lundi 10 octobre 2016

Jeudi des livres, 2

Je poursuis mon compte-rendu avec Véronique qui a beaucoup aimé le roman de Pierre Lemaître, "Au revoir, là-haut" et celui de Marc Dugain, "L'insomnie des étoiles". Danièle a choisi une nouveauté de la rentrée avec "Le garçon" de Marcus Malte, un ouvrage de plus de cinq cents pages relatant à la façon d'un conte, le destin d'un enfant sauvage au début du XXe siècle. Ce roman l'a vraiment intéressée en le comparant avec le "Cent ans de solitude" de Gabriel Marquez. Janelou a bien apprécié un très bon premier roman sur la Guerre d'Algérie, "Finir la guerre" de Michel Serfati. Elle aime les textes autofictionnels de Lionel Duroy dont son tout dernier publié en septembre, "L'absente" où l'écrivain revient sur sa mère et se réconcilie avec elle au-delà de la mort. Les règlements de compte que Lionel Duroy met en scène dans ses livres peuvent être taxés de "nombrilistes" mais, le thème de la famille a toujours nourri la littérature et continuera à l'épicer et à la troubler... Dany m'a envoyé un message pour s'associer à nos retrouvailles livresques. Elle a mentionné  "Dans les forêts de Sibérie" de Sylvain Tesson, "Un fils en or" de S.D.Gowda, "Le bruit des trousseaux" de Philippe Claudel, "A l'orée du verger" de Tracy Chevalier, pour ne citer que les premiers coups de cœur de la liste. La séance s'est terminée avec une rubrique cinéma. Mylène a vu un film sur Zweig, "Adieu, l'Europe" qu'elle a beaucoup apprécié. Janelou a cité un film très intéressant sur la danse, "La relève" sur l'Opéra de Paris et sur la vie difficile des danseurs étoiles. Nous nous retrouverons le jeudi 3 novembre pour partager livres et films du mois. La rentrée littéraire aura distribué ses nombreux prix et nous les évoquerons certainement avec plaisir. Le prix Nobel de littérature sera décerné jeudi prochain et j'ai pensé à Eri de Luca, Philip Roth, Annie Ernaux, Milan Kundera et, évidemment, les Suédois nous surprendront !   

samedi 8 octobre 2016

Jeudi des Livres, 1

L'atelier de lectures ne se tient plus le mardi, mais le jeudi... Dorénavant, nous nous retrouverons une fois par mois à l'AQCV qui m'a très gentiment prêté une salle pour nous réunir autour des livres. Ce jeudi des livres (Je dis des livres) a démarré le 6 octobre et malgré l'absence de quelques participantes, nous étions assez nombreuses pour former un groupe de lectrices très motivées. J'ai proposé d'aborder pendant les deux heures de la séance les coups de cœur de l'été. Nous avons envisagé une formule un peu plus inédite en conservant pendant la première heure, les coups du cœur du mois et dans la deuxième heure, une d'entre nous mène la séance en ayant choisi un thème ou un roman, un essai ou un écrivain. Pour lancer la nouvelle mouture pour le jeudi 3  novembre, j'ai pensé à un roman de Pascal Quignard, "Les solidarités mystérieuses", une ouverture fictionnelle à sa pensée et à son œuvre. Ensuite, je passe le "relais" pour une proposition nouvelle en décembre. Ce partage des projets de lecture permettra une participation plus active de mes amies lectrices. Mylène a pris la parole pour évoquer ses coups de cœur : "Nora Webster" de Colm Toibin, un écrivain irlandais, très apprécié dans son pays et chez nous. Il décrit la vie d'une veuve en se mettant à sa place dans les années 80. Ce temps du deuil est analysé d'une façon magistrale. Mylène a cité "Les pêcheurs d'Islande" de Pierre Loti, roman qu'elle a acheté dans la très bonne Librairie du Renard à Paimpol. La prose de Loti est toujours aussi belle dans les descriptions marines. Evelyne a poursuivi en résumant un ouvrage de Matin Arditi, "L'enfant qui mesurait le monde". L'histoire se déroule dans une petite île grecque avec trois personnages emblématiques : Maraki, une femme courage, pêcheur à la palangre (aux filets), son fils autiste, Yannis,  et un architecte américain, Eliot. Eliot a perdu la trace de sa fille qui était installée dans l'île pour effectuer des fouilles archéologiques. Un projet d'hôtel perturbe la population et la découverte des cahiers de sa fille va peut-être enrayer la spirale infernale du tourisme de masse qui dégrade les paysages grecs. Un très bon roman, selon Evelyne, helléniste de toujours et sensible aux belles histoires. La relation entre Yannis et Eliot l'a particulièrement marquée. Régine a poursuivi l'évocation des coups de cœur en nous parlant avec conviction et passion du livre de Rabih Allameddine, "Les vies de papier", publié chez l'éditeur "Les Escales". Ce journal intime est tenue par une libraire, Aaliya Saleh, âgée de 72 ans. Elle raconte sa passion de la littérature en citant ses mentors comme Pessoa (tiens, tiens), Kafka et Nabokov. Régine a précisé que ce livre ne se lit pas d'une seule traite. Il vaut mieux le savourer en accompagnant cette libraire qui a rejeté les carcans d'une société libanaise qu'elle juge trop traditionnelle. Elle nous a lu des extraits qui nous donnaient l'envie de le lire et avant de conclure, elle a ajouté un deuxième coup de cœur avec "Mémoire de fille" d'Annie Ernaux, un ouvrage d'autofiction remarquable sur sa jeunesse. Comme la séance était réservée aux coups de cœur, je consacrerai un deuxième billet lundi.

vendredi 7 octobre 2016

Rubrique cinéma

J'ai donc vu le film de Xavier Dolan, "Juste la fin du monde" et j'ai reconnu la griffe "dolanesque" dans la thématique du mal être, des dégâts psychiques qu'une famille mal assortie peut provoquer. Ce film dramatique dans son austérité théâtrale peut déranger par sa violence et sa désespérance. Le personnage principal, écrivain et homosexuel, revient dans sa famille après douze ans d'absence. Dès la première minute, on sait qu'il va mourir et il veut annoncer cette nouvelle à son frère, sa sœur et sa mère. Quand il se rend dans la maison familiale, sa mère sèche ses ongles, sa sœur hurle sur elle, son frère éclate de colère et sa belle-sœur est la seule à le recevoir gentiment sans le heurter. Ce film réunit les personnages dans un huis clos hystérique. La mère futile et agitée ne comprend pas son fils mais elle lui déclare son amour. Sa sœur a grandi mais elle reproche avec amertume et rancœur l'absence de ce frère, devenu un écrivain célèbre. Elle se sent rejetée et se dispute sans cesse avec le frère aîné. Ce frère résume à lui seul les relations familiales tissées d'incompréhension. Le verbe comprendre revient souvent dans leurs échanges volcaniques : "Je ne te comprends pas mais je t'aime quand même." Le jeune homme a abandonné cette famille à cause de sa vie amoureuse et ce retour raté lui fait comprendre que la paix et la sérénité ne règneront jamais dans ce milieu anxiogène et explosif. Une scène dans la voiture entre les deux frères me semble significative : ils ne peuvent pas communiquer. Le frère aîné lui reproche d'être dans les mots, le langage, la parole construite et élaborée et surtout, son silence, lourd de sens. Un gouffre infranchissable les sépare et le jeune écrivain finit par se taire par impuissance. Il ne dira rien, au fond. Il renonce à annoncer cette nouvelle funeste. Il préfère partir, quitter cette famille où il est impossible de se comprendre. Xavier Dolan raconte à sa façon excessive et passionnée les liens inextricables d'une famille complexe et frustre. Un film fort, troublant et intense comme son réalisateur...

jeudi 6 octobre 2016

Escapade à Lisbonne, 5

Cet été, je me suis mise à lire et relire Fernando Pessoa. J'ai déjà évoqué cet immense écrivain-poète dans ce blog avant de partir à Lisbonne. J'ai été fortement étonnée de voir son effigie dans les boutiques de souvenirs, sur des carnets, des pavés, des sacs, des porte clés. etc. Un écrivain aussi secret et aussi austère est devenue l'icône de la ville en dix ans côtoyant les sardines en boîte et autres gadgets fabriqués en Chine. Fernando Pessoa revenant sur terre serait vraiment très étonné de se transformer en objet publicitaire, lui qui n'a rencontré aucune reconnaissance de son vivant. J'ai donc cherché ses traces dans la ville lumière en démarrant dans le Chiado, près de la place Camoes.  Devant le bar "Brasiliera" que le poète fréquentait, une statue en bronze doré le représente assis et attablé près d'un guéridon. Quelques touristes curieux se font photographier devant l'éternité. Mais, il vaut mieux aller visiter le musée Pessoa dans un quartier excentré de la ville. La mairie a choisi un petit immeuble où l'écrivain a vécu les quinze dernières années de sa vie. Dès que l'on aperçoit la façade, les citations de l'écrivain s'étalent sur les murs et ces graphismes donnent une image de livre ouvert. Dès l'entrée de l'immeuble, une bibliothèque regroupe  toutes ses œuvres dans toutes les langues qui peuvent être consultées sur place et la bibliothécaire m'a mis sur une table quelques livres en français pour les consulter. J'ai lu quelques poèmes avant de visiter sa chambre modeste avec un lit étroit et des objets usuels dans des vitrines. De nombreuses photos relatent la vie de Pessoa avec ses diplômes, ses fiches de notes, etc. Ce petit musée présente un ensemble de documentation hétéroclite, constitué de livres, d'objets, de photographies, de figurines et de films. Pour apprécier pleinement cet espace littéraire, il faut quand même comprendre le portugais, ce qui n'est pas mon cas, hélas... J'ai repris mon chemin vers la Place du Commerce où un des bars les plus anciens de la ville, le café Martinho da Arcada était fréquenté par les écrivains et les intellectuels dont mon poète lisboète. Un emplacement lui était réservé et j'ai vu sa tasse de café, son petit verre de digestif, son chapeau, et des livres de Pessoa sur la table. J'ai pensé au Flore à Paris où Sartre et Beauvoir avaient leur table réservée. J'ai même aperçu sur la façade de l'église des Martyrs, une plaque sur le baptême de Pessoa dans cet édifice... Lisbonne rend donc un hommage fervent à cet écrivain méconnu à son époque car son œuvre a commencé à être publiée dans les années 70, trente cinq ans après sa mort. Lisbonne a pris le visage de Pessoa pendant mon séjour et malgré sa marchandisation surprenante,  il reste son œuvre à découvrir et redécouvrir sans cesse...

mercredi 5 octobre 2016

Escapade à Lisbonne, 4

Un de mes plus grands bonheurs quand je me trouve dans une grande capitale européenne peut se résumer en un seul mot : l'art ! J'organise ma journée en fonction des heures d'ouverture de ces institutions et à Lisbonne, les musées ouvrent leurs portes de dix heures du matin à dix-huit heures sans exception. Je partais le matin pour découvrir ces musées en me donnant pour objectif de me limiter à deux musées par jour. Je suis donc revenue à Lisbonne pour revoir les toiles de Vieira da Silva dans sa Fondation située dans un quartier un peu excentré. J'ai ressenti la même émotion que j'avais vécue la première fois en 2002. Une bonne trentaine de tableaux m'attendait et les observer dans leur format, leurs couleurs, leur structure augmentait mon admiration pour cette grande dame si modeste de la peinture lyrico-abstraite. J'aime me perdre dans toutes les lignes, les formes, les parallèles, les verticales, les horizontales, et dans le cadre, apparaît une fenêtre, une issue, un espace de liberté comme une envolée vers la liberté. Ce dimanche matin, nous étions cinq visiteurs à rencontrer les œuvres de Vieira sans nous gêner et en partageant notre affection pour cette créatrice de génie, malheureusement peu connue alors qu'elle a marqué son époque sur le plan pictural. Après ce pèlerinage culturel, consacré à mon peintre préférée, j'ai pris le chemin du bord de Tage pour visiter le Musée national d'Art ancien de Lisbonne niché sur une colline face au fleuve. Le charme du musée réside dans sa dimension plus que raisonnable et le nombre de tableaux n'écrase pas le visiteur. J'ai remarqué la salle des Guardi, Breughel, Turner, Raphaël, Durer, Cranach, etc.  Mais, quelle déception d'apprendre que le Jérôme Bosch avait migré au Prado à Madrid. Je me suis consolée en découvrant une magicienne des natures mortes : Josefa de Obidos, une rareté extraordinaire dans un monde masculin en majorité. Le troisième musée très important, le Berardo,  qu'il ne faut surtout pas manquer, se situe à Belem, en face du Monastère des Hiéronymites dans un complexe culturel au bord du Tage. Ce Beaubourg lisboète repose sur des collections privées de José Berardo, un homme d'affaires, amateur d'art. Dans un espace blanc, l'art moderne et contemporain aligne les œuvres des artistes comme Picasso, Max Ernst, Balthus, Miro,  Delvaux, Bacon, Arman et même Warhol. Le monde de l'art est donc bien présent à Lisbonne sans oublier la Fondation Gulbenkian et le musée d'art contemporain du Chiado où j'ai découvert l'univers coloré et fantasmagorique de Paula Rego, une femme artiste de tout premier plan. Les voyages se font aussi dans la planète Art et les musées lisboètes méritent qu'on leur consacre toute notre attention admirative... 

mardi 4 octobre 2016

Escapade à Lisbonne, 3

Après avoir livré mes premières impressions sur Lisbonne, j'ai envie d'évoquer mes visites les plus réussies concernant la planète "Livres" car on ne se débarrasse pas de ces passions dans les voyages... J'ai réservé la journée de lundi à Mafra, tous les musées étant fermés le lundi. Pourquoi Mafra ? Cette petite ville à 35 kilomètres de Lisbonne possède un des plus grands monastères baroques du Portugal, édifié par le roi Joao 1er en 1717 : il voulait concurrencer l'Escurial, proche de Madrid. Ma première étape "livresque" se trouvait à la fin de la visite quand je me suis retrouvée devant la bibliothèque de Mafra, une des plus belles d'Europe. En tant qu'ancienne bibliothécaire, je rêve de connaître les plus belles bibliothèques européennes et après avoir vu celles de Coimbra, Vienne, Florence, Amsterdam, de l'Escurial, j'ai vécu un moment d'émerveillement devant tant de beauté architecturale dans des tons d'ivoire et de blanc magnifiques. On ne pouvait pas s'avancer à l'intérieur mais derrière le cordon de sécurité, j'ai admiré les livres reliés (plus de 40 000 ouvrages),  la galerie du premier étage, les fenêtres en hauteur illuminant l'espace. J'ai ressenti une quiétude latente, un silence recueilli et un respect naturel devant ce site unique, lieu de connaissance et de savoir où je me suis retrouvée quasi seule avec la gardienne... On imaginait les moines dans ce lieu décryptant les ouvrages en grec, en latin, recopiant les manuscrits, dessinant les enluminures dans les livres religieux. Toute une ambiance qui m'a rappelé "Le nom de la Rose" d'Umberto Eco. Je ne décrirai pas les nombreuses salles du monastère et du palais dont l'hospice des moines, lieu imprégné d'austérité et de gravité. Je cumule ainsi les visites de bibliothèque, de la plus patrimoniale à Mafra à la plus originale à LXFactory, un quartier des docks à Lisbonne. Le contraste frappant entre un palais-monastère austère et un quartier de docks  complètement en friches, tagué à outrance, alternatif et bobo, marque mon voyage temporel du XVIIIe au XXIe siècle. La librairie "Ler divagar" ou "prendre son temps pour lire" nous invite dès le seuil à un vertige spacial quand on remarque les hauteurs de rayonnages d'une trentaine de mètres. Les livres dessinent un espace géométrique extrêmement coloré, digne des tableaux de Vieira da Silva. Une bicyclette blanche est suspendue au plafond et des tables nous attendent pour feuilleter les milliers d'ouvrages dans tous les domaines. Ce lieu vaste et ludique est une ancienne imprimerie ! Une visite inattendue pour cette librairie atypique d'une originalité folle. Les guides ne la mentionnent pas à part le Routard. J'ai aussi apprécié les librairies anciennes dans le Chiado dont la mythique de la rue Garrett, la librairie Bertrand, fondée au XVIIIe siècle. Les librairies et les églises à Lisbonne ont deux points communs : le silence et l'ombre, deux privilèges dans une ville en pleine effervescence touristique sous un soleil de plomb...

lundi 3 octobre 2016

Escapade à Lisbonne, 2

Je n'avais pas revisité Lisbonne depuis une bonne dizaine d'années et j'avoue d'emblée que la ville blanche a changé de visage... Elle s'est modernisée, branchée, connectée à la planète mondialisée. La révolution "Easyjet" a mis cette Dormeuse du Tage à deux heures de Paris, Lyon, Nantes, Toulouse, Lille et je ne parle même pas des Anglais, des Allemands, des Japonais,  toujours présents dans n'importe quelle capitale européenne. Lisbonne est devenue une cité cosmopolite et touristique comme Barcelone, Venise, Londres, etc. J'ai même rencontré un couple de retraités nantais qui confondaient le Douro et le Tage... Sans commentaires. Beaucoup de jeunes hommes ou des groupes de filles viennent faire la "movida", la fête alcoolisée dans les virées entre les restaurants et les boîtes de nuit. Le coût de la vie au Portugal permet ces fins de semaine où les jeunesses européennes se côtoient. Malgré ces inconvénients que l'on retrouve dans de nombreuses capitales, Lisbonne mérite toute notre admiration car les Lisboètes gardent leur calme, leur gentillesse, leur sollicitude envers les "étrangers" étranges qui s'extasient dans les vieux trams de la capitale avec la légendaire ligne 28, utilisée à outrance par les envahisseurs nostalgiques des transports des années 50 :  inconfortables, bruyants et au fond, d'une simplicité merveilleuse perdue aujourd'hui. Les cars jaunes des touristes fonctionnent aussi dans un entre soi sécurisant mais quand on circule dans une métropole, mieux vaut prendre le métro, les bus électriques et les trams modernes pour se mêler aux habitants. La métropole concentre près de trois millions de Portugais dont cinq cent mille intra muros. Mes premières images de la ville ont ravivé les premiers souvenirs des années 2000 : les rues pentues et étroites, la vie partout sur les façades avec le linge suspendu, les chats installés sur les fenêtres, les femmes affairées, les garçons avec la balle au pied, les drapeaux du pays pour affirmer la fierté portugaise, les bars et les épiceries ouverts tard, très tard la nuit. Pour les amoureux du silence, il vaut mieux s'abstenir ou visiter la ville de sept heures du matin à dix heures... Lisbonne se transforme en musique contemporaine : le cliquetis des trams, les sirènes des bateaux, les klaxons des voitures, les camions de poubelle, les maisons ouvertes sur les rues, les voix humaines. Un fait m'a frappée aussi en découvrant les murs de la ville recouverts de milliers de tags dont certains sont même baptisés de "Street art". Entre les grues qui travaillent à la réhabilitation des immeubles et les chantiers des futurs trams, la ville offre une image dynamique, fiévreuse et en construction, d'une modernité avant-gardiste. J'ai éprouvé aussi et malgré la foule de touristes, un grand sentiment de sécurité avec une présence discrète de policiers. Le plus grand spectacle de la cité lisboète reste malgré tout le fleuve, Tage, Tejo en portugais, majestueux, large de onze kilomètres, ressemblant à une mer intérieure, un lac géant sur lequel les voiliers, les ferries, les cargos, les paquebots se croisent dans un ballet aquatique permanent. Je pouvais suivre de ma terrasse les traces écumeuses de ces bateaux sillonnant le fleuve en amont, vers l'océan, d'une rive à l'autre. Une cité adossée à un fleuve presque marin m'a toujours attirée comme à Porto avec son Douro. J'aborderai dans les billets de la semaine mon escapade lisboète en évoquant les beaux sites visités, les découvertes inattendues, les figures littéraires, les peintres, les librairies, et le Tage, fil conducteur de mon séjour ensoleillé, très ensoleillé...