Folies d'encre", "Le paradis des livres", "Le temps retrouvé", "Mille feuilles", etc. Partout en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe, il existe ces espaces "France", ces îlots d'excellence de culture française et sans tomber dans un patriotisme exacerbé, je ne comprends pas l'attitude de notre pays qui devrait "sanctuariser" ces librairies souvent peu rentables. La vague internet va peut-être condamner à moyen terme ces commerces magnifiques et irremplaçables. Dommage et regrettable ! Mais, elles n'ont pas dit leurs derniers mots, nos courageuses librairies à l'étranger. Un jour, elles rentreront en résistance.
lundi 11 septembre 2023
"Stupeur", Zeruya Shalev, 2
Atara est mariée avec Alexandre et ils ont un fils, Eden. Le jeune homme revient chez lui après quatre ans de service militaire. Il traverse une crise existentielle et sa mère craint le pire pour lui car elle a aperçu sur l'écran de son ordinateur des informations sur le suicide. Elle aussi analyse sa situation maritale avec un mari, Alexandre, professeur à la retraite, parfois compliqué à comprendre. Atara, architecte de profession, spécialisée dans le patrimoine, s'absente souvent du foyer familial pour son travail passionnant. Mais, une obsession la taraude : elle veut rencontrer Rachel pour comprendre le passé de son père. Cette femme l'obsède car elle cache un secret concernant son passé militant avec son père qui s'est montré toujours très sévère avec elle. Alors qu'elle se dirige en voiture au domicile de cette femme qui l'attire comme un aimant, son mari tombe malade et avec l'aide de son fils, ils vont à l'hôpital. Atara, prévenue de cet incident, poursuit sa route et finit par voir Rachel. La rencontre avec elle s'avère décevante et elle repart sans véritables informations sur son père. Quand elle retourne chez elle, son mari est revenu des urgences de l'hôpital mais il ne sent pas bien. Au fil des heures, son état se détériore et Atara ne mesure pas la gravité de la situation. Au petit matin, il s'effondre et meurt sous ses yeux. Cette catastrophe intime la tétanise et seul, son fils assume l'organisation de la semaine de deuil. Alors qu'elle reçoit tous ses proches et toutes ses relations, elle fait connaissance du fils ultraorthodoxe de Rachel qui a conduit sa mère chez elle pour lui présenter des condoléances. Cette présence l'apaise subitement. Que deviendra Atara ? Comment va-t-elle vivre son deuil ? Les monologues intérieurs d'Atara s'intensifient sur le couple qu'elle formait avec Alex, sur les relations avec son fils perdu, avec son père sévère, avec Rachel qu'elle veut mieux connaître. Malgré toutes les perturbations qu'elle traverse, Atara garde le cap, serre les dents et assume sa vie perturbée avec un instinct de vie, propre aux personnages de Zeruya Shalev dans tous ses romans. L'écrivain parle à travers Atara sur Israël, sur la guerre menaçante, sur les paysages urbains chaotiques et surtout sur l'emprise de la religion dans ce pays pourtant laïque à sa naissance. Cette héroïne du quotidien, pourtant pétrie de regrets et de remords, illustre aussi un désir d'avenir plus serein et plus stable. Zeruya Shalev pose cette question au cœur des ses œuvres : qui sommes-nous ? Comment connaître ses parents, ses enfants, ses proches ? Il y aura toujours des "points aveugles", dit l'écrivaine israélienne dans une émission sur France Culture. Quel roman coup de poing ! Un des meilleurs de la rentrée littéraire, le meilleur peut-être ? Oui, pour moi, c'est une évidence.
vendredi 8 septembre 2023
"Stupeur", Zeruya Shalev, 1
Dès que je pénètre dans l'univers romanesque de Zeruya Shalev, je ne quitte plus ses pages tellement elle a le don de capter l'attention de chaque lectrice (et lecteur). Tous ses romans ensorcellent, envoûtent, nous entraînent dans un tourbillon de réflexions sur son pays, Israël, sur les relations familiales, sur le couple, sur la vie, tout simplement. L'écrivaine est née en 1959 dans un kibboutz et sa famille compte plusieurs écrivains dont son cousin, Meir Shalev, et son propre mari. Elle a donc baigné toute petite dans cet océan de mots et d'idées. En 2004, elle est victime d'un attentat suicide dans un bus à Jérusalem. Elle en réchappe miraculeusement alors que dix personnes sont mortes dans l'attentat. Elle restera immobilisée plusieurs mois. Quand elle parle de son écriture, elle précise : "J'ai l'impression d'écrire comme un poète, en refusant de trop planifier, en portant une grande attention au rythme, aux métaphores, à la musique de la phrase". De "Vie amoureuse" à "Théra", en passant par "Mari et femme" et "Douleur", je ne pourrais pas choisir le meilleur d'entre eux. Puis, je me souviens de son chef d'œuvre, "Ce qui nous reste de nos vies", publié en 2014, son roman le plus abouti, le plus profond, le plus fort. J'attendais son dernier roman depuis 2017 et le voilà arrivé dans la vague de la rentrée littéraire : "Stupeur", titre bref, cassant, coupant et inquiétant, publié chez Gallimard dans la collection "Du Monde entier". Le personnage principal, Atara, se pose souvent la question de l'origine de son prénom. Au chevet de son père mourant, elle entend des propos confus sur sa première épouse, Rachel, alors qu'il ne l'évoquait jamais. A partir de cette énigme familiale, elle retrouve la trace de cette mystérieuse femme, très âgée aujourd'hui. Le père d'Atara et Rachel appartenaient à la branche armée des Combattants pour la liberté et agissaient avec violence contre l'autorité britannique qui gérait la Palestine dans les années 40. Rachel, la révolutionnaire, a aimé passionnément Mano, le père de Rachel mais cet amour fou s'est interrompu brutalement quand Mano a disparu sans laisser de traces. Toute sa vie, elle se posera la question lancinante de son abandon. Elle a refait sa vie avec un mari et deux fils en conservant le silence sur ses activités politiques clandestines de l'époque. De son côté, Mano a suivi un chemin conventionnel en renonçant à ses idéaux et en devenant un professeur d'université très reconnu. Les destins de Rachel et d'Atara vont enfin se croiser. (La suite, lundi)
jeudi 7 septembre 2023
Il y a cent ans, naissait Georges Perros
Comme j'écoute les podcasts littéraires sur France Culture, j'ai découvert une émission sur un écrivain français très peu connu et même oublié de nos jours. Il s'appelle Georges Perros et il représente un "OVNI" non identifié dans le panorama des lettres françaises. Pourtant, quel style ! Il se veut inclassable en composant des poèmes, des fragments, des correspondances, du théâtre et des essais. Je l'ai lu dès les années 80 et je conserve toutes ses œuvres dans ma bibliothèque. Cet écrivain singulier et attachant se lit encore un peu et il faut découvrir ses "Papiers collés" en trois volumes, publiés chez Gallimard. Le Book Club (encore un anglicisme sur la radio nationale !) a reçu le chanteur Miossec et l'écrivain Thierry Gillyboeuf pour évoquer l'écrivain, né en 1923 et mort en 1978. Les deux invités ont évoqué la "Correspondance 1968-1978" avec Pierre Pachet et le recueil de poèmes, "J'habite près de mon silence". Le poète écrivain a entamé sa carrière dans l'art dramatique à la Comédie-Française et il travaille aux côtés de Gérard Philippe, Jean Vilar, Maria Casarès, Maurice Jarre. Il commence à publier en 1963 dans la Nouvelle Revue française et traduit Tchekhov et Strinberg. Georges Perros se lasse du milieu parisien et se refugie à Douarnenez dans le Finistère. Avec son épouse, Tania, ils auront trois enfants ensemble. En 1961, paraît le premier volume de "Papiers collés", des notes et des réflexions qu'il griffonne sur des bouts de papier et qu'ils retravaillent après. La littérature est à l'honneur dans ses écrits avec des évocations de Kafka, Rimbaud, Hölderlin, Kierkegaard. Comment qualifier sa démarche créatrice ? Il se met au service d'une langue à la fois "dense et dépouillée" sans utiliser un vocabulaire précieux. Cet écrivain se voulait modeste, "un journalier des pensées", proche des grands moralistes comme Chamfort, Joubert ou Cioran. Sa poésie remarquable, concise et précise se lit encore avec admiration, en particulier son recueil, "Une vie ordinaire", un roman poème où il exprime le sens du quotidien poétisé. Dans ses "Papiers collés", il écrit cet aphorisme : "La mémoire est comme le dessus d'une cheminée. Pleine de bibelots qu'il sied de ne pas casser, mais qu'on ne voit plus". Humour, ironie, simplicité, culture littéraire, lucidité, Georges Perros est aussi un grand ami d'écrivains avec lesquels il correspondait comme Michel Butor, Jean Grenier, Jean Roudaut, Anne Philippe. Il est mort d'un cancer du larynx dans un hôpital parisien et il était contraint au silence après une opération des cordes vocales. Je me rendrais un jour prochain à Douarnenez pour découvrir sa ville et me recueillir sur sa tombe pour lui rendre hommage. J'aime ses "discrets" de la littérature française, des cachottiers qui nous susurrent des vérités douces et amères toujours teintées de mélancolie et d'une certaine tendresse pudique.