Tous les étés, je pratique l'art du désherbage comme je le faisais régulièrement dans ma carrière de bibliothécaire. A la bibliothèque universitaire de Jacob, j'étais même responsable de ce service. Il fallait gagner de l'espace dans les magasins pour réceptionner les ouvrages qui dormaient trop longtemps sur les étagères en prêt direct. Comme les achats de livres concernaient plusieurs exemplaires par titre, il suffisait d'en conserver un seul et d'éliminer les autres. Cet acte délicat et souvent ingrat se révèlait vraiment une necéssité. J'ai toujours gardé des traditions "bibliothéconomiques" et une fois par an, je me lance dans ce travail qui me rappelle mon beau métier de bibliothécaire. J'ai selectionné plusieurs catégories d'ouvrages : des romans que je ne relirai pas, des guides de voyage obsolètes, des ouvrages sur des sujets qui ne m'intéressent plus, des revues d'art, des magazines, etc. Plus de deux cents exemplaires ont été déposés dans des sacs et ont pris la direction d'Emmaus et des cabanes à livres. Plus je prends de l'âge, plus je ressens le besoin de m'allèger, de lutter contre le tsunami de papier dans ma petire maison. Pourquoi conserver des écrits que l'on peut retrouver sur internet, surtout les revues ? Quels sont donc les livres chéris que je garderai jusqu'à mon dernier souffle ? Toutes les oeuvres de mes écrivains préférés ! J'ai besoin de les avoir chez moi pour les feuilleter à tous moments, de les relire parfois. Je conserve évidemment les Pléiades, les beaux livres d'art de mes peintres préférés et comme j'aime beaucoup voyager, je ne me sépare pas des guides bleus, les plus complets à mes yeux sur le plan culturel. Des livres sur l'Italie et sur la Grèce ne me quittent plus depuis longtemps. Pour me souvenir aussi de mes nombreuses visites des musées, ma bibliothèque où reposent les catalogues de ces institurions s'étoffe d'année en année... Plus j'aère mes étagères, plus je retrouve des livres oubliés que j'ai envie de relire. J'étais même été surprise de dénicher un petit volume des lettres de Rilke à Lou-Andréas Salomé que je n'avais pas encore lues. Si des livres partent, d'autres les remplacent et cette marée montante et descendante me permet de rajeunir mes collections, de les nettoyer, de les bouger de place. Une tâche annuelle revigorante et apaisante. Tel un jardinier modèle, je tiens à prendre soin de mes plates-bandes semées de livres !
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