Après Montepulciano, j'ai dormi dans un hôtel d'agriturismo, Le Vigne, près de Montevarchi. Le domaine produit des vins fins du Chianti et j'ai savouré un bon repas du soir avec quatre plats trop copieux ! Le lendemain matin, j'ai pris la direction de Florence et avant de rendre la voiture de location à l'aéroport, j'ai visité la petite ville de Fiesole, à quelques kilomètres de la cité des Médicis. J'avais la curiosité de découvrir cette petite ville au sommet d'une colline. Dans le guide du Routard, j'ai lu une anecdote concernant Marcel Proust rêvant du printemps qui "couvrait déjà de lys et d'anémones les champs de Fiosole et éblouissait Florence de fonds d'or pareils à ceux de l'Angélico". L'aire archéologique et son musée civique méritent amplement le détour. Les Etrusques ont occupé ce lieu magnifique et les Romains ont fait la conquête de Fiosole car l'air était plus salubre qu'à Florence. Les vestiges témoignent de leur présence et sont restés en très bon état. Le théâtre romain d'un diamètre de 34 mètres pouvait accueillir 3 000 personnes et les gradins du bas sont intacts. J'ai arpenté avec plaisir le théâtre en m'imaginant la foule des spectateurs écoutant avec dévotion les pièces de théâtre de l'époque. Plus loin, des thermes ont été découverts en 1891 dans le fond du site du théâtre et un portique à trois ouvertures a été reconstitué. La piscine rectangulaire à deux vasques de profondeurs différentes se dessine sur le sol. De nombreuses amphores destinées à filtrer l'eau furent découvertes sur ce site. Un troisième bâtiment surgit dans ce décor magique, les fondations d'un temple étrusque date des IVe et IIe siècles av. J.-C., constituant la zone sacrée. J'ai terminé ma visite dans le musée civique intégré dans l'aire archéologique. Ce beau musée présente des collections étrusque et romaine : morceaux de poteries, lampes à huile, monnaies, sarcophages, statuettes votives en bronze, flacons à parfum, vases, objets du quotidien. Visiter un site archéologique aussi vaste et assez bien conservé demeure pour moi une démarche "poétique et philosophique". Souvent, mon imagination me permet de retourner dans le passé profond de ces hommes et de ces femmes, de ressentir la même appartenance à la communauté humaine. Réflexion sur le vertige du temps, méditation sur nos anciens, très anciens ancêtres, ces premiers européens. Je pense à Hannah Arendt et à sa conception de la "continuité du monde". Fiosole, une belle étape dans mon escapade toscane.
des critiques de livres, des romans, des moments de lectures, des idées de lecture, lecture-partage, lecture-rencontre, lectures
vendredi 30 mai 2025
jeudi 29 mai 2025
Escapade en Toscane, de Montepulciano à Cortone
J'ai choisi l'étape de Montepulciano pour deux raisons : un modèle idéal d'une petite cité toscane avec son architecture typique et sa vie culturelle avec un musée civique important. En effet, j'ai donc visité le musée-pinacothèque Crociani, installé dans le palais Neri Orselli depuis 1954. Le sous-sol et le rez de chaussée présentent des collections archéologiques étrusques où j'ai retrouvé les urnes funéraires trouvées dans les environs de la cité ainsi que des blasons épigraphiques qui racontent l'histoire de Montepulciano. La pinacothèque sur deux étages montrent des oeuvres des primitifs italiens avec des représentations de la Vierge Marie. J'aime voir dans ces tableaux des anges musiciens, espiègles et joyeux, apportant une notion de joie dans la peinture de la Renaissance. Quelle époque sublime, la Renaissance italienne dans toutes les formes de l'art : peinture, sculpture, littérature. Je ne m'en lasserai jamais. Les historiens évoquent souvent le miracle grec dans l'Antiquité mais je nommerai cette période de la Renaissance comme le miracle italien des XVIe au XVIe siècles. Après Montepulciano, j'ai pris la direction de Cortone, dans la province d'Arezzo, une petite ville de 22 000 habitants. Côté art, de grands peintres sont nés dans cette cité étrusque comme le délicieux Signorelli et le moderne Gino Severini. Parfois, je sélectionne une étape pour un seul tableau que je veux absolument voir et je n'ai pas été déçue quand je me suis retrouvée devant l'extraordinaire "Annonciation" de Fra Angelico. installée dans le musée diocésien. Un tableau unique, lumineux, d'une beauté émouvante. Dans une autre salle, Luca Signorelli, l'enfant du pays, a conquis mon admiration totale surtout pour son oeuvre "Lamentation sur le corps du Christ". Un deuxième musée, plus important, a capté mon intérêt : le MAEC ou le musée dell'Accademia etrusca et della cita di Cortona. La partie archéologique sur les Etrusques réunissait des pièces innombrables exposées dans des vitrines anciennes. Le côté vintage du musée conservant son identité première est une rareté dans le monde muséal. Une pièce étrusque a attiré mon attention : un lustre, un superbe plafonnier en bronze, pièce unique au monde. J'ai aussi contemplé des oeuvres de Signorelli dont "l'adoration des bergers". Le dernier étage était consacré au peintre fururiste Gino Severini, un ami de Picasso et de Braque, très intéressant. Je n'ai pas regretté cette étape malgré quelques escalades pour parvenir au centre historique. La beauté se mérite surtout dans tous ces lieux perchés qui diffusent une magie certaine quand on les découvre de loin ou de près.
lundi 26 mai 2025
Escapade en Toscane, Grosseto et Montepulciano
Traverser la Toscane en voiture permet tout de même de voir défiler de magnifiques paysages. Ces cyprès plantés sur les collines avec des pins maritimes et des enfilades de vignes sur un fond de ciel bleu, perlé de nuages blancs, formaient des tableaux de peinture que l'on trouve dans la Renaissance italienne. Ma mémoire enregistre avec bonheur ces images d'une nature préservée. Je m'arrêtais pour photographier ces panoramas remarquables, protégés miraculeusement d'une ultramodernité agressive et d'une laideur à pleurer comme tous ces espaces commerciaux qui cernent toutes les métropoles. A Grosseto, j'ai visité le centre ancien avec son Duomo incontournable car les églises en Italie ressemblent plus à des musées qu'à des édifices religieux. Quand j'ai préparé mon escapade, un musée de cette ville m'avait intéressée : le Musée archéologique et d'art de la Maremme, consacré largement aux Etrusques. J'ai retrouvé les urnes funéraires provenant de Volterra et de Chiusi et une section était dédiée à Roselle, une cité étrusque proche de la ville. Statuettes votives en bronze, beaux vases grecs, objets familiers du quotidien, bas-reliefs, vaisselle, tous ces vestiges montrent le degré sophistiqué et raffiné de la civilisation étrusque. En sortant du musée, j'ai découvert un nouveau musée, le Musée collection Gianfranci-Luzzeti ouvert en 2019 et le guide du Routard ne l'a pas mentionné. Situé dans l'ancien couvent des Clarisses, la collection présentée provient d'un don d'un antiquaire, Gianfranco Luzzeti. Les peintures datent des périodes Renaissance et Baroque. J'ai eu la surprise de me retrouver devant un Botticelli, "La Madonna et su bambino", d'une beauté à couper le souffle, et surtout un Bellini, ce peintre vénitien que j'aime beaucoup. Apres l'étape à Grosseto, je suis partie à Montepulciano, un petite ville de 15 000 habitants, haut perchée à 600 mètres d'altitude, connue pour son "vino Nobile" (à consommer modérément). Dans un décor Renaissance, j'ai arpenté les rues pentues et étroites dans cet écrin de la Toscane. Entourée de remparts et de fortification, cette cité est l'oeuvre d'Antonio da Sangallo, architecte, au service de Cosme Ier de Médicis. La Piazza Grande est un bijou architectural mais malheureusement, le Duomo était fermé pour travaux. Plus tard, j'ai été reçue par Roberto, un hôte charmant et d'une volubilité toute italienne qui proposait des chambres d'hôte des années 80 ! Peu de touristes dans cette petite ville, un archétype de l'urbanisation médiévale en Italie. Je me sentais au coeur de la Toscane !
jeudi 22 mai 2025
Escapade en Toscane, Populonia et Piombino
Ces deux petites villes, Populonia et Piombino, ne connaissent pas l'affluence touristique. Mais, j'aime bien débusquer dans les guides des lieux épargnés par une foule invasive. Populonia se situe sur un des promontoires du golfe de Baratti et conserve des fortifications du XVe. Seule cité étrusque au bord de la mer, elle était devenue le plus important centre métallurgique d'Etrurie, riche en métaux divers comme le fer, le cuivre, le plomb, l'argent. Il faut imaginer le commerce de ses mines à travers la Méditérranée en particulier avec la Grèce. L'île d'Elbe se profile à l'horizon et le golfe miroitait au soleil. Virgile a cité Populonia en évoquant le recrutement de 600 guerriers par Enée. J'ai donc visité la partie basse du parc archéologique de Populonia, la Nécropole de San Cerbone. Les tombes sont restées enfouies sous plusieurs mètres de scories de fer et ont été découvertes au début du XXe siècle. Ces tombes monumentales à tumulus appartenaient à des familles aristocratiques ou à des princes guerriers. Certaines mesurent plus de vingt mètres de diamètre. Tous les objets trouvés dans ces tombes ont souvent été pillés mais, heureusement, des milliers d'entre eux reposent dans les murs des musées archéologiques, gardiens précieux et inestimables du passé de l'humanité. J'ai remarqué l'une d'entre elles, dit tombe à édicule sous la forme d'un petit temple avec des statues décoratives. D'autres tombes à caisson ou à sarcophage parsèment le terrain. Ces traces matérielles d'une civilisation qui a duré six siècles me paraissent toujours émouvantes. Un petit musée privé de la famille Gasparri surplombe le golfe de Baratti. La collection provient de la nécropole ainsi que des objets trouvés en mer. Les vestiges sont présentés dans des vitrines : poteries, récipients en bronze, céramiques, sarcophages, amphores, etc. Après cette visite instructive et culturelle, j'ai terminé la journée dans un hôtel face à la mer tyrrhénienne où j'apercevais les lignes de l'île d'Elbe, un décor de rêve qui me rappelait la Grèce. Piombino conserve sa vocation industrielle, ce qui n'encourage guère le tourisme. Cette ville moyenne est le principal port d'embarquement pour l'île d'Elbe. Mais, je n'ai pas eu le temps de visiter l'île. J'étais sous le charme de la mer d'un bleu parfait avec des mouettes qui passaient devant mes yeux. Ah, la mer, un espace de tous les temps, inchangée, persévérante, magique et sublime. Comment ne pas admirer ce bleu mouvant, ce bleu profond ? Je pensaits à Rimbaud et à son poème : "Elle est retrouvée. Quoi ? L'Eternité, c'est la mer allée avec le soleil".
mercredi 21 mai 2025
Escapade en Toscane, Volterra
Mon escapade toscane a démarré à Volterra, une petite ville de 10 000 habitants que j'avais déjà visitée il y a quelques années. J'étais heureuse de retrouver cette impression de "magie du lieu". Perchée sur sa colline d'une altitude de 500 mètres, c'est l'une des plus anciennes cités de la grande fédération étrusque jusqu'à l'arrivée de Scipion en 298 av. J.-C. et elle tomba sous la tutelle de Florence vers 1360. Baptisée "la cité du vent", d'un aspect un peu sévère, Visconti a tourné un de ses films, "Sandra" dans ses murs. La piazza dei Priori, l'une des plus belles places médiévales d'Italie, concentre à elle seule, cette beauté architecturale si exceptionnelle en Italie. Comme j'étais à la recherche des Etrusques, j'ai visité le très beau musée Guarnacci, fondé en 1761 (l'un des plus anciens d'Europe) par un abbé qui a fait don à sa ville natale de sa passion archéologique. Un palazzo accueille des objets allant de la période préhistorique à la période étrusque. Les 600 urnes conservées au musée frappent l'imagination des visiteurs car les bas-reliefs étonnent par leurs motifs ornementaux avec des rosaces, des animaux, des personnages mythologiques comme Ulysse, Thésée, les Amazones, etc. Une urne émouvante, présentée dans une salle, représente deux époux agés lors d'un banquet, unis dans la vie comme dans l'au-delà, et révèle la place importante des femmes dans la civilisation étrusque. Un symbole du musée a influencé le sculpteur Giacometti. Il s'agit du bronze votif, baptisé "L'ombra della sera" ou "L'ombre du soir", un jeune homme à la forme allongée ressemblant à une ombre humaine dans "la lumière du coucher du soleil". Ce chef d'oeuvre de la sculpture étrusque date du IIIe siècle av. J.-C. et attire à lui seul les amateurs d'archéologie. J'ai arpenté avec un grand plaisir culturel ce musée très peu fréquenté par les touristes peu nombreux car ils vont tous à Florence, le nombril de la Toscane. Et Volterra mérite vraiment le détour. J'ai terminé ma journée à la pinacothèque, un musée communal, avec de beaux tableaux de peintres toscans dont une Annonciation magnifique de Luca Signorelli que j'ai admirée longuement. J'ai fini ma soirée dans un couvent hôtel, à l'architecture monastique remarquable. J'ai ressenti un sentiment de sérénité dans un lieu si sacré, transformé en hôtel respectueux de son passé, simple et soigné. La première étape de mon escapade m'a plongée dans un passé d'une richesse inouie et ce n'était que le début...
mardi 13 mai 2025
"Discours pour le prix de la paix des libraires et éditeurs allemands", Boualem Sansal
Les éditions Gallimard proposent une collection originale de textes courts, baptisée "Tracts". Dans cette série d'une centaine de titres, la diversité culturelle et le pluralisme politique se mêlent sans polémique stérile. J'ai donc lu le discours de Boualem Sansal lors de la remise pour le Prix de la Paix des libraires et éditeurs allemands en 2011. Des lauréats prestigieux ont obtenu cette récompense comme Jorge Semprun, Salman Rushdie, Claudio Magris, et tant d'autres intellectuels importants. Boualem Sansal déclare : "L'absence de liberté est une douleur qui rend fou à la longue. Elle réduit l'homme à son ombre et ses rêves à ses cauchemars". L''enfermement injuste et arbitraire de l'écrivain franco-algérien résonne tout au long de ce tract qui, une fois acheté, permettra de soutenir la société internationale qui milite pour sa libération. Le contexte politique des années 2010 du "Printemps arabe" pouvait donner un espoir à l'écrivain. Il évoque Assia Djebar, une écrivaine algérienne, académicienne qui a oeuvré pour la liberté des femmes : "Que, sans femmes en pleine possession de leur liberté, il n'y a de monde juste nulle part, il y a un monde malade, ridicule et hargneux". Il rappelle la décennie noire dans son pays dans les années 90 en parlant des "hordes islamistes" voulant imposer une dictature théocratique. Dans ce texte, il rend hommage à son épouse, Nahiza, en s'adressant ainsi : "Merci pour tout, pour ton amour, ton amitié, ta patience et ce courage tranquille dont tu as fait montre toutes ces années". Il évoque sa stupéfaction d'avoir été choisi, lui, un "écrivain modeste, un militant d'occasion, un scribouillard comme on dit de moi à Alger dans les milieux autorisés". En tant qu'algérien, l'écrivain n'a connu que la guerre, des guerres entre Arabes et Berbères, entre les religieux et les laïcs, entre le pouvoir dictarorial et le peuple otage. Pour Boualem Sansal, tout est à reconstruire : "Le plus dur reste à faire, se libérer et se reconstruire dans un état démocratique ouvert, accueillant, qui donne une place à chacun et n'impose rien à personne". Un beau programme utopique que les politiques devraient appliquer dans toutes les pays du monde. Et Boualem Sansal est toujours en prison. Un scandale d'état. Quand va-t-il retrouver la liberté et la paix ? Personne ne le sait sauf ses géoliers institutionnels de l'autre côté de la Méditerranée.
lundi 12 mai 2025
Sur les traces des Etrusques
Bientôt, je vais partir vers un horizon étrusque du côté de la Toscane, de Florence à Volterra, de Piombino à Grosseto, de Montepulciano à Cortone. J'ai découvert cette merveilleuse région italienne dans les années 80 et je conserve précieusement dans ma mémoire les paysages toscans avec ses collines, ponctuées de cyprès, de vignes et d'oliviers sans oublier les villages perchés. La terre toscane, une terre de rêve humaniste, se caractérise par une nature exceptionnellement belle et aussi par une culture patrimoniale d'une richesse inouie. J'ai relu tous mes guides traditionnels, du Routard au guide Hachette, sans oublier la consultation des sites spécialisés sur le net. Comme j'aime l'Antiquité et l'archéologie, je vais retrouver avec un grand bonheur la civilisation étrusque, ces "Italiens" des origines, en visitant les musées archéologiques et des sites antiques comme Populonia, Vetulonia, Roselle, Fiesole. J'ai repris mes livres d'histoire sur ce peuple mystérieux qui me fascine. L'ouvrage érudit, "La vie quotidienne des Etrusques" de Jacques Heurgon, publié en 1989 chez Hachette, révèle un peuple, "propagateurs fervents des modes grecques" et "éducateurs de Rome". J'aime savoir comment ils vivaient, du matin au soir, leurs rites funéraires, leurs croyances, leur ordre social. Cet ouvrage, une mine essentielle d'informations pour comprendre la civilisation étrusque. J'ai aussi lu un essai de H. D. Lawrence, "Promenades étrusques", publié en 1932. Cet écrivain anglais, connu pour son roman culte, "L'amant de Lady Chatterley", part en 1927 sur les terres étrusques pour visiter les sites les plus importants : Cerveteri, Volterra, Tarquinia, la côte de la Maremme. Lawrence développe dans ce texte une vision vitaliste, hédoniste, lumineuse de ce peuple premier avec leurs danses, leur musique, le culte des morts, le sens de la fête dans les banquets. Les tombes de Tarquinia que j'avais visitées montraient à travers leurs fresques des scènes festives et libertines. Je ne rentrerai pas dans les querelles entre historiens mais, j'avoue que l'ouvrage de Lawrence m'a fait bien sourire car à son époque, il fallait qu'il aille chercher des paysans du coin pour visiter les tombes qui avaient été pillées mais, heureusement, il restait les peintures sur les murs. L'écrivain a voulu donner une vision paradisiaque de ce monde de marchands et de navigateurs dont la langue est restée longtemps obscure. Je vais donc retourner sur ce terroir béni des dieux. Un voyage de trois mille ans, des Etrusques aux Romains, en passant par la Renaissance et l'Italie contemporaine. Ah, l'Italie, mon pays adoptif car si je devais quitter la France, je vivrais en Italie !
vendredi 9 mai 2025
"Arctique solaire", Sophie Van Der Linden
J'ai découvert le roman de Sophie Van Der Linden, "Arctique solaire" sur les conseils de Régine qui l'a présenté dans l'Atelier Littérature d'avril. L'autrice, lors d'une visite au Musée d'art moderne à Paris, a observé une toile de l'artiste suédoise Anna Boberg (1864-1935), un paysage peint aux îles Lofoten. De cette vision initiatique, ce roman biographique est né. L'aventure esthétique d'Anna Boberg a commencé en 1901 quand elle débarque seule dans ces confins glacés. Le récit prend la forme d'une longue lettre adressée à son mari où elle exprime toute sa sensibilité de peintre : elle veut "peindre du blanc qui ne soit pas l'absence, peindre une lumière qui ne soit pas matière". Son mari, un architecte célèbre, la soutient dans sa recherche picturale et lui construit une cabane qui lui sert d'atelier. L'artiste aimait tout particulièrement les îles Lofoten, un archipel de la mer de Norvège, un lieu privilégié pour observer les aurores boréales. Ses séjours se déroulaient dans des conditions rudes et hostiles, un "enfer givré". Elle doute d'elle, de son talent, mais elle affronte sa solitude créatrice pour l'amour de l'art. Les critiques ne reconnaissent pas tout à fait son talent alors qu'elle se sent plus audacieuse que ses collègues, Carl Larsson et Bruno Liljefors. Dans sa vie professionnelle, Anna Boberg aménageait des intérieurs comme décoratrice. Elle menait une vie mondaine en fréquentant la famille royale suédoise et a même rencontré Sarah Bernhardt. Autodidacte, l'artiste peintre choisit des paysages comme son modèle, Claude Monet. Elle veut capter les couleurs du fjord, les "vibrantes oscillations chromatiques", en traquant les aurores boréales, fugitives et imprévisibles. Ce roman biographique ressemble à un essai impressionniste sur les couleurs de la vie, de la nature. Des questions surgissent au fil du texte : comment un tableau peut jaillir dans les mains d'un artiste ? Pour quel motif ? Comment traduire la beauté d'un paysage sur une toile ? Ce roman biographique subtil et délicat apporte quelques réponses. Sophie Van Der Linden a suscité notre curiosité pour une femme peintre inconnue, Anna Boberg et pour des îles lointaines. l'archipel des Lofoten !
jeudi 8 mai 2025
"L'Ignorance", Milan Kundera, 2
Milan Kundera dévoile dans tous ses romans "l'irréductible mystère du déroulement de chaque existence et le poids déterminant des choix d'un instant sur l'ensemble d'une vie". En somme, il alerte sur le fait que les actes parfois insignifiants ont des conséquences lourdes. L'intitulé du roman, "L'ignorance" désigne le déni, la "cécité" qui empèche les hommes et les femmes de "maîtriser" vraiment leur destin. Ce comportement pourrait aussi dépendre tout simplement du hasard. D'autant plus que les personnages synthétisent cet aspect dans leurs vies. Leur passé leur appartient à peine, tellement la mémoire leur joue des tours. Quand Irena rencontre ses anciennes amies restées au pays, elle est amèrement déçue par cette rencontre : "C'était une conversation bizarre. Moi, j'avais oublié qui elles avaient été ; et elles ne s'intéressaient pas à ce que je suis devenue". Les émigrés se transforment en "fantômes" évanescents pour ceux et celles qui n'ont pas vécu l'exil. Les deux protagonistes, Josef et Irena, vont se rencontrer et s'aimer mais ils ne peuvent envisager une vie commune. Josef, le veuf inconsolé, veut retrouver son pays adoptif, le Danemark, car les yeux de sa femme se sont posés sur les paysages danois et il préfère rester fidèle à sa compagne. Irena a refait sa vie avec Gustaf, un entrepreneur suédois, qu'elle ne veut pas quitter. Une des scènes les plus marquantes du roman se passe entre Josef et sa belle-soeur : "Confusèment, il essaya d'expliquer mais les mots avaient du mal à sortir de sa bouche parce que le sourire figé de sa belle-soeur, braqué sur lui, exprimait un immuable désaccord avec tout ce qu'il disait. Il comprit qu'il n'y pouvait rien, que c'était comme une loi : ceux à qui leur vie se révèle naufrage partent à la chasse aux coupables. La complainte des retours d'exil". Milan Kundera parle de déracinement et de l'impossibilité du retour. Tout a changé vingt ans plus tard : les visages, les sentiments, les idées. Nostalgie du passé, nostagie du temps qui passe. Les émigrés pensaient qu'ils seraient accueillis comme des héros, mais, personne ne les comprend et considère l'exil comme une trahison impardonnable. L'ironie mélancolique et pessimiste de Milan Kundera se traduit dans cette citation : "Les gens ne s'intéressent pas les uns aux autres et c'est normal". L'écrivain évoque aussi la ville magique, Prague, en proie au tourisme débridé, au point d'utiliser Kafka comme une icône footbalistique comme Madona, le brésilien. Il renouvelle sa critique d'une musique d'ambiance partout et dans tous les lieux, enveloppante et assommante. Ce roman nostalgique et désabusé est, pour moi, l'un de ses meilleurs, écrit en français comme un acte d'amour pour son pays d'accueil, la France.
mercredi 7 mai 2025
"L'Ignorance", Milan Kundera,1
J'ai choisi le thème de la nostalgie pour l'Atelier Littérature de mai. Quand j'ai établi ma liste, j'ai pensé tout de suite au roman de Milan Kundera, "L'Ignorance", publié en 2005. Je l'ai donc relu pour cette occasion et, évidemment, j'ai apprécié cette troisième lecture avec un intérêt renouvelé. Ce récit avec 53 chapitres très courts aborde l'épineuse question de l'exil des émigrés dans leur pays d'origine. Milan Kundera parle de son propre destin car il a fui le communisme de la Tchécoslovaquie en 1975 pour s'installer en France avec sa femme, Vera. Peut-on retourner dans son pays après des années d'absence ? Milan Kundera répond avec une certaine mélancolie qu'il est impossible de retourner dans son pays natal. N'est pas Ulysse qui veut. Deux personnages se partagent leur "spleen" du retour : Josef et Irena. Leurs rôles respectifs incarnent une facette de la nostalgie. Josef cultive un certain oubli dans sa mémoire sélective. Vivant au Danemark, il vient de perdre sa femme adorée. Il retourne à Prague pour retrouver son unique frère. Dans l'avion, il rencontre Irena qu'il a oubliée alors qu'ils avaient eu une relation amoureuse. Quand elle le croise dans l'avion qui les ramène à Prague, il feint de la reconnaître alors qu'elle se souvient très bien de lui. Ils ne partagent pas les mêmes souvenirs, "c'est là que le malentendu commence". Un effet de l'ignorance. Quand il est invité chez son frère, il ne pense qu'à un tableau qu'il voudrait récupérer. Son frère et sa belle-soeur ne comprennent plus cet étranger familier. Un gouffre les sépare et Josef abandonne toute idée de réconciliation avec sa seule famille. Milan Kundera pulvérise la notion de famille, un nid de rancoeurs et d'incompréhension. Encore un effet de l'ignorance dans les relations humaines. Irena vit la même expérience avec des amies d'enfance. Elle les rejoint dans un bar pour fêter le retour de leur amie passée à l'Ouest. Irena apporte une bouteille de Bourgogne pour marquer "son appartenance à la France" mais ses amies boudent le vin et préfèrent la bière. En fait, la jeune femme ressent bien le rejet et ses amies au fond n'ont pas pardonné sa 'trahison", son départ, son exil. Encore un effet de l'ignorance. Le génie kundérien (j'ose cette expression) consiste à utiliser la fiction pour illustrer sa pensée philosophique. Son talent s'épanouit en prolongeant les faits fictionnels en développements parfois historiques, parfois philosophiques. Une dynamique qui donne toute sa saveur particulière au texte. (La suite, demain)
mardi 6 mai 2025
"Désormais, notre exil", Colm Toibin
En 2024, j'ai découvert un écrivain irlandais, Colm Toibin. Ses romans distillent un charme certain, surtout "Brooklyn" et "Long Island". Nora, son héroïne principale, traverse l'océan pour vivre en Amérique, loin de sa famille. Elle reviendra en Irlande vingt ans plus tard pour retrouver ses racines. J'ai surtout remarqué le talent romanesque de cet écrivain quand il se met dans la tête d'un grand écrivain. Il a composé deux romans biographiques passionnants consacrés à Thomas Mann, "Le Magicien" et à Henry James, "Le Maître". Poursuivant ma découverte de cet auteur, j'ai fini de lire "Désormais, notre exil", son premier roman, publié en 1996. En 1950, Katherine Proctor, quitte son pays, l'Irlande, en abandonnant son mari et son fils. Elle s'installe à Barcelone et erre dans cette ville étrange et magnifique. Dans le célèbre Barrio Gotico, elle rencontre Miguel, un peintre catalan et Michael, irlandais comme elle. Une nouvelle vie commence pour elle quand elle tombe amoureuse de Miguel, mais cet homme est hanté par son passé de combattant républicain lors de la guerre civile contre les franquistes. Le couple s'installe dans un village de montagne dans les Pyrénées catalanes pour fuir Barcelone. Katerine a décidé de peindre elle aussi des paysages et s'adonne à cette activité avec passion. Elle réalise son rêve d'artiste peintre car les femmes, même dans les années 50, étaient rares dans le milieu de l'art. Elle partage avec Michael les tourments de la guerre civile en Irlande et leur complicité amicale rend Miguel jaloux. Loin de l'Irlande, la jeune femme va-t-elle retrouver la paix ? Sa vie rustique et simple ne peut pas durer d'autant plus que son compagnon sombre dans une dépression permanente malgré la naissance de leur bébé. Quelques années plus tard, devenue veuve, Katherine retournera dans son pays et retrouvera son fils adulte pour renouer avec un passé opaque et douloureux. Ce premier roman détient déjà les qualités du romancier, tout en douceur et délicatesse. Dans un article du Monde des Livres, Colm Toibin déclare : "Ce qui me fascine, c'est l'idée du point de vue. Explorer en profondeur ce qu'un individu voit, entend, sent, enregistre, remarque. Je veux que mon lecteur s'immerge dans une conscience fictionnelle unique". Evidemment, j'ai préféré ses romans plus récents mais, j'ai lu avec plaisir les aventures de Katherine à la recherche d'une sérénité introuvable dans un Barcelone des années 50, une ville qui a malheureusement disparu sous les couches d'un tourisme de masse. Finesse psychologique, grâce de l'écriture, chocs de l'Histoire, destins individuels, tous ces éléments se retrouvent dans toutes ses ouvrages depuis trente ans.
lundi 5 mai 2025
Atelier Littérature, les coups de coeur, 2
Odile a présenté son grand coup de coeur : "La chorale des Maîtres Bouchers" de Louise Erdrich, publié en 2005 chez Albin Michel. En 1918, Fidelis Waldvogel, un jeune soldat allemand, part en Amérique pour tenter sa chance. Il a hérité d'une valise de couteaux de boucherie. Il s'installe dans le Dakota où sa femme et son fils le rejoignent. Il travaille beaucoup et le soir, il chante dans un choeur d'hommes, "la chorale des maîtres bouchers". Les Waldvogel rencontrent un couple lui aussi émigré. Des années 20 aux années 50, l'écrivaine raconte le rêve américain de ces émigrés européens à la frontière du réalisme et de la magie. Louise Erdrich, une grande dame des lettres américaines. Véronique a beaucoup aimé "Badjens" de Delphine Minoui, publié au Seuil. En 2022, Chiraz, une iranienne de 16 ans, escalade une benne à ordures pour brûler son foulard. L'adolescente raconte aussi sa naissance indésirée, son père autoritaire, ses copines, ses premières amours. Sa révolte légitime et héroïque pour vivre libre a inspiré la journaliste, Delphine Minoui d'origine iranienne, spécialiste du Proche et du Moyen Orient. Un roman coup de poing et un éloge de la liberté. Régine a présenté un roman de Sandrine Collette, "Ces orages-là", publié en 2021. Clémence, jeune femme trentenaire, parvient à s'échapper d'une relation toxique après trois ans où elle a cru à l'amour. Après cette rupture, elle vit recluse, solitaire dans une petite maison, Comment résister à la tentation de faire marche arrière ? Régine a beaucoup aimé ce roman d'une intensité particulière. Elle a cité un deuxième coup de coeur, une biographie romancée, "Femme debout" de Catherine Bardon, publiée en janvier dernier. Cet ouvrage raconte le destin hors du commun de Sonia Pierre, fille de coupeurs de canne dans la République dominicaine. Elle deviendra avocate pour combattre l'injustice et consacrera sa vie pour les droits humains. Féministe, distinguée par de nombreuses récompenses, elle demeure auprès des siens parfois au péril de sa santé et de sa sécurité. Nous avons reçu la visite de Dany, une "ancienne" de l'Atelier. Elle a aussi proposé un coup de coeur, "Madame Hayat" de Ahmet Altan. Fazil, étudiant boursier, gagne sa vie en tant que figurant à la télévision. Il tombe amoureux de cette Madame Hayat, une femme plus âgée que lui. Il aime aussi la jeune Sila. Situation complexe et romanesque. Un écrivain turc à découvrir. La séquence "coups de coeur" a le mérite de donner envie de découvrir des écrivains et des livres que les lectrices ont aimés. Des lectures pour cet été.
samedi 3 mai 2025
Atelier Littérature, les coups de coeur, 1
Mylène a présenté deux coups de coeur : un essai et un roman. Elle nous a recommandé un roman de Dorothy West, "Le mariage", publié en 1995 et disponible en poche. En 1953, Shelby Coles, issue de la bourgeoisie noire de Boston, va épouser Meade, un musicien de jazz, blanc. Autour de ce mariage mixte, des rancoeurs et des désirs se cristallisent et font remonter des souvenirs de la difficile intégration des noirs américains dans la société américaine. Dorothy West, (1907-1998), est une figure mythique de la culture américaine avec ses compagnons de lutte antiraciste, James Baldwin et de Richard Wright. Un roman à découvrir. L'essai concerne le philosophe Harmut Rosa, "Remèdes à l'accélaration", publié en 2021. Le philosophe analyse le système de la performance, de l'accélaration de nos sociétés dans sa frénésie consumériste. Il relate son voyage en Chine, un pays qui est passé de la féodalité au capitalisme le plus débridé. Une solution existe pour le philosophe : entrer en résonance avec le monde, "nouer un autre rapport au monde, se reconnecter à autrui". Harmut Rosa résume sa pensée ainsi "Nous sommes non aliénés là où et lorsque nous entrons en résonance avec le monde. Là où les choses, les lieux, les gens que nous rencontrons nous touchent, nous saisissent ou nous émeuvent, là où nous avons la capacité de leur répondre avec toute notre existence". Danièle a découvert avec un certain émerveillement l'immense "Mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar, publié en 1951. Elle a même prononcé le terme, "lecture extatique". J'en suis ravie car cette biographie romancée est un chef d'oeuvre absolu. L'Empereur Hadrien, Publius Aelius Hadrianus, né en l'an 76 et mort en 138, succède à Trajan en 117. L'écrivaine raconte avec son style somptueux la vie de cet homme, amoureux de la Grèce, penseur et humaniste. Sa vie amoureuse avec le jeune Antinoüs est devenue une légende car son jeune amant s'est noyé à l'âge de vingt ans. Marguerite Yourcenar admire cet homme si extraordinaire et lui prête cette phrase : "Je me sentais responsable de la beauté du monde". Avant d'entreprendre la lecture de ce roman culte, il vaut mieux se renseigner sur le règne de cet Empereur. Un roman poétique, philosophique, historique, un roman inoubliable et inépuisable...
vendredi 2 mai 2025
Atelier Littérature, les romans dystopiques, 2
Régine et Véronique ont choisi le roman de Sophie Divry, "Trois fois la fin du monde", publié en 2018. Ce livre n'appartient pas à la catégorie des dystopies mais plutôt au genre romanesque post-apocalyptique. Le narrateur, Joseph Kamal, est condamné pour sa complicité dans un braquage au cours duquel son frère a trouvé la mort. Il raconte l'enfer de la prison avec ses humiliations, la violence, la saleté. Puis, intervient un événement impensable : une catastrophe nucléaire détruit la moitié de la France. La prison est évacuée et Joseph en profite pour s'évader. Le roman bascule alors sur la renaissance du narrateur au milieu de la nature dont il a été privé. Il reconstruit sa vie avec un mouton et un chat. Pour ce nouveau Robinson, la vie n'est pas toujours facile pour se nourrir et pour affronter les orages. La première fin du monde se matérialise dans la prison, la seconde dans l'explosion nucléaire et la troisième dans la solitude extrême du narrateur. "Trois fois la fin du monde" raconte une histoire de rédemption à la Giono. Régine et Véronique ont beaucoup apprécié ce roman original. Dans ma liste sur les romans dystopiques, seuls trois romans sur huit ont été lus. Je m'interroge sur mon choix peut-être trop ambitieux sur ces titres délaissés : "2084" de Boualem Sansal, "Le Meilleur des mondes" d'Aldous Huxley, "Le mur invisible" de Marlen Haushofer, "Ravage" de René Barjavel et "Le dernier homme" de Margaret Atwood. Ces romans d'anticipation et de science-fiction explorent les angoisses des humains devant les transformations technologiques et les changements sociétaux. En voulant découvrir ce genre littéraire, je ne pensais pas qu'il était aussi éminement politique. Mais j'ai compris que ces ouvrages évoquant des "catastrophes" pouvaient décourager les lectrices. Je retiens tout de même l'intéret qu'ont soulevé George Orwell et Philip Roth sans oublier le roman de Sophie Divry. Mon dernier atelier de la saison se tiendra le lundi 26 mai à la Base avec un sujet plus intime et plus serein, la nostalgie...
jeudi 1 mai 2025
Atelier Littérature, les romans dystopiques, 1
Le jeudi 24 avril, j'ai retrouvé avec plaisir les amies lectrices à la Base pour commenter les romans dystopiques dans la première heure et les coups de coeur dans la deuxième heure. J'avoue que j'ai choisi un thème assez sombre en ce mois d'avril car le thème des dystopies comporte une vision pessimiste de la condition humaine. Je remercie d'emblée mes amies lectrices pour avoir accepté de lire ces romans "difficiles". Danièle a donc démarré la séance avec le terrible "1984" de George Orwell, publié en 1948. Je ne résumerai pas l'univers orwellien car j'ai consacré deux billets dans ce blog sur cette dystopie effroyable. Même sans avoir lu ce livre, le terme orwellien concerne le totalitarisme politique où le pouvoir écrase la moindre parcelle de liberté : une langue unique abrégée, un contrôle sans fin des individus par des écrans omniprésents, absence de sentiments, robotisation des humains. Un enfer sur terre, une déshumanisation complète et irréversible. Danièle a trouvé ce roman éprouvant, glaçant mais, elle n'a pas regretté cette lecture, considérant "1984" comme un chef d'oeuvre incontournable, un classique contemporain. Ce livre-alerte tient lieu de bible à tous ceux qui aiment la liberté, l'individu, la culture, la beauté, l'amour et tous les sentiments qui nous rendent humains. Un grand livre de réflexion philosophique sur le cancer du totalitarisme, de l'intolérance, du fanatisme. Trois lectrices, les deux Odile et Geneviève, ont choisi "Le complot contre l'Amérique" de Philip Roth. Ce grand roman de l'écrivain américain a conquis les trois lectrices même si les pages finales sont plus difficiles à lire. Odile a résumé l'ouvrage avec une grande précision en insistant sur les actes antisémites que subissent les juifs américains quand le nouveau président, l'aviateur Lindbergh, ami d'Hitler, est élu "démocratiquement". Philip Roth, avec son imagination flamboyante, propose une Amérique en proie à un antisémitisme d'état pour éliminer l'identité juive comme dans l'Allemange nazie. Les trois amies lectrices ont beaucoup apprécié ce roman très singulier dans les oeuvres de Philip Roth. (La suite, demain)