Claudie Hunzinger a obtenu le Prix Décembre en 2019 pour son ouvrage, "Les grands cerfs". J'ai lu quelques titres de cette écrivaine originale comme "La survivance" et "L'Incandescente". Son dernier opus s'intéresse passionnément aux cerfs, ces animaux de la forêt, mythiques et mystérieux. La narratrice, Pamina, le double de l'écrivaine, habite en montagne dans les Vosges avec son compagnon, Nils. Leur maison en pleine nature est entourée d'un clan de cerfs qu'ils entendent la nuit. Pamina, sous l'influence de Léo, un ami de passage et photographe animalier, va se lancer dans une expérience quasi "spirituelle" à l'affût des cerfs à partir d'une cabane cachée dans la forêt. Loin de la société consumériste et capitaliste, Pamina se vit comme une vraie rebelle "écologique" tel Thoreau dans sa cabane isolée. Elle conjugue son "je" au singulier prônant une forme de rupture avec la société. Elle les repère la nuit, affrontant la neige, le givre, le brouillard, la grêle. Pamina, fascinée par eux, leur donne un nom à chacun : Wow, Apollon, Geronimo. Tous "bruissent d'intelligence et de mouvements secrets". Tout un vocabulaire spécialisée surgit dans les pages : "les fumées, le frayage, l'empaumure, les mues". Quand ils perdent leur ramure, elle y voit un symbole : "Ces fragments disaient : tout est cassé. La sortie du Paradis s'accompagne d'une casse générale". Au fil de ses observations, elle admire la beauté des cervidés et devient elle-même un cerf. Sa transformation du genre humain à l'animal l'amène à "s'augmenter dans une sorte de bond dans la nuit". Pamina, prenant la défense de ces animaux libres et sauvages, déteste les chasseurs que l'on reconnaît "à leur pick-up, à leur tenue kaki ou à leur ressemblance avec Poutine". Sa phobie contre les prédateurs de ces chers frères, les cerfs, semble excessif mais son rôle de défense de la beauté animale semble radicale comme sa vie au fond des bois. Elle écrit : "Eux et nous, pionniers des mêmes parcelles abandonnées par les humains, exclus et comblés, nous nous y étions un même espace bourré de "refus", ronces et bruyères. Et de liberté. De liberté menacée". Elle s'insurge contre l'ONF qui gère leur élimination par les chasseurs, ces assassins, et ce monde de prédation la révolte au plus haut point. Ce roman "écologiste" et radical sent la forêt, la liberté, la sauvagerie et Pamina-Claudie compose une élégie pour ce monde épargné par la violence sociale. Pour l'auteur, les hommes possèdent une sauvagerie bien plus prégnante que les animaux. Cet ouvrage pose cette question…
des critiques de livres, des romans, des moments de lectures, des idées de lecture, lecture-partage, lecture-rencontre, lectures
lundi 27 avril 2020
vendredi 24 avril 2020
"Espèces d'espaces", 2
Georges Perec a écrit un chef d'œuvre à lire ou à relire : "La vie, mode d'emploi", prix Médicis en 1978. Ce texte, "Espèces d'espaces" rappelle l'écriture de ce roman-puzzle quand il aborde ce projet dans le chapitre sur l'immeuble. En ces temps de confinement obligatoire, les images des immeubles fusent sur nos écrans. A Paris comme en province, il faut dorénavant vivre cette cohabitation entre voisins qui parfois se passe bien, mais qui, parfois se dégrade en chamailleries diverses. Le chapitre sur l'immeuble se termine ainsi : "Dans les immeubles en général, les regarder ; lever la tête ; chercher le nom de l'architecte, le nom de l'entrepreneur, la date de construction". Le regard sur l'habitat se transforme en enquête pour connaître l'identité originelle de ces masses de pierre qui abritent les humains. Georges Perec manifeste ainsi son goût immodéré pour l'encyclopédisme, le savoir, les faits, les chiffres, l'histoire. Sa mémoire fouille le réel jusqu'à l'os. La même démarche d'exploration s'applique évidemment aux rues, aux quartiers, à la ville qu'il décrit avec une précision d'orfèvre : "Rien ne nous frappe. Nous ne savons pas voir". Lui, au contraire, observe tous les détails jusqu'à utiliser les mathématiques dans la construction de sa prose. Les Oulipiens prônaient la contrainte pour écrire. Quand il évoque Paris, sa ville qu'il connaît parfaitement, il écrit : "J'aime marcher dans Paris. (…) J'aime certaines lumières, quelques ponts, des terrasses de cafés. J'aime beaucoup passer dans un endroit que je n'ai pas vu depuis longtemps". Il mentionne aussi les villes étrangères : "On garde souvent de ces villes à peine effleurées le souvenir d'un charme indéfinissable : le souvenir même de notre indécision, de nos pas hésitants, de notre regard qui ne savait pas vers quoi se tourner et que presque rien suffisait à émouvoir". Après l'espace urbain revu et corrigé, la campagne, pour Georges Perec, "n'existe pas, c'est une illusion". Il considère que "c'est un pays étranger". Il se définit comme un homme des villes, un pur produit urbain. Il décrit une utopie villageoise où pointe une nostalgie d'enfance. Le petit Georges, orphelin après la guerre, fut accueilli chez un oncle à Villards-de-Lans en Isère. Le texte se termine par le monde et l'espace. Au fond, l'espace devient du temps, le temps, du vieillissement des lieux comme des hommes. Georges Perec se confie en filigrane dans ces pages : "J'aimerais qu'il existe des lieux stables, immobiles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources". Lui qui n'a pas eu de "pays natal", de maison de famille où il est né, d'un grenier d'enfance ne rêvait que d'une permanence des choses, de la vie, des souvenirs éprouvant un sentiment nostalgique de la perte que seule la littérature peut apaiser. Il ressent ce manque ainsi : "L'espace fond comme le sable coule entre les doigts. Le temps l'emporte et ne m'en laisse que des lambeaux informes". Et pour conclure cet hommage que je rends à cet immense écrivain, je reprends sa citation sur l'écriture : "Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser quelque part un sillon, une trace, une marque ou quelques signes". Redécouvrons Georges Perec, un écrivain d'un réel inventif, d'une certaine fantaisie, un aède de la curiosité de vivre…
mercredi 22 avril 2020
"Espèces d'espaces", 1
Dans mes lectures du moment, j'ai repris des classiques de ma bibliothèque. J'ai commencé par relire Georges Perec, un de mes écrivains préférés. Dans la Pléiade (offerte par mes amies lectrices), j'ai repris "Espèces d'espaces", paru en 1974. J'ai redécouvert en fait ce texte avec un plaisir admiratif. Comme la notion d'espace se vit différemment dans le cadre obligatoire du confinement, on peut imaginer sans peine les contraintes de notre espace vital. Qui vit mieux l'enfermement ? Ceux qui disposent d'une maison avec jardin ou d'un grand appartement avec balcon ! Ceux qui sont confinés dans un espace exigu avec des enfants doivent vivre difficilement ces jours sans fin. Il est donc vital de s'interroger sur l'espace intime et sur l'espace public. J'ai revisité mon quartier arboré avec un œil neuf et j'ai essayé plusieurs trajets pour éprouver un air de liberté. Je me suis contentée des espaces marchands en appréciant tout de même le fait de pouvoir choisir mon ravitaillement. Mon jardin s'est transformé en mini-paradis édénique et je regarde mes pièces de vie en constatant le confort douillet de mon intérieur. Georges Perec a influencé ma démarche de reconquête de mon espace vital. Pourtant, c'est un peu frustrant de ne pas aller voir le lac ou de circuler à dix kilomètres de chez moi. Je sais bien que le virus nous bloque, nous enferme, nous coupe de tout mais c'est une question de survie. L'écrivain oulipien entreprend un inventaire topologique (du grec ancien, topos = lieu), en partant du plus petit espace au plus grand, un vertige garanti : du lit à la chambre, de l'appartement à l'immeuble, de la rue au quartier, de la ville à la campagne, du pays à l'Europe, du monde à l'univers. Cette littérature de l'énumération me semble fascinante et opère un point de vue quasiment philosophique. Perec et l'exhaustivité dans la description. Perec et une "tentative d'épuisement des lieux" (un de ses textes). Il écrit : "Bref, les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés. (…) Vivre, c'est passer d'un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner". Le projet abyssal de l'auteur démarre sur une feuille de papier avec ces mots : "J'écris : j'habite ma feuille de papier, je l'investis, je la parcours". Questionner les lieux s'apparente à une interrogation sur sa vie quotidienne avec un regard neuf, en chassant le syndrome de la banalité, source d'ennui et de lassitude. L'auteur commence sa description des espaces par la page et puis, il développe sa pensée sur le lit : "J'ai beaucoup voyagé au fond de mon lit". Il poursuit sa démarche par la chambre, l'appartement et il n'oublie pas les portes, les escaliers, les murs. (La suite, demain)
lundi 20 avril 2020
"Contagions"
La lecture sur papier demeure encore une pratique majoritaire. Nos chers livres, au format antique des anciens "codex", sont nés au temps de Gutenberg en 1450, avec les caractères imprimés. Ce Gutenberg est un de mes découvreurs préférés et sans lui, je me demande ce que je serais devenue… Parfois, je m'imagine cet inventeur de génie qui reviendrait sur notre Terre en 2020. Il serait éberlué de constater que nous pouvons vivre désormais sans les blocs de papier imprimé. Je lui tendrais une tablette d'un format confortable et je lui montrerais un texte téléchargé. Cette lecture virtuelle le passionnerait et il ne pourrait plus s'en passer. Ce matin, je lisais des articles sur un blog littéraire, Diacritik, évoquant un livre que les Editions du Seuil offraient en accès libre à cause du confinement. J'ai sauté sur l'occasion. Il s'agit de "Contagions" de Paolo Giordano, docteur en physique théorique et écrivain mondialement connu. Il compose son texte-manifeste en mars quand l'Italie commence à subir les premiers ravages du coronavirus. Il écrit : "Je ne veux pas passer à côté de ce que l'épidémie nous dévoile de nous-mêmes. Une fois la peur surmontée, les idées volatiles s'évanouiront en un instant". Son livre invite le lecteur à réfléchir sur ce temps qu'il nomme "anomalie" : "Nous devons apprendre à vivre dans cette anomalie, à trouver des raisons de l'accueillir qui ne soient pas uniquement la peur de mourir". Le virus en menaçant la communauté humaine nous signale aussi que "Nous sommes l'espèce la plus envahissante d'un fragile et superbe écosystème". Paolo Giordano résume sa pensée dans un article de Télérama : "La contagion actuelle est à la mesure de notre monde d'aujourd'hui : interconnectée, inextricable. Le trafic aérien permet aux virus de coloniser beaucoup plus vite des terres très lointaines". Plus loin, il affirme :"Cette épidémie dévoile les dysfonctionnements et les maladies de nos sociétés. Toutes ces choses (les privilèges, l'écologie) remontent à la surface. Elles ont toujours été là, bien sûr, mais elles sont désormais évidentes et proches". Son texte d'une richesse lumineuse constitue un patchwork de réflexions biographiques, mathématiques, littéraires et environnementales. Son message semble inviter le lecteur(trice) à comprendre en particulier "au paradoxe de notre époque : alors que la réalité devient de plus en plus complexe, nous devenons de plus en plus réfractaires à la complexité". Cet essai d'une cinquantaine de pages propose une lecture vivifiante. L'écrivain est convaincu que "l'échafaudage de la civilisation est un château de cartes", mais malgré cette fragilité et ce danger d'effondrement, il nous exhorte à vivre ces moments de cette façon : "Enseigne-nous à bien compter nos jours pour que nous donnions de la valeur à nos jours". Il faut se procurer ce texte et l'acheter plus tard en librairie quand nous serons enfin libres de nos mouvements. En Allemagne, les librairies ont ouvert aujourd'hui... Quel dommage qu'elles ne soient pas restées ouvertes ! Le livre est une marchandise essentielle à mes yeux... On se rattrapera plus tard !
vendredi 17 avril 2020
"Le Grand royaume des ombres"
Arno Geiger, écrivain autrichien, est très connu dans le monde germanophone. J'avais lu avec intérêt, son récit sur la maladie d'Alzheimer de son père, "Le vieux roi en son exil", paru dans la collection, "Du monde entier" chez Gallimard. Dans son dernier roman, "Le Grand royaume des ombres", un ouvrage de 481 pages, il peint une fresque historique où plusieurs personnages subissent leur destin. En plein milieu de la Seconde Guerre Mondiale, près du lac autrichien de Mondsee, dans les environs de Salzbourg, un jeune soldat viennois, Veit Kolbe, est envoyé en convalescence. Il a été gravement blessé sur le front russe et se remet très lentement de son état affaibli. Il s'installe près d'un oncle policier, grotesque de bêtise, dans un village où il est logé dans une chambre très modeste. Le jeune Veit, très solitaire, se promène souvent au cœur de ce paysage alpin grandiose. Il fait la connaissance de sa voisine, Margot, qui élève son enfant seule car son mari se retrouve au combat. Un camp de jeunes filles évacuées de Vienne, s'est installé dans ce village. Dans ce microcosme à l'abri de la terrible apocalypse hitlérienne, chacun essaie de se protéger, de nier les faits ou de s'arranger avec la réalité. Car la menace gronde. Le jeune caporal écrit dans des carnets son expérience de repli et il prend conscience que sa vie, ses études et ses amours, lui ont été volés par la guerre. Sa propre narration est parfois interrompue par les correspondances de la mère de Margot, de Kurt, un adolescent amoureux de sa cousine, et d'un Juif autrichien Oscar, qui relate sa tentative de fuite à Vienne. Le jeune homme est atteint de crises de panique et dans cet atmosphère étouffante, seule la drogue arrive à le calmer. Il entame aussi une relation amoureuse avec Margot, et cette aventure symbolise un espoir de renaissance. Veit rencontre aussi un "dissident", brésilien de naissance, antinazi, qui lui fait prendre conscience de la monstruosité d'Hitler. Son ami est pourchassé par la police et se cache pour fuir la prison. Le jeune homme prendra soin de sa petite entreprise d'horticulteur avec l'aide de Margot. Peu à peu, le jeune soldat se reconstruit et prend conscience que la guerre qui a entraîné le peuple autrichien est une aberration totale. Arno Geiger en intitulant son roman, "Le Grand Royaume des ombres" évoque bien l'instrumentalisation des individus dans une nasse totalitaire. Certains s'en échappent miraculeusement mais ils représentent une minorité infime. L'écrivain a élaboré son roman en utilisant des centaines de témoignages, de lettres et de journaux pour restituer cette période historique. A lire pour comprendre aussi la guerre du côté allemand avec une galerie de personnages lucides pour certains et veules pour d'autres. Un grand roman.
mercredi 15 avril 2020
Ranger sa bibliothèque, 2
Je dispose donc de trente jours pour enfin ranger ma propre bibliothèque. Je ressens toujours un attachement particulier pour les lieux "livresques". Depuis que j'ai quitté le milieu de la lecture en 2010, une nostalgie certaine me gagne envers ces espaces fabuleux qui condensent toutes les connaissances humaines et toutes les créations fictionnelles. Le Savoir et l'Imaginaire cohabitent en toute harmonie. Evidemment, je rêverais d'accueillir chez moi toutes les collections que j'ai gérées dans les bibliothèques municipales, départementale et universitaire. Si je cumule mes années de libraire et de bibliothécaire, je me suis baignée dans un long fleuve tranquille de mots et d'idées. Aujourd'hui, je me contente modestement de quelques centaines d'ouvrages dans ma petite maison. Dans le salon, j'ai rangé dans un des quatre murs une bibliothèque sur mesure, en bois clair, fabriqué par un menuisier professionnel. J'y tenais beaucoup. Philippe Lançon raconte dans son magnifique "Lambeau" son premier projet à sa sortie de l'hôpital : fabriquer une vraie bibliothèque en bois pour enfin déposer ses livres dans un écrin protecteur, un barrage symbolique contre la violence du monde, pour lui qui a vécu l'invraisemblable et horrible attentat de Charlie Hebdo. Dans mes étagères, se retrouvent tous mes écrivains préférés : de Quignard à Annie Ernaux, de Kundera à Virginia Woolf et tant d'autres. Je possède une trentaine de Pléiades : Flaubert, Stendhal, Proust, Rimbaud, Duras, René Char, Larbaud, Julien Gracq et tant d'autres. Ce rangement s'avère stable depuis l'origine. Je collectionne les livres d'art dans des meubles plus bas en bois clair pour pouvoir les saisir avec facilité. Je les ai classés par époques avec une prédilection pour l'Antiquité, la Renaissance, l'art moderne, l'art du livre, des bibliothèques, des monographies de peintres, de sculpteurs, etc. Je ramène beaucoup de catalogues des musées que je visite dans mes escapades en Europe. Ces beaux livres, lourds et denses, se destinent souvent au feuilletage. En ce moment, je voyage avec ces beaux vaisseaux de papier surtout dans cette période de surplace. Dans la chambre d'ami, j'ai plusieurs rayonnages pratiques (de la célèbre marque suédoise) pour ranger les livres de poche, les guides de voyage, la section philosophie, les revues littéraires et les livres récents acquis et prêtés en attente de lecture. Autant, je ne bouge pas pratiquement plus les bibliothèques de mon salon, autant dans la chambre, j'effectue des changements : désherbage, dons, étagères revisitées. Le salon ou mon jardin à l'italienne, stable et permanent, la chambre, mon jardin à l'anglaise, brouillon et changeant. Si je m'écoutais, je coloniserai tous les espaces de ma maison. Mais, il faut savoir se raisonner en acceptant de ne plus acheter de meubles pour caser mes acquisitions régulières. Quand un de mes compagnons de papier rentre chez moi, je fais du tri pour lui trouver une place. Cet acte d'évacuation se double d'un geste de générosité. Je donne, je fais circuler à la médiathèque dans les chariots de dons. Quel plaisir de les regarder ces livres qui m'accompagnent depuis des décennies ! Témoins silencieux et discrets, ce sont mes plus fidèles repères de lectrice passionnée. Ranger sa bibliothèque, un plaisir retrouvé et un passe-temps consolant...
lundi 13 avril 2020
Ranger sa bibliothèque, 1
Le confinement va certainement durer encore un mois… Tous les confinés du monde ont commencé dès le 17 mars un grand ménage de printemps : placards des chambres, tri des vêtements, tiroirs multiples, armoires, meubles divers jusqu'au rangement des produits alimentaires. Chacun d'entre nous a donc remis en forme les coussins, le canapé, les fauteuils et autres poufs. Le tapis avait besoin de prendre l'air. Les chaussures ont reçu du cirage et même la voiture qui roule peu a vu passer l'aspirateur. Ces gestes printaniers ont permis de passer un cap. Ranger procure un plaisir indéniable. Le désordre nuit à l'esprit. Plus votre environnement reflète un ordre certain, plus votre moral remonte. Je me souviens de ma mère qui se mettait à déplacer les meubles, à les cirer pour calmer ses angoisses provoquées par des événements indésirables… Une fois le changement effectué, elle reprenait son air serein et son calme souverain. Pendant la troisième semaine, j'ai décidé de ranger mes bibliothèques. J'ai lu dans un article du Figaro sur internet les conseils de quelques écrivains. Jean-Luc Coatalem suggère : "Je vois ma bibliothèque comme un jardin qu'il convient d'entretenir, d'élaguer, en laissant les choses avec naturel". Il évoque quelques méthodes, inspirées par des amis. On peut classer par genres littéraires, par chronologie d'acquisitions, par format, par ordre alphabétique, etc. L'écrivain en question a choisi le classement de ses livres par maisons d'édition : "J'aime cet effet d'harmonie visuelle dans les rayonnages. J'ai un grand linéaire crème Gallimard et un joli bleu nuit Stock. Le beurre frais Grasset se poursuit par le bleu de ses essais. Le Mercure de France, au pastel tendre, n'est jamais loin. Quant au blanc tuilé de POL et la pâleur de Minuit, ils font résolument bandes à part". Eliette Abecassis préfère ranger ses ouvrages par thèmes : littérature de femme, littérature romantique, poésie, philosophie : "Je pense que la bibliothèque est un portrait de moi-même, d'une évolution intellectuelle et psychologique". Gaston Bachelard déclarait : "Le paradis, à n'en pas douter n'est qu'une immense bibliothèque" et Umberto Eco ajouterait : "Si Dieu existait, il serait une bibliothèque". J'ai donc décidé de jeter un œil neuf sur mes étagères et je vais relater dans mon blog les solutions que j'ai trouvées pour ranger mes nombreuses étagères situées dans le salon et dans une chambre… Ranger, déplacer, désherber, reclasser, dépoussiérer, donner, jeter, relire, feuilleter, caresser, cirer, réparer, les livres demandent des soins et pendant ces instants de vie entre parenthèses, je vais leur consacrer quelques heures pour me replonger physiquement dans cet océan de papier : un bain bénéfique et salutaire…
Inscription à :
Commentaires (Atom)