Jean-Claude Pirotte, avant de mourir d'un cancer en 2014, a écrit un texte autobiographique d'une émotion retenue. Le titre du livre, "Portrait craché" rappelle l'infirmité dont il souffrait dès la première phrase : "La paralysie faciale a déformé ses traits." L'auteur parle de lui à la troisième personne pour créer une distance ironique entre lui et son double malade. Poète, écrivain, peintre, il a toujours vécu pour la littérature et pour les livres. Son œuvre s'inscrit dans un mouvement "clandestin" littéraire et ses frères en écriture se nomment Georges Perros, Henri Thomas, Valérie Larbaud, André Dhôtel, etc. Pirotte ne figure pas dans les listes des best-sellers, la vente de ses livres dépasse rarement le millier d'exemplaires, mais, il a pour moi une très grande importance et peu importe s'il est peu connu du grand public. De temps en temps, il faut délaisser les auteurs à succès pour découvrir les authentiques amoureux du langage et de la littérature. Dès les premières lignes, il parle de sa maladie, le cancer et il continue pourtant à savourer son tabac... Il affronte avec un courage philosophique la fin de sa vie, se sachant condamné. Il écrit : "La vie n'est qu'une longue attente du rien". Il a déménagé pour vivre près d'un hôpital et il est parti, le cœur brisé, sans sa bibliothèque. Son texte est un hommage magnifique aux livres et aux écrivains qui l'ont accompagné tout au long de son existence. Il évoque ses passions de toujours : Nerval, Joubert, Montaigne, Bachelard, Arland, entre autres. Je cite ce passage: "Ce sont, depuis l'enfance, les livres qui lui ont assuré la vie". Plus loin, il ajoute : "Aussi physiquement diminué, soit-il, l'univers de la lecture ne cesse de s'ouvrir à lui, ménageant en dépit des avanies de destin les portes dérobées d'une intime jouissance." Malgré sa détresse morale et sa souffrance physique, il a gardé sa foi entière dans la littérature, "Le livre survivra à l'humanité moribonde. (...) Lieu commun des réprouvés, le livre scintille encore, en ce temps de barbarie exponentielle". Dans ce testament autobiographique, Jean-Claude Pirotte raconte avec une sincérité poignante sa fin douloureuse dans la lumière des livres.
des critiques de livres, des romans, des moments de lectures, des idées de lecture, lecture-partage, lecture-rencontre, lectures
jeudi 7 mai 2015
mercredi 6 mai 2015
Atelier de lectures, 2
La deuxième partie de l'atelier était consacrée à deux femmes écrivains : Michèle Lesbre et Maylis de Kerangal, deux planètes différentes, singulières et attachantes. La première est née en 39, a publié une bonne quinzaine de romans chez Sabine Wespieser depuis 1991 dont son dernier "Chemins" cette année. Il est assez périlleux de résumer chacun de ses livres. De "Boléro" au "Canapé rouge", du "Lac immense et blanc" à "La petite trotteuse", elle poursuit la même quête du temps retrouvé à la façon d'un Patrick Modiano, ou de Marcel Proust. Ses romans ressemblent à la musique de chambre, intimiste, délicate, nostalgique. Des duos, des trios, des quatuors, toutes ces formes musicales se retrouvent dans son œuvre subtile avec le fil conducteur de la nostalgie, de la saudade, ce sentiment du temps perdu, du passé évaporé, des regrets, des souvenirs flous, opaques. La narratrice de ses opus musicaux hante les gares, occupe des maisons en solitaire, rencontre des gens avec empathie, se souvient des amours anciennes, évoque souvent des écrivains fétiches, des films culte. Cette écriture impressionniste peut dérouter mais, pour lire Michèle Lesbre, il faut se laisser aller sans analyser mot à mot le sens de sa pensée. Il faut arpenter sa prose comme des chemins de campagne, qui conduisent peut-être nulle part mais qui soulignent la singularité d'une œuvre palpitante et émouvante. Certaines lectrices ont aimé, d'autres étaient déçues par cette œuvre labyrinthique. Les romans de Maylis de Kerangal dont le génial "Réparer les vivants" attirent l'admiration des lectrices même si la lecture demande une certaine tension, une attention soutenue. Son style unique d'une beauté rare, la construction de l'histoire, les sujets choisis (autour d'un chantier de pont, sur la transplantation cardiaque, sur une corniche, dans un train de Russie) forment une œuvre originale et forte. Dans "Corniche Kennedy", paru en 2008, l'écrivain raconte l'histoire d'une bande de jeunes à Marseille qui se jettent dans l'eau en frôlant le danger. Cette audace transgressive insupporte les autorités municipales et les jeunes sont mis sous surveillance. Je cite cet extrait pour montrer le style "Kérangal" : "Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait pas les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison". Daniel Pennac dans la revue Lire définit ainsi le roman "Réparer les vivants" : "C'est un livre extraordinaire dont l'écriture relève de la pure sensation. Son style est une nouveauté totale, avec une langue qui sait être extrêmement précise et particulièrement évocatrice." Michèle Lesbre et Maylis de Kerangal ont un public solide et fidèle malgré leur discrétion médiatique exemplaire. L'une utilise le roman pour raconter un passé perdu, l'autre manie la plume comme un scalpel pour ciseler un présent intense. Mon objectif dans l'atelier a peut-être été atteint quand les écrivains que je choisis, sont lus et appréciés...
mardi 5 mai 2015
Atelier de lectures, 1
Nous étions neuf lectrices dans cet avant-dernier atelier de lectures de la saison 2014-2015. Nous avons démarré la séance avec les coups de cœur. Janelou a en eu un vrai, qui est aussi un véritable coup de poing en découvrant "Le Chagrin" de Lionel Duroy, un roman autobiographique ayant déjà rencontré un grand succès auprès du public. L'écrivain règle ses comptes avec ses parents, ses frères et ses sœurs, mais on ne se débarrasse pas facilement de sa famille, lieu où toute vie d'adulte se structure et se définit. Un grand roman "autofictionnel" à lire pour découvrir cette saga comico-tragique des relations familiales. Janelou a aussi présenté "Hans et Rudolf" de Thomas Harding, un ouvrage sur la double éducation d'un jeune juif, Hans, et d'un jeune allemand, Rudolf, qui devient un chef nazi. Véronique a choisi un documentaire très bien fait pour mieux connaître la campagne, "La nature en bord de chemin" et le roman de Rufin, "Le collier rouge" déjà commenté dans l'atelier. Marie-Christine a aimé "Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan, un roman-enquête autobiographique sur le suicide de sa mère. Un livre "coup de poing" comme celui de Lionel Duroy dans une thématique semblable et universelle : les secrets de famille... Dany a aussi découvert un des plus grands succès de l'année 2014 : "L'amour et les forêts" d'Eric Reinhardt, un roman terrible sur la vie d'une femme, renonçant à son identité pour se fondre dans une vie de couple où le mari joue le rôle de l'ogre dévoreur, monstrueux dans son harcèlement. Un livre fort et dérangeant. Sylvie a lu avec beaucoup de plaisir, "Les oreilles de Buster" de la romancière suédoise, Maria Ernestam. Eva, 56 ans, écrit son journal intime où elle avoue qu'elle veut tuer sa mère. Enfant, elle s'exerce sur son chien Buster dont elle garde les oreilles... Va-t-elle passer à l'acte ? Il faut lire ce roman singulier pour découvrir la vérité sur Eva. Danièle a présenté avec conviction l'autobiographie du grand écrivain cosmique et baroque, Gabriel Garcia Marquez, "Vivre pour la raconter", parue en poche. L'écrivain colombien raconte avec sa faconde habituelle, son enfance, son pays, ses parents, ses lectures et les fondements de sa future vie d'écrivain. Un livre essentiel dans l'œuvre de ce géant de la littérature. Mylène a voulu parler de théâtre avec un grand coup de cœur pour la pièce de théâtre de Wadji Mouawad, "Incendies" qu'elle a vue à Cognin. Un grand texte sur les dégâts de la guerre au Liban et le message du dramaturge qu'elle a retenu : "Si tu veux t'en sortir dans la vie, il faut apprendre à lire, à écrire, à compter, à parler et à penser". Elle a évoqué le dernier Régine Detambel sur "Les livres prennent soin de vous", hommage formidable sur les livres qui font du bien. Des offres de lecture à saisir, voilà tous ces coups de cœur de la première partie de l'atelier...
lundi 4 mai 2015
Escapade à Aveiro, 5
Deuxième sortie à Aveiro, la veille de mon départ : j'ai repris le train pour découvrir cette station balnéaire à 60 kilomètres de Porto. Cette petite ville, à huit kilomètres de l'océan, possède une gare couverte de fresques d'azulejos. Ces images en céramique raconte l'histoire de la cité, les marais salants, la pêche, un art de vivre en bord de mer. J'ai aperçu la bibliothèque municipale et je suis rentrée pour la visiter. Installée dans une belle villa des années 20, elle a un charme fou car les colonnes portent des citations littéraires, des photos d'écrivains couvrent les murs, des fauteuils parsement l'espace, et les rayonnages de livres sont disposés sur des estrades : un lieu confortable, convivial et ouvert sur l'extérieur. L'existence des bibliothèques publiques partout en Europe (et ailleurs) reste encore (et pour toujours, je l'espère) un acquis indispensable pour la culture et l'éducation. J'aime rentrer dans toutes les "niches" des livres même si je ne comprends la langue du pays. La réputation d'Aveiro repose sur la présence de canaux, traversant la ville à l'aide de bateaux en bois très colorés, les "moliceiros", voués au tourisme aujourd'hui. J'ai donc effectué la balade tranquille sur l'eau pour voir le village des pêcheurs. Après la gare couverte d'azulejos, les canaux, la bibliothèque, j'ai visité un tout petit musée sur l'art nouveau des années 20, une église pleine de merveilles baroques et surtout le musée d'Aveiro, situé dans un ancien couvent du XVe siècle. J'ai découvert la première salle où trône le tombeau de Santa Joana, une princesse portugaise ayant renoncé à sa condition pour entrer dans les ordres. Ce musée présente une église d'une exubérance baroque, un cloître Renaissance s'ouvrant sur plusieurs chapelles, un réfectoire, la salle capitulaire. Le musée abrite aussi une collection d'art sacré où l'on retrouve des Christ en croix, des statues expressives, torturées par la foi, des angelots, des portraits de saints, etc. Quand j'arpentais les espaces de ce musée-couvent, j'imaginais la vie de ces religieuses dont Joana, leur quotidien étant scandée par un rituel sacré et silencieux. En retournant à Porto, j'ai remarqué la présence de jeunes dans le train car Aveiro est aussi une ville universitaire, pôle d'excellence dans les nouvelles technologies avec ses 6000 étudiants. J'ai regretté de ne avoir vu le bord de l'océan, mais les mouettes des canaux signalaient la présence de la mer près de la ville. Dans mon escapade portugaise, j'ai oublié de mentionner la présence de l'océan à Porto que j'ai rejoint tous les deux jours en tramway pour respirer l'air du large, me balader sur la promenade en bois tout au long des plages, me ressourcer avec les vagues danseuses et écumeuses, chercher des coquillages sur le sable, m'accorder des moments maritimes, hors de la ville, une alternance idéale entre les découvertes citadines et la nature océanique... Porto et son fleuve, Coimbra et son université, Aveiro et ses marais salants, un petit bout du Portugal, une mosaïque dans tous les sens du terme : des Portugais formidablement énergiques, dignes et empathiques, un fleuve à échelle humaine, des églises magnifiant la foi chrétienne, des vignes qui donnent des vins savoureux (dont le Porto), des azulejos qui illuminent les murs, un pays émouvant et attachant... J'y retournerai, évidemment...
samedi 2 mai 2015
Escapade à Porto, 4
Après la très belle étape à Coimbra, retour sur Porto. Cette ville ne s'appréhende pas en deux jours... Comme il existe un grand nombre d'églises baroques, j'ai poursuivi mes visites en les découvrant les unes après les autres dans des quartiers où peu de touristes s'aventurent, se concentrant sur les quais de la Ribeira, avec ses terrasses de bar, ses étalages de souvenirs et les vendeurs de promenade en bateau sur le Douro. Je crois que le vrai Porto se situe dans les rues très étroites avec des immeubles rénovés et aussi abandonnés par les habitants, noircis par l'humidité et l'ombre. J'ai appris que Porto avait perdu 30 % de sa population. Beaucoup de jeunes partent travailler en France, en Allemagne et en Angleterre. Certains portuans ont préféré le confort des appartements en banlieue, très bien desservie par le métro. Il reste donc beaucoup d'anciens à Porto, ce qui donne aussi à la ville une tranquillité sereine, une convivialité appréciable car j'ai souvent entamé des conversations avec certains d'entre eux quand ils parlaient un peu en français. Un grand plan de rénovation s'est mis en place depuis cinq ans pour sauver les vieux immeubles en ruines. De rue en rue, il faut lever les yeux pour cibler des détails infimes : des décorations en azulejos, des statues religieuses, des balcons en fer forgé, des terrasses-jardins, des façades art nouveau des magasins. Et toujours les mouettes dans le ciel, comme des signatures vivantes avec leurs plumes blanches et leur bec jaune... Un matin, je me suis dirigée vers une librairie ancienne et quand j'ai poussé les portes, je me trouvais dans un cabinet de curiosités, rempli de livres mais aussi d'objets d'écriture, de musique, dans des vitrines au milieu du magasin. J'ai demandé des ouvrages sur le grec ancien et le libraire m'a entraînée dans le sous-sol, une vraie caverne, où s'entassaient des milliers de livres. La majorité étaient de langue portugaise mais pour mon grand plaisir, j'ai découvert le dictionnaire grec-français de Bailly, édition 1901, et "La pensée grecque" de Léon Robin, édition 1925. Je suis repartie avec ses deux ouvrages en me demandant comment ils avaient atterri dans cet endroit... Le dictionnaire appartenait à une certaine Maria Da Graça Bessa. Qui était cette femme qui apprenait le grec ancien au début du siècle ? Je ne le saurai jamais. Dès que j'aperçois une librairie ancienne, j'aime me plonger dans cette ambiance de chercheur d'or. Porto recèle des pépites qu'il faut dénicher, hors des sentiers battus et rien ne vaut cette déambulation hasardeuse dans les rues labyrinthiques. Il ne faut pas quand même bouder les clichés touristiques : j'ai pris le bateau rabelo pour me balader sous les ponts de Porto, j'ai pris le téléphérique et le funiculaire pour admirer le paysage urbain. J'ai utilisé le tram, le train, le bus, le taxi. Et c'est dans les transports urbains que l'on devine la vie quotidienne des citadins. Je ne prends jamais le car à touristes, trop facile à mes yeux pour découvrir une ville qui se... mérite !
vendredi 1 mai 2015
Escapade à Coimbra, 3
Dans ma décision d'escapade à Porto, je voulais réaliser un de mes rêves : visiter une des plus anciennes bibliothèques du monde, la bibliothèque Jaonina de Coimbra. Située à une centaine de kilomètres de Porto, j'ai pris le train, le "Pendular", une sorte de TGV portugais. J'ai voyagé dans un confort appréciable, journaux et boissons servis avec le sourire et gratuitement... Arrivée à Coimbra, j'ai littéralement crapahuté à travers des rues en pente pour atteindre le célèbre site universitaire situé sur les hauteurs, le vrai cœur de la cité, crée en 1308 et étant la seule université du pays jusqu'en 1911 ! Quand j'ai pénétré dans la cour, j'ai senti le parfum des siècles d'étude, de savoir, d'intelligence... Dominant la vallée et le fleuve Mondego, j'ai visité la salle des examens, la chapelle Sao Miguel avec son orgue baroque de 1733. J'avais un rendez-vous précis pour la Joanina à 13h car le guide fait pénétrer dans l'enceinte du bâtiment une cinquantaine de visiteurs. Et à ce moment-là, quand je suis rentrée dans la première salle, j'ai vécu un moment rare d'émotion esthétique que l'on surnomme le syndrome de Stendhal... J'avais vu des photos de la bibliothèque, mais il manque l'odeur du papier, la chaleur du mobilier, les dimensions, les détails, la hauteur du plafond, les couleurs chatoyantes... Un paradis pour les amoureux des livres ! Offerte par le Roi Jao V en 1717, grâce aux diamants du Brésil, le Routard la surnomme la TGBB, la Très Grande Bibliothèque Baroque : trois grandes salles aux murs couverts de 6O OOO livres anciens, des rayonnages en bois du Brésil et des boiseries sculptées, laquées de vert, de rouge, de noir et d'or. Une galerie court sur tous les murs pour mieux atteindre les ouvrages. J'imaginais les générations de chercheurs, de lecteurs, d'étudiants dans cet espace magique, ce temple du savoir, cette église des connaissances, des "Lumières. Je devenais la bibliothécaire attitrée, en train de cataloguer un incunable et je me projetais dans ce passé mythique du l'histoire des livres quand ces objets si précieux détenaient la plus haute importance et suscitaient le plus grand respect. Cette bibliothèque, joyau de l'art baroque, écrin du savoir humain, ne pouvait qu'enchanter une ancienne bibliothécaire ! Ensuite, j'ai visité le musée Machado de Castro dont le crytoportique romain constitue son originalité. Et comme dans tout le Portugal, deux cathédrales méritaient le détour avec le faste baroque attendu. J'ai croisé une étudiante en cape noire, l'habit traditionnel des jeunes inscrits à l'université... Coimbra, une étape indispensable pour admirer cette vieille, très vieille université, impressionnante par sa grandeur physique, fascinante par sa dimension intellectuelle et universelle. Un grand moment dans mon escapade portugaise.
mardi 28 avril 2015
Escapade à Porto, 2
Pour apprécier pleinement l'architecture de Porto, il faut s'informer sur l'art de la céramique, los Azulejos, des carreaux de faïence émaillée typiquement hispano-mauresque à l'origine. On en trouve partout : dans les parcs, les jardins, les églises, les immeubles, les gares, les magasins. Ces azulejos jouent avec la lumière, dispensent la fraîcheur, colorent la ville de bleu, jaune, blanc, vert. Cet art est toujours vivant comme l'indique la présence des azulejos dans le métro lisboète. Que représentent-ils ? Des motifs abstraits, des scènes champêtres, des personnages religieux, des gens du peuple, des navigateurs conquérants, des oiseaux, des animaux domestiques, des fleurs, des parures, etc. Tous ces éléments composent des fresques monumentales comme celles de la gare Sao Bento de Porto ou de simples panneaux. Ces images de céramique à la portée de tous, forment un art populaire expressif et instructif. Partout mon regard se tourne vers ces vestiges du temps et l'on feuillette ainsi à loisir des images minérales surprenantes. J'ai constitué une collection de détails et de motifs, dans chaque lieu visité. Cette ville portuaire regorge d'églises baroques, dont les façades sont couvertes d'azulejos. Le côté vintage des boutiques, souvent tenues par des "anciens" apporte un charme suranné à la cité et ses trois lignes de tramway, utilisés par les touristes et parfois par les habitants pour rejoindre l'océan et le centre-ville, complètent le tableau citadin, teinté de nostalgie même si les terrasses de restaurants, les caves de vin, les balades en bateaux pour passer les six ponts de la ville, animent les quais de Porto. Dans le centre, j'ai repéré la célèbre librairie centenaire Lello e Irmao, fondée en 1869 par une famille de libraires-éditeurs. Sa façade blanche Art nouveau attire le regard et quand j'ai pénétré dans la librairie, quelques touristes se faisaient prendre en photo pour immortaliser l'instant... Ils ne regardaient ni les livres, ni la décoration art nouveau, mais il leur fallait cet image triomphale de leur séjour car j'ai su que cet endroit avait inspiré la bibliothèque d'Harry Potter ! J'ai quand même admiré les boiseries anciennes, l'escalier rouge monumental, les livres d'art et de littérature bien présentés, une ambiance de cabinet de curiosités avec des fauteuils et un petit bar pour déguster un café. La célébrité du lieu, classé au patrimoine, gâche un peu l'esprit d'une librairie, plus voué au silence et au recueillement qu'au cirque touristique. Dommage... Mais, les livres apportent une touche tellement magique que l'on peut s'abstraire du tourbillon pour admirer cette librairie, qui n'a pas changé depuis plus de cent ans : une rareté dans notre monde d'aujourd'hui !
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