des critiques de livres, des romans, des moments de lectures, des idées de lecture, lecture-partage, lecture-rencontre, lectures
jeudi 27 juin 2013
"Les Joyaux du paradis"
Si vous aimez l'Italie et Venise, la musique baroque, la musicologie, l'esprit d'enquête historique, il vous sera agréable de lire un Donna Leon, la célébrissime auteur de policiers, américaine de naissance et italienne de culture. Son personnage mythique, le commissaire Brunetti régale les lecteurs depuis de nombreuses années. Dans ce dernier opus, "Les Joyaux du paradis", paru en 2012, Donna Leon nous entraîne dans une Venise actuelle avec sa cohorte de touristes, ses problèmes de cité lacustre, sa vie trépidante pour les Vénitiens eux-mêmes. Le personnage central du roman n'est pas Brunetti mais se nomme Caterina Pellegrini, musicologue-enseignante à Manchester. Elle accepte un poste de documentaliste au sein d'une fondation musicale. Deux cousins se disputent l'héritage du musicien, Agostino Steffani, compositeur baroque et diplomate. Caterina est chargée de dépouiller et d'analyser des archives du XVIIIème siècle, déposées dans deux malles miraculeusement préservées, de ce musicien très peu connu. Un avocat surveille aussi ses travaux de recherche ainsi qu'une secrétaire de l'association. Qui est le véritable héritier de ces malles ? Contiennent-t-elles un secret sur un trésor ? Agostino Steffani a joué un rôle occulte en Allemagne pour préserver l'influence du Saint Siège. Pour quelles raisons ? Donna Leon brouille les pistes pour le plus grand plaisir des lecteurs(trices). Il faut aussi ajouter la diffusion d'un CD musical, "Mission" qui regroupe les œuvres de Steffani. Un bon roman policier pour un voyage musical et culturel... et la magie de Venise !
mardi 25 juin 2013
Rubrique cinéma
J'ai vu dimanche le film de Marion Vernoux, "Les Beaux Jours" avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte et Patrick Chenais. Ce film aborde le thème de la soixantaine, l'âge de la retraite et du temps libre pour une femme, dentiste de métier, qui se retrouve sans projet dans cette nouvelle vie. Son mari est lui aussi dentiste mais il est encore au travail. Ses filles lui offrent un abonnement dans un centre de loisirs où elle va rencontrer un professeur d'informatique, un trentenaire désabusé, partagé entre ses conquêtes féminines et son activité professionnelle pas du tout motivante. Caroline, la retraitée, s'ennuie et se sent seule malgré la présence de son mari et de ses filles. Elle va donc se laisser séduire par Julien, un Don Juan plutôt minable. Elle noue une relation amoureuse plus physique que morale et prend ainsi des risques jusqu'à mettre en danger son couple. Je ne vais pas trahir le dénouement : la différence d'âge (trente ans) sera-t-elle fatidique entre eux ? Son mari va-t-il la quitter ? J'ai apprécié aussi, dans ce film sympa et sans prétention, le portrait d'une femme dans une nouvelle vie, capable de folie amoureuse, de liberté, d'émancipation. Fanny Ardant illumine ce film par sa présence insolente, vivifiante, lucide et rebelle... Braver l'interdit de la différence d'âge, se libérer du carcan familial, trouver des raisons de vivre après une vie professionnelle bien remplie, partir à la découverte d'une nouvelle identité, celle d'une "retraitée" non pas mise au rebut, mais bien présente dans sa "seconde vie".
lundi 24 juin 2013
Maurice Nadeau, fin de partie
Un grand "bonhomme" de la vie littéraire s'en est allé à l'âge de 102 ans. Il incarnait la littérature, une littérature exigeante, originale et intelligente. Selon la notice nécrologique du journal "Le Monde", parue le mardi 18 juin, il était né à Paris, a connu une enfance modeste, pauvre même, ce qui explique son engagement politique du côté du trotskisme. Il consacra sa vie à la "Quinzaine Littéraire" depuis 1966, revue bimensuelle d'une qualité intellectuelle hors pair. Cette revue, austère et belle aussi, a informé des milliers de fidèles, amateurs littéraires, assoiffés de textes, curieux d'histoire, de psychanalyse, de politique, d'art, de poésie, de la littérature française et étrangère. On lui doit de nombreuses découvertes d'écrivains. Il a aussi créé sa maison d'édition en 1979 sous son nom. Je ne citerai que les plus connus comme Barthes, Perec, Sarraute, Lowry, Koestler, etc. Son œuvre personnelle compte de nombreux titres dont la célèbre "Histoire du surréalisme" en 1945, ouvrage qui fait autorité dans le domaine de la critique. Il faut aussi relire ses mémoires "Grâces leur soient rendues" en 1990. Avant de mourir, il s'est battu pour sauver sa revue de la faillite en lançant un appel aux lecteurs pour recueillir des fonds. Ce dernier combat symbolisait la passion de Nadeau pour la littérature, le fil conducteur de sa vie. Jusqu'au bout de sa vie, il a animé la revue avec sa "gouaille" légendaire, son caractère affirmé, son militantisme anachronique. Que va devenir la revue sans lui ? Je note que les médias ont peu évoqué sa disparition. J'ai seulement entendu un journaliste de Canal + en parler. Je voulais rendre hommage à cet homme, un "dinosaure" d'une littérature moderne et d'avant-garde et pour ma part, je lui suis redevable d'une grande partie de ma "culture littéraire" formée par ce passeur merveilleux qu'était Maurice Nadeau.
jeudi 20 juin 2013
"Les vulnérables"
Chang-rae Lee est né en 1965 en Corée du Sud. Il vit aux Etats Unis et enseigne la littérature à Princeton. J'avais lu de cet écrivain, "Les sombres Feux du passé" en 2001. Plus de dix ans ont passé et je le retrouve avec curiosité dans ce roman, "Les vulnérables", édité aux Editions de l'Olivier en 2013. Pour les lecteurs(trices) qui ont envie de lire léger, futile ou décontracté, il faut passer son chemin... Pour ceux ou celles qui aiment une littérature forte, tragique, sombre, passionnelle, il est temps de découvrir ces 539 pages, excellemment traduites par Marc Amfreville. Le premier chapitre donne la tonalité du livre : la narration de l'exode du personnage central, June, une adolescente de 14 ans, fuyant les communistes du Nord. Elle perd sa famille, sa fratrie dans cet épisode violent et elle est recueillie par un soldat américain, Hector Brennan, qui la conduit dans un camp de refugiés. Ce camp est géré par un couple d'américains, le pasteur Tanner et sa femme Sylvie. Le roman est construit autour de la période de la Guerre et aussi trente ans après. June est devenue une femme d'affaires dans les antiquités. Elle n'a plus de nouvelles de son fils, parti en Europe après ses études. Elle engage un détective pour reprendre contact avec le père biologique de son fils qu'elle n'a pas revu depuis trente ans. Les chapitres se suivent en alternant les histoires de June dans le camp et dans sa vie actuelle. Hector Brennan n'a jamais vu ce fils disparu et il accepte d'aider June pour le retrouver en Italie. Sylvie, la femme du pasteur, a apprivoisé June, adolescente difficile et caractérielle, dure comme le diamant, querelleuse en diable. June voue un amour exclusif à Sylvie. Mais, Hector devient l'amant de la femme du pasteur et cette relation perturbe la jeune fille. Ce trio amoureux devient un piège pour Sylvie, proie de la drogue aussi dans ce pays en guerre. Les "vulnérables" concernent ces personnages qui subissent le poids effroyable de l'Histoire et de l'amour interdit. Hector se noie dans l'alcool, Sylvie dans la drogue et June dans la haine d'elle-même. Ce roman avec sa force romanesque nous entraîne dans un paysage dévasté sur le plan humain. Chang-rae Lee nous offre une fresque historique, une histoire d'amour impossible, et évoque le sujet douloureux de l'exil et d'une seconde chance dans un pays d'accueil. Attention, ce roman peut déranger, dérouter le lecteur(trice) mais je suis persuadée qu'il peut toucher et émouvoir par sa dimension tragique.
mardi 18 juin 2013
Atelier de lecture
En deuxième partie de la séance de mardi 13 juin, nous avons abordé les ouvrages tirés au sort concernant la tendance littéraire baptisée par les critiques, l'autofiction. Je rappelle une des nombreuses définitions de ce genre à part entière : "refus de toute littérature détachée de la vie, affirmation d'une œuvre revendiquant sa passion du réel contre toutes les formes de falsification du réel, récit dont la matière est entièrement autobiographique, la manière entièrement fictionnelle". Dans la liste des romans d'autofiction tirés au sort, certains n'ont pas été lus, tout simplement. Les heureux élus ne sont pas nombreux. Je récapitule donc les meilleurs : Lyne a beaucoup aimé Daniel Pennac et son itinéraire de cancre dans le célèbre "Chagrin d'école". Marie-Christine a bien apprécié l'autobiographie de Le Clézio, "L'Africain". Danièle a lu avec émotion "Et rester vivant" de Jean-Philippe Blondel, récit de sa vie d'étudiant aux Etats Unis après la perte de sa famille dans un accident de voiture. Après ce drame terrible, le jeune homme se réconcilie avec la vie grâce à l'amitié et à l'amour. Geneviève est "tombée" sur le livre de Justine Lévy, "Rien de grave" et elle n'avait pas une opinion très positive sur ce récit d'une jeune femme privilégiée. Elle a préféré le livre de Frédéric Beigbeder, "Un roman français", récit d'enfance dorée, souvenirs qui affluent tout au long du récit lui donnant un charme particulier. Evelyne a bien apprécié le récit de Vanessa Schneider, "La mère de ma mère", un secret de famille sur l'identité de sa grand-mère et sur le racisme ordinaire. Régine a terminé cette séquence "autofictionnelle" en évoquant un récit coup de cœur de Noëlle Chatelet, "La dernière leçon" sur la fin de vie choisie par sa mère, femme courage, qui a décidé de mourir "au bon moment" à 90 ans quand elle le souhaitait. Ce livre témoigne d'un sujet plus que délicat, l'euthanasie. Nous avons donc arrêté la séance après deux heures d'écoute attentive, d'échanges fructueux, de bons moments conviviaux. En tant que lectrice, j'ai vraiment savouré ces deux heures dédiées à une de mes passions favorites : lire, encore lire et partager ses découvertes, sortir de sa solitude de lectrice pour rejoindre la communauté de ceux et de celles qui aiment vivre dans la compagnie des écrivain(e)s et des livres...
lundi 17 juin 2013
"Les joueurs"
j'avais déjà lu quelques romans de cet écrivain américain, Stewart O'Nan, dont l'excellente "Emily" en 2012 et "Nos plus beaux souvenirs" en 2005. Il explore la vie quotidienne aux Etats Unis comme son prédécesseur Raymond Carver. Dans ce nouvel opus, il nous raconte l'expédition de Marion et d'Art aux chutes de Niagara, côté Canada. Ce couple traverse une crise multiple : leur mariage bat de l'aile, leurs enfants ont quitté le foyer familial, les dettes s'accumulent et leur maison va être vendue... La situation semble donc désespérée, mais Art a une idée pour sauver leur couple et leur maison. Il arrive à convaincre Marion de tout miser dans un casino de l'hôtel pour recommencer à zéro. Cette seconde lune de miel, trente ans après, est décrite ainsi : "Ils allaient passer leurs derniers jours en tant que mari et femme comme les tout premiers, presque trente ans auparavant, aux chutes de Niagara, comme si de l'autre côté de la frontière, près de ce légendaire et tumultueux chaudron des nouveaux départs, loin de toute créance domestique qui sapait leur quotidien, ils avaient une chance de se retrouver". Stewart O'Nan fait durer le suspens : le couple désuni va-t-il se retrouver grâce aux jeux de hasard comme s'ils jouaient leur vie à la roulette russe ? Est-t-il trop tard ? La vie peut apporter son lot de surprises, bonnes ou mauvaises. Il suffit de s'adapter et nos deux protagonistes, pourtant au bord du gouffre, éprouvent encore un regain d'énergie pour éviter la banqueroute. Si vous lisez ce roman, vous connaîtrez le résultat de leur audace...
vendredi 14 juin 2013
Atelier de lecture
Le mardi 11 juin, nous étions une bonne dizaine de lectrices pour cette dernière séance de la saison. Nous avons abordé en première partie les coups de cœur. Comme nous étions nombreuses, j'ai conseillé la brièveté des commentaires pour que chacune prenne la parole, consigne suivie. Danièle a parlé de deux romans, celui de L. Bordes, "Je suis la Marquise de Carabas", l'histoire d'une famille de marionnettistes sur cinq générations, et "Le jour avant le bonheur" du grand écrivain italien, Eri de Luca, roman attachant et émouvant. Geneviève a choisi le très grand succès de librairie,"La liste de mes envies" de Grégoire Delacourt, portrait d'une femme modeste, tenant un blog de broderies, et gagnante au loto et un thriller palpitant, "La maison des absents" d'une écrivaine américaine vivant en Irlande, Tana French. Véronique a beaucoup apprécié, "G229" de Jean-Philippe Blondel, un récit autobiographique sur son métier d'enseignant, et "Le cœur cousu" de C. Martinez. Janine a évoqué "Tous les matins du monde", un roman culte de Pascal Quignard, un grand livre adapté au cinéma et qui a fait connaître la musique de Marin Marais. J'ai approuvé avec enthousiasme ce rappel d'un écrivain qui tient une place prépondérante dans ma galaxie littéraire. Evelyne a montré le dernier roman de Jeanne Benameur, "Profanes" qu'elle a vraiment apprécié et un roman policier original, "Qui a tué Glem ?" de Léonie Swann où les personnages sont des moutons, rire garanti. Annette a conseillé "Cueillettes de mémoires, histoires d'hommes et de plantes dans les Bauges", un ouvrage plein de conseils sur les herbes médicinales de notre région. Régine a sélectionné un très beau témoignage de Joan Didion, "L'année de la pensée magique", un journal intime sur la mort subite de son mari et sur le dur apprentissage du deuil. Pour donner une note plus légère, elle a mentionné le livre amusant de Bernard Pivot, "Les mots de ma vie". Sylvie a beaucoup lu ces derniers temps et a mentionné des titres déjà cités dans les séances précédentes dont le très bon "Les chaussures italiennes" de Mankell. Je cite le seul titre inédit pour le groupe : "La pluie avant qu'elle ne tombe" de Jonathan Coe, écrivain anglais toujours très intéressant à lire. Nicole a beaucoup aimé le roman "Léna" de Virginie Deloffre, la relation entre un savant russe et une paysanne en Sibérie. Sylve-Anne, la dernière participante à prendre la parole a conseillé fortement le livre de Carlos Ruiz Zafon, "L'ombre du vent", passionnant du début à la fin et évoquant le monde fascinant des livres. Voilà pour la première partie de l'atelier. Bonnes lectures en perspective...
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